“Lincoln”, de Steven Spielberg, chef-d’œuvre ou pensum ?

–A Madiana–

Critiques | La critique américaine l’a encensé, la rédaction de “Télérama” est partagée. L’interprétation de Daniel Day-Lewis et Tommy Lee Jones en réchappe

Pour : Avec ses douze nominations aux Oscars, le profil de ce Lincoln semble bien peu mystérieux : un grand film prestigieux sur le prestige d’un grand président des Etats-Unis. Heureusement, c’est beaucoup plus intéressant que ça. Plus original aussi.
Le Lincoln que nous montre Spielberg est celui des quelques mois qui précèdent son assassinat, le 15 avril 1865.

La guerre de Sécession fait encore rage, opposant les Etats esclavagistes du Sud aux Nordistes abolitionnistes. L’Amérique est déchirée, mais elle a foi en son Président, aimé, réélu en novembre 1864. Si proche de son peuple qu’il semble presque partager avec lui la même vie, dans la Maison-Blanche, où l’on entre et sort alors librement pour le rencontrer.

Lincoln est pourtant un homme seul, conscient de devoir assumer des responsabilités qui ne pèsent que sur lui – l’interprétation de Daniel Day-Lewis le montre avec finesse. Contre l’avis de tous ceux qui lui conseillent d’entretenir tranquillement sa popularité, il décide de lancer le combat pour l’adoption, par la chambre des représentants, du treizième amendement, qui abolira l’esclavage.

Lincoln est un film sur le courage politique. Et pour donner sa mesure à ce beau sujet, Spielberg n’utilise pas seulement son savoir-faire : il mise, lui aussi, sur l’audace et le courage. Au lieu de nous promener dans une reconstitution historique bien huilée, il nous met au travail, nous plonge tout de suite dans les réunions, les débats, les négociations entre clans opposés. C’est sérieux, assez technique même et pas forcément facile à suivre.

On sent là une passion évidemment plus américaine qu’européenne pour cette page d’histoire. Mais en montrant Lincoln à l’œuvre, de la manière la plus concrète qui soit, Spielberg éclaire son fameux génie politique à travers une leçon de gouvernance qui peut trouver toutes sortes de résonances aujourd’hui. L’ouvrage historique qu’adapte le cinéaste ici est, d’ailleurs, le livre de chevet de son ami Barack Obama à la Maison-Blanche. Lire la suite de la critique…

Contre : Dans le Hollywood des années 30, William Dieterle était le spécialiste des biographies de figures historiques (La Vie d’Emile Zola, La Vie de Pasteur…). Des biopics conçus autant pour édifier les foules que pour rafler les oscars… et impossibles à regarder aujourd’hui ! Le Lincoln de Spielberg est l’héritier direct de ces monuments d’ennui académiques qui ne valent guère que pour leurs numéros d’acteurs …

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