L’histoire de l’Histoire

— Par Juan Nicolás Padrón —

histoireTout récemment j’ai écouté, rien que des lèvres d’une enseignante de la matière, que l’histoire n’a besoin que de la mémoire ». Une affirmation pareille m’a rappelé que pour Hérodote, reconnu comme le « père de l’historiographie », tout au moins dans le monde occidental, les dites Histoires –dont le titre signifie en grec « recherche ou quête- avaient pour but de faire connaître les mœurs et les traditions du « monde antique » objet de ses études, et d’abonder sur les conflits armés entre ces peuples, leurs causes et les arguments des parties. Il ne s’agissait pas de recueillir des événements pour leur ultérieur apprentissage par cœur, mais il faisait appel à une morale ou à un enseignement pour comprendre le présent et tenir en considération sa signification fondamentale pour une projection vers le futur. Si l’on passe revu des cultures anciennes, telles celles de la Chine ou de l’Inde, ni Confucius ni Bouda, associés à l’histoire de ces civilisations, n’insistent sur les données et les chiffres, les noms et les relations de faits, parce que ce n’est pas la mémorisation ce qu’a prévalu dans leurs discours mais l’analyse et le raisonnement dérivés de leurs légendes et une sorte de réalité mythique liée à la pensée et à la sensibilité des ancêtres.

Les peuples américains originaires abordaient l’Histoire comme une mission servant à transmettre la sagesse de leurs ancêtres, à compléter les connaissances du système dual partagé partant des explications nécessaires de leur actualité afin de deviner leur destinée en tant que peuples. Donc quand est-ce que l’Histoire a commencé à avoir la mémoire comme protagoniste.

Il faudrait se remettre au Moyen Age européen, lorsque l’Histoire est devenue une discipline doctrinaire et de propagande et l’Église l’a remplie des dogmes qui devaient être appris par cœur, selon le chemin de la scholastique ; l’Age Moderne n’a jamais lâché le lest des noms et des dates en tant qu’essence au lieu de les envisager comme un élément auxiliaire pour cibler dans un processus humain qui devait appeler au raisonnement, son don le plus précieux. Encore une bonne partie de notre école utilise la répétition de données et de chiffres qui se marient et se mettent ensemble à force des répétitions de la mémoire, tout en créant presque un reflet inconditionné chez les élèves qui s’achève par un rejet quoique ces informations soient nécessaires pour la construction d’un raisonnement plus complexe.

En abordant l’étude de l’Histoire il est évident la présence de bifurcations des lectures et de ramifications des possibilités d’interprétation, qu’en étant omises ou sans se développer, restent tronchées ou incomplètes ; peut être ce qu’il faut pour éliminer définitivement la scholastique dans l’enseignement contemporaine de l’Histoire, est la maîtrise pédagogique pour orienter de manière attirante vers certains chemins ou vers de différentes visions, et montrer d’autres versions des événements, ainsi que leur projection et leur importance dans l’évaluation du présent ; cela en plus des livres de texte amusants offrant des choix différents à un lecteur qui débute dans ce complexe processus et qui est intéressé pour aller au-delà des simples répétitions dirigées. Ce dilemme n’est pas seulement Cubain, car il devient difficile d’éliminer la tradition séculaire de l’étude fragmentée de phénomènes qui apparaissent isolés les uns des autres avec ceux qui, dans la pratique, puissent interagir et se conditionner mutuellement, ces méthodes antidialectiques nuisent les procédures des professeurs et les enseignements de leurs livres, comme si l’on refusait le caractère concret de la réalité ou comme si l’on oubliait que la méthode d’analyse pour toute étude n’est que la première partie d’un processus plus divers et délicat qui doit être complété avec la synthétisation, car la synthèse de ce qu’a été fragmenté et sa relation avec d’autres segments apporte des valeurs essentielles aux thèses ou aux traités.

Cuba entre tres imperios: perla, llave y antemural, d’Ernesto Limia Díaz, est une tentative sérieuse d’éliminer les barrières opposées à une méthode analytique synthétique dialectique qu’ ouvre des possibilités de raisonnement, non pas seulement pour comprendre les processus historiques, mais aussi pour comprendre les causes qui les génèrent dans une dynamique d’interrelation avec la société et la dite polis ; la culture dans son sens le plus ample et non pas seulement en tant que manifestation artistique et littéraire ; la politique et ses tensions avec l’éthique ; la religion et les religiosités ; la conscience juridique légitimée et ce qui est juste accepté par le peuple bien qu’il n’apparaît pas dans aucun document officiel ou non officiel… et autres relations multidisciplinaires et des savoirs qui se multiplient ou les causes qui génèrent les faits analysés dans de différents endroits de la planète, où ils ont eu lieu ou puisent avoir une conséquence sur le sujet abordé.

Nous sommes en train de parler sur une histoire différente de la convoitée Cuba qui se débattait entre le moyenâgeux empire espagnol, l’élan et l’appétit de pouvoir de la métropole française et les ambitions rationnelles et capitalistes de la puissance britannique ; une histoire sociale de l’île depuis l’arrivée de Colomb puis lors les 16ème , 17ème et 18ème siècles, depuis le début de la rapine européenne dans les Amériques jusqu`à ce que la « Perfide Albion », rende La Havane à la décadente Espagne : cinq chapitres avec trente et trois sujets en guise de sous-chapitres , les uns suivis des autres sans ruptures ni chutes, avec une suite dans le récit et certaines références concernant des sujets peu connus basés sur des multiples sources et points de vues diverses, afin de construire une histoire qui reste dans la mémoire parce que l’on peut la lire comme un roman d’aventures. L’auteur approfondi dans la relation des préjugés antisémites dans l’Espagne de Colomb, les causes de la prolifération des faux convertis ce qu’explique en partie l’origine de l’hypocrisie sociale espagnole et le transfert en Amérique de ces déformations, ainsi comme les facteurs médiévaux qu’ont donné lieu à l’impossibilité de cette métropole pour rendre durable le développement capitaliste, même pas dans les bornes de ses frontières.

Éloigné de l’enthousiasme Colombophile du « cinquième centenaire », Limia restitue la figure de l’Amiral dans sa véritable dimension, ses connaissances, son expertise, son dévouement pour obtenir le financement afin de créer la société commerciale de la « découverte », c’est à dire, de la préparation de la dépouille en faveur de la Couronne espagnole, avec son correspondant profit personnel, d’abord promis, puis volé. Comme il était logique car Colomb n’était pas noble, il était un chevalier sans fortune, et en fin de comptes, pour la noblesse espagnole, un navigant aventurier et un « pauvre diable », raison pour laquelle il devait être surveillé par Rodriguez de Fonseca.

Certaines évidences, telles l’accueil « non grato » réservé de la part des indigènes au « découvreur » à Baracoa, révèlent que possiblement la première résistance américaine contre l’Europe avait été Cubaine. Pour les ambitions de Colomb et afin de ne pas perdre des titres ou des privilèges devant la Cour, il était plus convenable de faire croire que Cuba était la terre ferme et il s’est auto convaincu de cette hypothèse, et il est décédé sans savoir, ou sans vouloir savoir, qu’il s’agissait d’une île longue et étroite qu’il n’avait pas fini d’explorer à travers la côte sud lors de son deuxième voyage. Celle-ci et d’autres affirmations exprimées crûment et avec l’utilisation des données indispensables concernant l’économie et le commerce, la démographie et la société où il s’immisce, les intrigues politiques et les machinations du palais, présentent une analyse intégrale et mûre, contemporaine et profonde, d’où l’on tire des conclusions correctes, sans les rôles victimes ou de bénéficiés, sans répéter les sources concernées ou les décors de la pensée d’une bourgeoise montante.

Au bout de ces récits racontés sans arrogance, plutôt avec modestie mais avec assez d’arguments et des données choisies pour éclairer des zones sombres, il apporte des lumières à la une fois de plus répétée obscurité du 16ème siècle cubain. Quelques détails sur la formation des premières villas, la nature économique de leur création, l’atmosphère sociale conditionnée par les plus variés intérêts, dont ceux de l’Église et des fonctionnaires de la Couronne espagnole enrichissent le discours historique. Limia nous renvoi vers une succession des événements des nos ancêtres, des dominateurs et des dominés ; la réalité sociale qui se construit sur la compulsion multidisciplinaire par des documents et des statistiques de l’époque, et l’on bâti ainsi un scénario davantage probable que ceux meublés par la collaboration entre les clases ou les groupes sociaux qui ont accompagné les études sur l’Histoire de Cuba de nous qui dépassons le demi siècle d’âge, quoique sur les études actuelles encore se glisse un peu de sucre.

Dans une discussion échauffée que j’ai eu à Valence, un colonialiste- sans le néo- prétendait me convaincre sur les intentions des rois d’Espagne de remmener Cuba des premiers siècles dans un « jardin du paradis » -vision que sans avoir connu le personnage pourrait paraître un peu naïve- . Je me suis aperçu que l’on doit publier davantage nos points de vue sur le caractère prédateur et génocide de l’intervention européenne en Amérique en insister sur l’essence d’une histoire que certains ont encore intérêt à maquiller, quoique elle ne supporte plus le blush. Lorsque il y a encore une prévalence des critères et des approches typiquement colonialistes, il est indispensable un texte tel que Cuba entre tres imperios…, capable de soutenir, fermement et nettement ainsi que largement la nature véritable de la conquête et de la colonisation, l’ abandon momentané dans le cas de l’île de Cuba lorsque il n’était pas utile aux fins et l’attention dispensée ultérieurement lorsque la monarchie s’est aperçue de la position géographique stratégique du territoire comme point de rencontre des flottes et d’arrière-garde sûre et productive pour les ravitaillements.

Pour l’Espagne ou pour toute métropole, aussi bien Cuba que les autres colonies ne pouvaient pas servir que pour être pillées et dépouillées systématiquement de leurs ressources, même s`il fallait l’annihilation de populations toute entières pour y parvenir ; en réalité les colonialistes et leur longue descendance des « néos » ne pensaient même pas que ces sombres endroits possédaient une culture, et quoiqu´il puisse sembler exagéré, pour certains péninsulaires de nos jours la culture cubaine continue à être Espagnole. C’est pourquoi il n’y a eu aucun intérêt à encourager, même pas à montrer, des traits de différence par rapport à la métropole qui s’ébauchaient dans une création que plus tard a eu le privilège d’être colonie, soit dans la culture artistique et littéraire ou dans toute autre pratique, de la religieuse ou juridique jusqu`à la plus simple démonstration entre voisins. Cette intolérance des esprits colonialistes a été constatée chez la Couronne espagnole envers la raffinée et très riche culture arabe, un héritage qui peine à se légitimer et qui peut paraître dans nos jours comme un ridicule fard médiéval.

La croissance de la culture cubaine, qu’a fait possible la formation d’un peuple qui a forgé sa propre identité nationale, a eu lieu en dépit de l’Espagne et profitant de ses actes ratés ; l’assimilation systématique de la transculturation successive de cette période a été détaillée dans le texte de Limia avec des informations qui donnent foi des affaires telles le trafique illicite pratiqué par d’évêques et de gouverneurs. Ceux qui devaient représenter la « loi » agissaient au contraire pour l’enrichissement illicite, et cet exercice, qu’a contribué à la fausseté sociale et au perfectionnement de la simulation personnelle comme norme structurée depuis des déterminées zones de pouvoir, a constitué l’un des plus graves fléaux cubains et latino-américains jusqu’à nos jours.

Pour connaître en détail la genèse des fléaux avec lesquels nous cohabitons encore et pour commencer à les extirper dès la racine, ce texte devient nécessaire. Chaque incident important de Cuba sous le pouvoir espagnol, le regard Français et le sarcasme Britannique placés « sur le chemin de la soie » américain vers l’Espagne ainsi que des histoires fascinantes des corsaires et des pirates, des boucaniers et des flibustiers- dans son mélange de commerce, d’illégalité, de progrès et de dépouille : «San Berenito, todo mezclado, / todo mezclado, San Berenito»― ont été étudiés avec la rigueur apportée par le témoignage des documents et des actes capitulaires, des données et des statistiques convaincantes par leur fondement légal, mais également sous l’analyse critique de l’atmosphère sociale recueillie dans plusieurs textes, la vie quotidienne, les intérêts de famille et les actions personnelles qui très souvent déterminent le cours des événements.

Le regard de visiteurs qu’arrivent à La Havane et l’utilisation sélective et adéquate d’informations à différent caractère, contribuent à approcher une réalité sociale assombrie expressément pour masquer d’ intérêts égoïstes au nom des excuses les plus dissimiles ; le relevé d’intrigues des gouverneurs qui font augmenter leurs fortunes de manière insolite et des commerçants qui s’enrichissent du jour au lendemain, de fermiers, et d’éleveurs qui défendent des positions en correspondance avec leurs intérêts mais dissimulés sous la fausse loyauté auprès du gouverneur ou du roi. Et l’on se souvient des distances entre l’environnement historique et la substance culturelle reflétée dans certains livres canoniques tel le poème épique Espejo de Paciencia, l’un des premiers textes littéraires connus de Cuba, écrit par l’un de contrebandiers des plus célèbres de l’époque et qui tentait de défendre le bon nom de l’un des évêques qu’avec plus d’enthousiasme pratiquait le soi disant « commerce de rachat ».

Parmi les péripéties romanesques et les aventures de passages historiques très semblables aux épisodes des récits de fiction, avec des personnages extraordinaires tels les Anglais Sir Walter Raleigh, Sir Francis Drake ou William Penn, le livre de Limia s’écoule sans que pour autant la capacité de mémoriser soit le plus important mais la logique historique et l’addition des données et d’éléments que dans d’autres bibliographies n’apparaissent pas ou sont écartées soit par perversion et manipulation soit par naïveté ou ignorance. Des profils et des nouvelles qui semblaient mineurs et qu’ici sont explorés et expliqués, voire mis en relief, pour savoir d’où sortaient les deniers des entreprises qu’organisent les invasions et connaître davantage sur les investissements réalisés dans l’affaire haïssable de la « grande peine du monde » ; la vente des êtres humains pour l’esclavage sur laquelle se base la société cubaine ainsi que les compagnies créées par les puissances que d’une part offraient une image de progrès et d’humanisme avec la vente des machines et d’autre part participaient dans le macabre commerce triangulaire entre l’Amérique du Nord, l’Afrique et l’Ile, un commerce qui a nourrit l’accumulation originaire du grand capital du premier monde. Le choix de certaines données et l’expertise pour les intégrer à une lecture amusante au sein d’une narration fluide, créent les conditions pour continuer à lire en pleine complicité et à accepter l’invitation à réfléchir plus qu’à mémoriser.

Un autre apport fondamental du livre se trouve dans la révélation, et mise en relief de certains personnages et petites personnages qui sont restés dans la confusion de l’ombre, avec des informations qu’ont mené et porté des gouverneurs et des rois à travers la voie du sombre et nécessaire espionnage, parfois dans les deux sens, parfois heureux et d’autres frustrés et que d’une certaine manière ont favorisé un nombre important des décisions dans l’histoire du monde.

Il y a en plus des explications déterminantes pour comprendre la décadence péninsulaire et les vices acquis par les américains qui parlent Espagnol comme nous, des mensonges et des petites histoires qu’acquièrent une valeur dans le tissu social et se dessinent pour amoindrir les apologies et les éloges de certains personnages ainsi que pour démasquer des injures de la propagande ou nuancer les affirmations trop exagérées que malheureusement parfois sont fréquentes à l’heure d’ébaucher les personnalités : en même temps il est souhaitable la revalorisation des faits étudiés de nos jours sous des approches périmés dans l’enseignement et les médias, surtout parce que les nouveaux apports que viennent à enrichir de nombreuses conclusions non pas été apportés avec le poids requis par l’enseignement et la diffusion. Le texte met de la lumière sur quelques événements et des précisions de « faible intensité » parfois très peu valorisés dans les livres, que maintenant viennent à gagner une relevance particulière à partir du savant enchaînement avec un récit qu´essaye d’attirer l’attention sur des explications authentiques en dehors des orbites légitimées. Cette procédure audacieuse, de respectueuse irrévérence, nourrit le livre parce qu’elle ouvre des questions polémiques qu’invitent à poser des réaffirmations ou des réfutations éloignées des chemins déjà parcourus.

L’utilité de ces pages s’avère en même temps dans l’élargissement des « minimaux essentiels» pour comprendre d’une manière raisonnée le processus historique d’une île dont la première grande valeur avait été d’être convoitée par les empires européens, lors de ses premiers siècles d’existence « occidentale » du fait de sa position géographique stratégique, la condition de point de confluence de flottes sur la route vers l’Europe, les larges possibilités de ses côtes avec des bais et des plages pour le débarquement favorisant le commerce, la richesse de ses sols, avec suffisantes forêts et l’existence du bassin le plus important des Caraïbes, essentiel pour le développement de villes prospères et le ravitaillement de nourriture pour leur population.

Le texte se dirige à l’essence des choses lorsqu’il parle sur les antécédents de la prise de La Havane par les Anglais. L’utilisation de l’espionnage britannique- et la méconnaissance, sous-estimation ou la méfiance sur la portée des informations fournies par l’espionnage en faveur d’Espagne. Uni à l’ineffable inefficacité espagnole, tout cela a eu plus de poids que la résistance créole et les inclémences tropicales dans la reddition des autorités coloniales de l’Ile devant les casaques rouges. L’analyse de cette question met à l’évidence les points de vue de l’auteur et ses habilités pour présenter le théâtre des opérations dans une bataille dont l’impact ultérieur avait provoqué des profondes transformations dans la société cubaine. Les Anglais, qui avaient déjà présenté leur stratégie de propagande avec « l’oreille Jenkins » pour déclencher la guerre contre l’Espagne, ont utilisé l’espionnage et ont saisi tout prétexte pour déchaîner un conflit, ce que leurs disciples américains ont bien appris et ont appliqué plus tard à Cuba- l’explosion du cuirassé Maine pour déclarer la guerre lors du conflit entre l’île et l’Espagne, début belliqueux du naissant impérialisme yanqui, et qui ont répété jusqu’à l’épuisement, depuis le douteux attaque à Pearl Harbor, l’écoulement d’un inexistant bateau dans le golfe de Tonkin pour commencer la guerre en Viet Nam, la bizarre chute des tours jumelles à New York ou la mystérieuse explosion de la corvette sud-coréenne…

Et précisément je pense que c’est celle-ci l’utilité majeure, parmi tant d’autres déjà énumérées, de Cuba entre tres imperios: perla, llave y an­temural de Ernesto Limia Díaz : aller aux véritables causes qui génèrent les faits historiques et le différencier des motifs apparents afin d’être dans la meilleure disposition de bien comprendre ce qui est train d’arriver actuellement. Cette préparation devient chaque fois plus urgente sur le scénario qui vit le monde et notamment Notre Amérique, cela répond à l’appel de Martí que « les peuples qui ne se connaissent pas doivent se hâter pour le faire, comme ceux qui vont se battre ensemble » et il le fait en plus avec un discours attirant, simple et fluide.

Plongé dans des situations historiques denses, complexes et labyrinthiques, il laisse des conclusions précises sous le guide de la logique historique et sans le poids brumeux de la mémoire. Malgré l’étendue bibliographie dont il s’en est servie, on ne se rend pas compte du poids doctoral qu’implique le croissement constant d’informations : il offre une chronique et un reportage, une semblance et une évaluation statistique avec le chiffre que compte le plus, la description détaillée et le récit vif et le tout ensemble, dépassant l’horizon primaire dans le dénombrement des guerres et des conflits pour mieux évaluer les attitudes et les faits avec efficacité et effectivité. La fragmentation constante des sujets et de sous sujets clôture au fur et à mesure des conclusions partielles de chaque chapitre et favorise la formulation finale de la synthèse.

Limia a fait l’histoire de l’Histoire avec une méthode dialectique, à savoir, il a apporté au contenu initial de la recherche et de la quête de l’interrelation constante avec les diverses sources et les informations à analyser, depuis la passion et la raison, les messages que sont structurés avec l’inexorable écoulement linéaire du temps dans la formation et la croissance de la société cubaine. Son exercice devient un texte à savourer où le passé est projeté vers l’actualité et l’histoire devient une arme « chargée d’avenir »

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