Naomi Kawase ouvre «Deux Fenêtres» avec une très grande âme

Still the Water, ce film magistral mériterait bien une Palme d’or !

— par Siegfried Forster —

still_water«Deux fenêtres» («Still the Water»), de Naomi Kawase.

 Sur une île japonaise remplie d’esprits, Naomi Kawase crée des images d’une beauté sidérante. Sa caméra filme les cœurs des corps, les gestes et philosophies des comédiens s’expriment avec une justesse qui semble suffisante pour remplir une mer entière.

Il cherche soigneusement l’endroit au cou qui se prête pour l’incision. Suspendu à un arbre, la chèvre ligotée est à la merci de l’homme. La peau de la bête est blanche comme la neige et comme la barbe du vieux monsieur. Une couleur innocente et pure, perturbée par le sang incarnadin qui coulera dans la coupelle. Saigner une bête à blanc, à l’écran, cette mort longue et pénible se transforme en leçon de vie et poésie. Le calme et la cruauté du geste tranche avec la beauté environnante. Des routes vallonnées nous transportent sur cette île paradisiaque nommée Amami. Les grandes vagues font penser à la célèbre estampe de Kanagawa, la côte sauvage, les collines et forêts vierges rappellent les royaumes de Miyazaki. Mais attention, on vient de trouver un corps tatoué échoué à la plage et on annonce l’arrivée d’un typhon.

Les Deux fenêtres, ce sont deux manières à regarder le monde : par la nature ou les êtres humains, par les femmes ou les hommes, par Kaito, un jeune garçon qui a peur de la mer ou par Kyoko, une jeune fille préoccupée par la maladie de sa mère. Les états d’âme se retrouvent à l’écran : les lèvres vibrent, les joues se hissent et les yeux brillent, Kawase métamorphose les visages en paysages.

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