« Madiafilms » 2

–Le coup d’oeil de Guy Gabriel–

SULLY de Clint Eastwood

sully-affichavec Tom Hank, Aaron Eckhard, Laura Linney

Chesley « Sully » Sullenberger a des milliers d’heures de vol à son actif, lorsqu’il prend les commades de l’Airbus A320 du vol 1549 d’US Airwaiys, avec personnes à bord. Tout se déroule bien jusqu’au moment où des oiseaux font exploser les deux réacteurs. Sully avertit la tour de contrôle afin de trouver un aéroport où atterrir ; il se rend vite compte qu’il lui faudra envisager une autre solution et décide de se poser sur l’Hudson.Grâce à son talent et son sang-froid tout se passe pour le mieux et on ne déplore aucune victime.

Cependant, une commission d’enquête va tenter de mettre à mal son statut en se demandant si le pilote a pris la bonne décision.

Evidemment on pense au film Flight de Zemeckis (avec Denzel Washington) ; mais passé le côté spectaculaire du propos, Clint Eastwood nous met en scène, brillamment, la manière dont les institutions des Etats-Unis peuvent, en un clin d’œil, transformer l’héroïsme en doute déstabilisateur et mettre en conflit l’individu et le collectif.

Conflit idéologique qui ne s’embarrasse pas pour mettre en balance la vie humaine et la loi ; on comprend alors que Eastwood ait pu trouver là matière à une dramaturgie efficace, dramaturgie qu’il maîtrise parfaitement en passant du portrait d’un homme intègre et compétent à celui d’une société qui n’a que faire de l’héroïsme et ne pense qu’à rentrer dans ses fonds, car on peut imaginer qu’il y avait d’autres solutions que d’amerrir l’avion. Ce qui donne un film humain qui se confronte, intelligemment, avec le film de prétoire le plus cohérent, ce qui lui permet de dénoncer la vénalité de la compagnie aérienne tout en célébrant le professionnalisme d’un homme.

Sully pourrait être considéré comme un film patriote qui célèbre le génie individuel au détriment de la loi écrite, qui célèbre aussi les contradictions (ou la lucidité) de Clint Eastwood, républicain virulent qui supporte Trump.

C’est aussi un film qui confirme le talent du réalisateur, mais aussi celui de Tom Hanks qui se bonifie avec l’âge, en incarnant ce personnage sobre simple qui, face à l’enthousiasme ambiant pense qu’il n’a fait que son travail ; un film qui semble permettre à Eastwood de ne pas désespérer du rêve américain.

G.Gabriel

 

IRIS, de Jalil Lespert

Thriller

aff-iris  Avec Romain Duris Charlotte Le Bon, Jalil Lespert.

Antoine Doriot, un riche banquier règle la note du déjeuner qu’il vient de faire avec son épouse, Iris pendant que celle-ci l’attend à l’extérieur. Quand il sort, elle n’est plus là. Quelques heures après cette curieuse disparition, il reçoit un coup de fil d’un certain Marc Lopez, lui disant que sa femme a été enlevée et qui lui demande une rançon de 500.000 euros. Les enquêteurs le capitaine Nathalie Vasseur et le capitaine Malek Ziani chargés de l’affaire sont loin d’imaginer la vérité

La subite disparition d’une femme comme point de départ de ce film, fait forcément penser à Hitchcock et son film Une femme disparaît ; il y a plus qu’un clin d’œil, car l’héroïne du film d’Hitchcock s’appelle également Iris.

Respectant les codes du genre Lespert nous entraîne dans une enquête tortueuse, faite de chausse-trappes qui font la vérité se dérober à tous les tournants du film, d’autant que les personnages sont, on ne peut plus troubles ; en effet, entre une femme fatale digne des grands films noirs, un homme d’affaires riches et un rien manipulateur, un duo de flics déterminé, retors, sans oublier un bonhomme qui rame dans la vie, on a affaire à de drôles de zouaves qui se croisent dans une histoire labyrinthique, qui, elle, navigue entre luxe et luxure, désir et trahison sur fond de perversion, ce dernier aspect débouchant sur quelques scènes plus racoleuses que signifiantes, car l’essentiel avait déjà été dit pour nous éclairer sur les motivations des protagonistes ; on sombre dans une artificialité plus dommageable que positive pour l’ensemble. A trop vouloir ménager le suspense , en multipliant les coups de théâtre, le film n’évite pas une certaine balourdise. Il est vrai que n’est pas Hitch qui veut ; en effet, là où le maître instillerait une dose de légèreté et un brin de jubilation dans le traitement, ici, point de distance, ni d’humour. Pourtant on se prend à vouloir jouer le jeu du thriller, car on y trouve l’atmosphère fantasmatique du genre, probablement grâce au trio d’acteurs, Jalil Lespert, Romain Duris et Charlotte Le Bon, parfaite en femme fatale, mais terriblement ambigüe.