Mutilations génitales féminines : tolérance zéro

— Par Viviane Reding —, vice-présidente de la Commission européenne responsable de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté.

Chaque année, des millions de femmes et de filles dans l’Union européenne (UE) et dans le monde sont victimes des violences que sont les mutilations génitales féminines, et beaucoup d’autres en sont menacées, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le 6 février, à l’occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines, la Commission européenne a réaffirmé son engagement ferme en faveur de l’éradication de cette pratique inacceptable. Ma collègue Cecilia Malmström, responsable des affaires intérieures, et moi passons maintenant à l’action.

Nous ferons équipe avec des membres du Parlement européen ainsi que des personnalités de premier plan au niveau mondial, dont l’ex-mannequin d’origine somalienne Waris Dirie, la militante sénégalaise Khady Koita et Chantal Compaoré, première dame du Burkina Faso. Nous tenterons de déterminer comment l’UE peut aider les Etats membres à mettre fin à cette pratique qui ferait environ un demi-million de victimes dans l’UE.

L’Europe doit utiliser tous les instruments disponibles au niveau européen pour soutenir les efforts déployés au niveau national et à l’échelle internationale pour en finir avec cette pratique inacceptable.

Nous lançons donc une consultation publique afin de recueillir les points de vue sur la meilleure manière d’agir au niveau de l’Union pour lutter contre ces mutilations. Il existe déjà dans tous les Etats membres une législation nationale interdisant ces pratiques. Nous devons la compléter par une plus grande sensibilisation aux séquelles psychologiques et physiques des mutilations génitales féminines sur la santé des femmes et des filles, ainsi que par des services de soutien aux victimes.

Notre priorité absolue doit être la prévention – contribuer à faire en sorte que plus aucune fille ne doive encore subir pareille expérience traumatisante.

UN SOUTIEN SPÉCIALISÉ ET DE L’ATTENTION

Nous devons aussi prendre soin des victimes. Des femmes ont besoin de soins particuliers durant leur grossesse, des adolescentes ont besoin d’une protection, et des femmes plus âgées souffrant de complications tardives ont besoin d’un soutien.

La nouvelle directive de l’UE concernant les victimes vise à faire en sorte que les victimes de violences envers les femmes, y compris les victimes de la pratique destructrice des mutilations génitales féminines, bénéficient du soutien spécialisé et de l’attention dont elles ont besoin.

Nous mettons des fonds de l’UE à disposition afin de faire prendre conscience de toutes les formes de violence à l’encontre des femmes dans les Etats membres de l’Union et pour soutenir les ONG et les autres organisations qui travaillent avec les victimes. Vous pouvez participer vous aussi – prenez votre photo « tolérance zéro » et faites passer le message : cette brutalité ne peut avoir cours en Europe !

Les femmes ne peuvent faire l’objet de violences pour le simple fait d’être des femmes. Un rapport récent de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes indique qu’il y a des victimes ou des victimes potentielles dans 13 pays de l’UE au moins.

Mais cela nous concerne tous : une seule victime est une victime de trop. L’avenir de ces filles et de ces femmes est en Europe, et nous devons leur venir en aide, à elles et à toutes les victimes de mutilations génitales féminines, où qu’elles soient. L’UE s’efforcera de mettre fin à ces mutilations, pas seulement à l’occasion de la Journée internationale de la femme, mais 365 jours par an !