« L’impunité, c’est fini ››

sexisme_politiqueTribune contre le sexisme  – « Nous ne nous tairons plus. » Alors que l’affaire Baupin secoue la classe politique, 17 anciennes ministres* lancent dans le JDD ce dimanche un appel pour dénoncer les remarques et comportements sexistes.

Nous nous sommes engagées en politique pour des raisons diverses, nous défendons des idées différentes, mais nous partageons la volonté que le sexisme n’ait pas sa place dans notre société. Ce fléau n’est pas propre à notre univers, loin de là, mais le monde politique a un devoir d’exemplarité. Ceux qui écrivent les lois, les votent, sont chargés de les faire appliquer, se doivent de les respecter et donc d’être irréprochables.

Il y a eu l’affaire DSK, la tribune des journalistes politiques << Bas les pattes ! ›› et, cette semaine, les témoignages sidérants de quatre femmes politiques accusant Denis Baupin de faits présumés relevant de harcèlement et d’agression sexuelle. Cela concerne tous les partis, tous les niveaux de pouvoir. Nous prenons donc la plume pour dire que, cette fois, c’est trop, l’omerta et la loi du silence ne sont plus possibles.

Nous avons été ministres, nous sommes ou avons été élues. Et comme toutes les femmes qui ont accédé à des milieux auparavant exclusivement masculins, nous avons eu à subir et à lutter contre le sexisme. Ce n’est pas aux femmes à s’adapter à ces milieux, ce sont les comportements de certains hommes qui doivent changer.

On ne peut pas dire à une femme, quel que soit son statut, qu’elle soit salariée, étudiante, chômeuse, mère au foyer ou élue, à propos d’une collègue : « À part ses seins magnifiques, elle est comment ? ›› On ne peut lui dire d”un air graveleux : « Ta jupe est trop longue, il faut la raccourcir ›› ou « Est- ce que tu portes un string ? ›› _

On ne peut pas dire à celle qui raconte publiquement une affaire de viol dans le métro : << Ce n’est pas à toi que ça arriverait. ››

On ne peut pas mettre sa main sur la cuisse d’une femme ou serrer ses deux mains autour de sa taille sans qu’elle y ait consenti. Et quand une femme dit non, c’est non. Pas la peine d’insister ou d’exercer des représailles.

Ce que nous racontons est arrivé à certaines d’entre nous ou certaines de nos paires, mais là n’est pas la question. Cela arrive tous les jours à des femmes dans les transports, dans les rues, dans les entreprises, dans les facultés. Cela suffit. L’impunité, c’est fini. Nous ne nous tairons plus. Nous dénoncerons systématiquement toutes les remarques sexistes, les gestes déplacés, les comportements inappropriés. Nous encourageons toutes les victimes de harcèlement sexuel et d’agressions sexuelles à parler et à porter plainte. Nous demandons à nos partis et à nos groupes politiques de vérifier si de tels actes ont été commis et, si tel a été le cas, d’aider les victimes à faire éclater la vérité.

Selon une enquête du défenseur des droits rendue publique en 2014, au cours de sa vie professionnelle, une femme sur cinq est confrontée à une situation de harcèlement sexuel….

 

Roselyne Bachelot (ex-ministre de la Santé UMP), Michelle Demessine (ex-secrétaire d’état au Tourisme, PCF), Cécile Duflot (ex-ministre du Logement, EELV), Aurélie Filippetti (ex-ministre de la Culture, PS), Élisabeth Guigou (ex-garde des Sceaux, PS), Chantal Jouanno (ex-ministre des Sports, UDI), Nathalie Kosciusko-Morizet (ex-ministre de l’écologie, LR), Christine Lagarde (ex-ministre de l’économie, UMP), Marylise Lebranchu (ex-garde des Sceaux, PS), Corinne Lepage (ex-ministre de l’Environnement, Cap21), Valérie Pécresse (ex-ministre du Budget, LR), Fleur Pellerin (ex-ministre de la Culture, PS), Monique Pelletier (ex-ministre déléguée à la Condition féminine UDF), Yvette Roudy (ex-ministre des Droits de la femme, PS), Catherine Trautmann (ex-ministre de la Culture, PS), Dominique Voynet (ex-ministre de l’Environnement, EELV), Rama Yade (ex-secrétaire d’état aux Droits de l’homme, La France qui ose)

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Le Journal du Dimanche – 15 Mai 2016 – –