Mais qui veut éteindre les Lumières ?

— Par Ariane Chemin et Vincent Martigny —

Les idéaux de progrès, de raison et d’universel sont-ils devenus obsolètes ? La philosophie du XVIIIe siècle, ennemie de toujours des intégristes religieux et de l’extrême droite, est aussi mise en cause par certains groupes militants à gauche.

C’est une petite musique qui enfle. Un refrain fredonné sans tabou, de plus en plus haut, de plus en plus fort, et de toutes parts. Et si les Lumières étaient has been ? Si les idéaux de progrès, de raison et d’universel, qui élèvent la connaissance et le savoir au-delà des croyances, étaient passés de mode, périmés, voire néfastes ?

Livres, discours, manifestes, la remise en cause de cet esprit qui a irrigué le XVIIIe siècle autour des figures totémiques de Voltaire, de Rousseau, de Kant et de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, ce mouvement fondateur de la modernité politique européenne et matrice intellectuelle de la Révolution française, s’affiche aujourd’hui sans fard.

En juin, Marion Maréchal a inauguré l’Issep, sa nouvelle école de formation, à Lyon. L’Institut de sciences sociales, économiques et politiques, véritable « Sciences Po réactionnaire », affiche fièrement ses couleurs. « L’émancipation de l’individu pensée par les Lumières, autrement dit la capacité à transcender sa condition sociale ou familiale, est devenue une sorte d’intégrisme », a exposé la nouvelle pasionaria d’extrême droite dans Le Figaro Magazine.

« Nous voulons réintroduire une école de pensée qui n’avait plus droit de cité, dans la lignée de la tradition contre-révolutionnaire classique : celle de Baudelaire, de Barbey d’Aurevilly et des décadents », nous détaille Jacques de Guillebon, bras droit de l’ancienne députée frontiste et président du conseil scientifique de l’école.

« Les mythes du progrès et de l’égalité portés par les Lumières sont aujourd’hui ruinés », annonçait, en 2016, l’idéologue d’extrême droitePatrick Buisson, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et alors patron de la chaîne Histoire (filiale du groupe TF1), à l’occasion de la publication de son livre La Cause du peuple, aux éditions Perrin.

« La philosophie des Lumières, on peut faire une croix : décès », assurait aussi l’écrivain ­Michel Houellebecq, l’un des auteurs contemporains français les plus lus à l’étranger, au journaliste Sylvain Bourmeau à ­l’occasion de la sortie de son roman Soumission (Flammarion, 2015). « La philosophie issue du siècle des Lumières n’a plus de sens pour personne ou pour très peu de gens. (…) elle ne peut rien ­produire que du néant et du malheur. Donc, oui, je suis hostile à cette philosophie », ­ajoutait l’écrivain de la désillusion.

Les Républicains de Laurent Wauquiez sacrifient eux aussi au débat sur l’obsolescence des Lumières. Le 17 octobre, ils recevaient au siège de leur parti Jean-François Colosimo, le patron des éditions du Cerf, pour présenter son livre Aveuglements. Religions, guerres, civilisations. « Nous sommes aveuglés par la religion des Lumières », déplore ce dernier sous les applaudissements de militants réunis pour ce « Rendez-vous des idées ».

Dans son ouvrage, cet historien passionné par les religions acte l’agonie des idéaux de Newton, de Montesquieu ou de Voltaire. Les Lumières, dont « le feu (…) n’est plus que négatif », auraient laissé les sociétés occidentales désarmées face au retour du religieux, à l’islamisme, au djihadisme. « La rétractation des Lumières sur elles-mêmes, leur effondrement, qui ne laisse subsister que leur face obscure, engloutit dans une nuit dévorante la moindre lueur, le dernier éclat. »

« Anti-Lumières » : le mot a probablement été inventé par Nietzsche dans la seconde moitié du XIXe siècle, mais ne sera exhumé qu’en 1973 par le philosophe et historien britannique Isaiah Berlin. Lorsque le professeur de littérature au Collège de France Antoine Compagnon retrace dans Les Antimodernes. De Joseph de Maistre à Roland Barthes (Gallimard, 2005), l’histoire de cette longue tradition française, cette étiquette ne coiffe alors que quelques contestataires, des « modernes à contrecœur », pessimistes et râleurs.

« Quand j’ai écrit ce livre, raconte-t-il, les valeurs de progrès et d’universalisme restaient dominantes ; les Lumières étaient contestées de manière esthétique par de rares oppositionnels qui jouaient avec l’idée de modernité. Aujourd’hui, être anti-Lumières, ce n’est plus être à contre-courant. Désormais, la critique de cette philosophie est présente partout. »

Espoir d’une émancipation politique

Retour du religieux et des philosophies antirationalistes, repli sur le national et les communautés, avènement des vérités relatives et alternatives – les fameuses « fake news » Jamais contexte n’a semblé plus défavorable à la pensée des Lumières.

Les philosophes du XVIIIe siècle incarnaient l’espoir d’une émancipation politique hors du carcan de la monarchie absolue de droit divin ; les démocraties libérales semblent désormais mortelles. Ils défendaient l’idéal d’une Europe des lettres transcendant les frontières ; à la veille des élections européennes de mai 2019, les populismes gagnent l’Europe entière, de l’Italie à la Hongrie en passant par la Scandinavie.

Ces mouvements anti-élites sont justement « les principaux ennemis des Lumières avec les nationalismes », convient le professeur de psychologie à Harvard Steven Pinker, auteur, en 2018, d’un plaidoyer résolument optimiste, Enlightenment Now, tout juste traduit en français aux éditions des Arènes, sous le titre Le Triomphe des Lumières (528 pages,24,90 euros).

Signe des temps : dès le soir de son élection, Emmanuel Macron a choisi de reprendre à son compte cet héritage philosophique. « L’Europe et le monde attendent que nous défendions partout l’esprit des Lumières menacé dans tant d’endroits », lance le nouveau président de la République le 7 mai 2017 devant la pyramide du Louvre.

Deux mois plus tard, il y revient devant le Congrès : « Je crois à l’esprit des Lumières, qui fait que notre objectif est bien l’autonomie de l’homme libre, conscient et critique. » Pour le président français, qui se définit comme un « progressiste », la défense du projet européen est intrinsèquement liée à celle de ce courant d’idées.

La référence aux Lumières avait presque disparu de la scène politique. Comme d’ailleurs ses mots fétiches : le cosmopolitisme, valeur chère aux Philosophes, et l’humanisme – « un terme qu’on n’emploie plus que chez les francs-maçons », se moque Jacques de Guillebon, également fondateur de l’Incorrect, magazine de la nouvelle extrême droite.

« L’offensive est d’autant plus dangereuse que les humanistes ne se méfient pas, ajoute le philosophe Frédéric Worms, professeur à l’Ecole normale supérieure et directeur adjoint de l’école de la rue d’Ulm. Il y a une convergence redoutable des contestations qui construisent, du coup, un ennemi commun fantasmé. »

L’« illusion du progrès »

L’idée de progrès est la première cible de cette attaque. Une méfiance croissante pèse aujourd’hui sur les sciences et la technique. Prise de conscience de la vulnérabilité de la planète et inquiétudes légitimes d’une apocalypse climatique, craintes de l’avènement d’une « humanité augmentée » à l’heure de l’intelligence artificielle, tout sujet scientifique est désormais interrogé avec inquiétude.

Autant d’angoisses sur lesquelles surfe un nouveau courant écologiste ultraconservateur adepte de la « décroissance », incarné notamment par la jeune revue Limite.

Plus grave, la contestation des Lumières s’adosse à celle des découvertes les plus évidentes de la médecine, comme les vaccins, ou les antibiotiques, largement véhiculée par les réseaux sociaux. Seul l’allongement de la vie semble faire consensus.

Les travaux des agences de santé sont désormais mis en cause. « Tout argument est soupçonné, démonté », résume Frédéric Worms. « Le progressisme est en baisse à la bourse des idées, et un soupçon général pèse sur les sciences », confirme le philosophe Francis Wolff, professeur émérite à l’Ecole normale supérieure.

L’« illusion du progrès » est aussi dénoncée par la critique anticapitaliste. A gauche comme à droite, celle-ci rappelle volontiers que le libéralisme économique, théorisé par Adam Smith, est l’héritier des Lumières. « Une fois qu’on a compris que le libéralisme et le capitalisme sont des produits de la modernité et de la philosophie des Lumières, on comprend alors que la notion de progrès est beaucoup plus ambiguë qu’il n’y paraît », dénonce par exemple l’essayiste antilibéral Jean-Claude Michéa, anciencommuniste et « conservateur » assumé.

« Il faut un peu desserrer l’étau du credo hérité des Lumières : d’un côté la vertu, la science et la liberté, de l’autre les sorciers du bocage et les obscurantistes ! Trop facile ! », s’agaçait déjà, en 2006, l’écrivain Régis Debray à l’occasion de la parution de son ouvrage Aveuglantes Lumières, publié chez Gallimard.

« Les Lumières, en dépit de notre triomphalisme et de notre ethnocentrisme glorieux, ont des zones d’ombre capitales », assure le philosophe, comme « l’imaginaire, le sentiment du collectif, notre rapport à la mort, à l’animalité… » Et d’abord « la religion », qui, depuis la fin du XXe siècle, effectue son grand retour, mais dans un paysage redessiné : l’islam est en plein essor, l’expression « cathos de gauche » a disparu.

Références favorites d’Eric Zemmour

Sous ces coups de boutoir portés à la Raison, les catholiques ultraconservateurs voient l’occasion d’une revanche contre un ennemi ancestral qui semblait les avoir terrassés.

L’antagonisme entre les Lumières et les religions, solidement ancré dans l’histoire française, resurgit. « Tout ce qui est éternel dans la religion, tout ce qui est permanent dans la société y est à la fois détruit et méconnu »,assénait le monarchiste et catholique Louis de Bonald dès le début du XIXe siècle.

L’universalisme des Lumières était déjà accusé de couper l’homme de ses racines pour dessiner un être abstrait et désincarné, détourné de l’ordre naturel divin. « Que j’en veux à ces Français qui ont (…) céd[é] le sceptre de la philosophie rationnelle à ce faux dieu du XVIIIe siècle, qui ne sait rien, qui ne dit rien, qui ne peut rien, et dont ils ont élevé le piédestal devant la face du Seigneur, sur la foi de quelques fanatiques encore plus mauvais citoyens que mauvais philosophes », écrivait le chef de file des contre-révolutionnaires, Joseph de Maistre, dans ses Considérations sur la France (1796).

Auteur de chevet du royaliste Charles Maurras, fondateur de l’Action française, de Maistre est désormais celui des néomaurrassiens qui voient dans la religion un bras armé politique. L’illustre penseur réactionnaire est l’une des références favorites d’Eric Zemmour : comme le contre-révolutionnaire, l’éditorialiste du Figaro répète qu’il n’a « jamais rencontré d’hommes, mais des Italiens, des Russes et même, grâce à Montesquieu, des Persans ».

Il cite aussi volontiers le Britannique Edmund Burke, autre héraut des anti-Lumières pour qui les droits de « l’homme », au singulier, sont une chimère. Pas de commune humanité, mais des identités culturelles séparées, essentialisées. « L’universalisme totalitaire sacrifie les peuples européens sur l’autel du métissage généralisé », s’emporte le polémiste.

Adversaires militants des Lumières, ces nouveaux « identitaires » rejoignent tous ceux qui dans l’Eglise catholique défendent les fameuses « racines chrétiennes » de la France.

Inquiets des perspectives offertes par les nouvelles techniques de conception, ils bataillent aussi contre la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA). Les catholiques rallient dans ce combat les évangéliques, en plein essor dans les banlieues françaises. « Ce qui explique ce vaste revival, analyse Lucien Jaume, historien des idées politiques à Sciences Po, ce sont tous les problèmes de bioéthique et le mariage homosexuel. » Pour ces chrétiens, « la famille est une cellule naturelle non transformable », la bioéthique un anti-humanisme.

Regrets du pape François

Dans cette bagarre, comme face à la théorie du genre, accusée de détruire l’ordre naturel des sexes voulu par Dieu, chrétiens et musulmans font front commun. Ils combattent ensemble un autre adversaire, la loi de séparation des Eglises et de l’Etat, votée en 1905, trop contraignante à leurs yeux. « La laïcité française est trop dépendante des Lumières », regrette régulièrement le pape François. Beaucoup de musulmans partagent son avis.

Cette défiance se transforme en rejet radical dans les franges intégristes de l’islam. La progression de l’islamisme politique, depuis la révolution iranienne de 1979, du salafisme et du wahhabisme, terreaux du djihadisme contemporain encouragés par l’Arabie saoudite, réactive le vieux combat engagé à la fin du XVIIe siècle.

Dans leur interprétation littéraliste du Coran, ces minorités obscurantistes, hostiles à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, placent la loi divine au-dessus de celles votées par les hommes : il n’y a pas d’égalité entre les sexes, les élections républicaines n’ont aucune valeur… « Le radicalisme religieux reste le plus fondamental des mouvements anti-Lumières », juge Francis Wolff.

« Au fond, il y a une certaine continuité dans la critique classique des Lumières, estime l’historien britannique spécialiste de la France Sudhir Hazareesingh, auteur de Ce pays qui aime les idées (Flammarion, 2015) : aux XVIIIe et XIXe siècles, les contempteurs de la Révolution, Burke, Bonald et Maistre, avaient déjà dégainé tout l’éventail des arguments pour discréditer les idées des Philosophes.

Germe des totalitarismes contemporains

« A gauche, poursuit le professeur à l’université d’Oxford, c’est différent. » A partir des années 1920, une première critique, autour de l’école de Francfort, avait commencé à dénoncer les dangers de la rationalité technique et détricoté le lien entre gauche et progrès.

Puis, sous l’influence du penseur Michel Foucault, un courant entreprend, à partir des années 1970, de déconstruire les principes hérités des Philosophes, accusés de porter en germe les totalitarismes contemporains. « Dans Surveiller et punir, en 1975, Foucault montre que l’ambition de contrôler l’être humain est un héritage indirect de la tradition des Lumières », assure Sudhir Hazareesingh.

Les intellectuels de gauche se divisent. Certains opèrent un retour aux Lumières par le biais d’ un courant « néorépublicain » qui renaît dans les années 1990 sur les décombres du marxisme. Dans ce sillage, des figures de proue du monde intellectuel font de la défense pure et dure de la laïcité leur nouveau combat.

Pour Sudhir Hazareesingh, « l’héritage des Lumières a fourni à la fois une justification historique et philosophique et une manière de penser la singularité française à ceux qui estiment que l’identité nationale se trouve menacée ». C’est le cas d’Elisabeth Badinter qui retrouve dans le XVIIIe siècle « cette belle exigence de l’universel », qu’elle juge « en péril ». Reviens, Voltaire, ils sont devenus fous, implore de son côté l’ancien rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Philippe Val, dans un livre paru en 2008 chez Grasset.

Une autre partie de la gauche intellectuelle investit, elle, les études postcoloniales. Une nouvelle critique se fait jour en lien avec les cultural studies nées aux Etats-Unis. L’Orientalisme, d’Edward Said, publié en France en 1980 (Seuil), en constitue l’une des œuvres fondatrices. Les Lumières sont accusées par les intellectuels postcoloniaux d’avoir légitimé une « domination occidentale » sur le monde. « Pour eux, les principes abstraits issus de la Révolution française se sont fracassés sur la réalité du XIXe siècle, où l’esclavage et la colonisation ont pu se trouver justifiés par le rationalisme », résume Sudhir Hazareesingh.

« Universalisme républicain ethnocentriste »

Cette école critique ne veut pas faire table rase de la pensée des Philosophes, mais approfondir la voie de l’émancipation. Longtemps restreinte aux cercles universitaires, elle est récupérée dans les années 2010 par les mouvements antiracistes « décoloniaux », des Indigènes de la République à Black Lives Matter France en passant par les afro-féministes. Au cœur de leur discours, les notions de « racisé.e.s » ou d’« appropriation culturelle », difficilement conciliables avec la construction d’un espace politique commun cher aux Lumières.

« Aujourd’hui, une jeune génération se revendiquant de l’antiracisme conteste ce qu’elle appelle l’universalisme républicain ethnocentriste, qui ferait de l’universel la propriété exclusive de l’Europe, explique la philosophe et historienne des idées Silyane Larcher. Attention ! L’idée que l’universalisme serait une affaire blanche, c’est confortable, mais c’est faux et dangereux. »

C’est oublier notamment les luttes révolutionnaires menées par des esclaves au XVIIIe siècle ou le combat abolitionniste de Toussaint Louverture à Saint-Domingue, venus « rappeler à l’Europe qu’elle a oubliéune partie de l’humanité dans sa définition de l’universalisme ».

Les mobilisations féministes, elles aussi, s’interrogent sur la valeur des Lumières dans le combat pour l’émancipation. Comment brandir l’étendard de l’universel et exclure les femmes de la citoyenneté, dénoncent une partie d’entre elles ? Elles s’inspirent d’Olympe de Gouges et sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, rédigée en 1791, mais aussi de Nicolas de Condorcet. Dans Sur l’admission des femmes au droit de cité (1790), le penseur et député girondin pointait la contradiction théorique et politique de l’exclusion des femmes du droit de vote. « La première mise en cause de l’universalisme est féminine, soutient la philosophe Silyane Larcher, dès le XVIIIe siècle. »

« Incohérence des Philosophes »

Sur les bancs de l’université, les Lumières sont désormais passées au crible de l’égalité des sexes par les études de genre, qui attirent de plus en plus d’étudiants. « Si elles sont mises en procès, explique ainsi Réjane Sénac, directrice de recherches au Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po, c’est pour avoir contribué à laisser les femmes dans l’ombre des droits de l’homme, théorisant leur incapacité à être du côté de la raison. »

Cette spécialiste du féminisme contemporain dénonce « l’incohérence des Philosophes qui affichaient leur lutte contre l’obscurantisme mais déniaient aux femmes la capacité de devenir des êtres autonomes ».

Trois siècles après sa naissance, la pensée des Lumières reste disséquée dans ses moindres replis. « La mode est à la philosophie du soupçon, à la déconstruction, déplore Francis Wolff : chercher derrière tout ce qui se présente comme universel l’intérêt particulier, le “d’où parlez-vous”. Certes, on peut déconstruire les Lumières et dénoncer ses errements. Mais au nom de quoi mener la lutte pour la libération des femmes ou des minorités, sinon au nom de l’universel ? », interroge l’universitaire.

« Dès que les Lumières sont apparues, elles ont été critiquées de l’intérieur. Mais c’était pour les faire progresser, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui », s’inquiète aussi le philosophe Frédéric Worms. Les Lumières seraient-elles devenues solubles dans la (post)modernité ?« Des gens comme moi pensent encore qu’on n’a pas besoin de les défendre, réfléchit à voix haute l’historien de Sciences Po Lucien Jaume. Peut-être sommes-nous trop optimistes… »

Ariane Chemin

Vincent Martigny, Maître de conférences en science politique à l’Ecole polytechnique

Source : LEMonde.fr [abonnés] Mais qui veut éteindre les Lumières ? : par Ariane Chemin et Vincent Martigny pour Le Monde, le 15/11/2018.

Publié le 15 novembre 2018 à 18h00 – Mis à jour le 28 novembre 2018 à 16h48