« L’habitation n’était pas un camp de concentration »

Jeudi 23 avril 2015 18 h à l’Atrium

Docteur en histoire, Bruno MAILLARD est chercheur associé au CRESOI-Université de la Réunion, chargé d’enseignement à l’université de Paris-Est Créteil. Il co-signe avec Frédéric RÉGENT, maître de conférences en histoire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et avec Gilda GONFIER, directrice de la médiathèque du Gosier (Guadeloupe), ce livre-évènement « Libres et sans fers, Paroles d’esclaves français » qui donne enfin la parole aux esclaves.

Ces trois chercheurs ont pu retrouver des témoignages inédits d’esclaves s’exprimant « libres et sans fers », selon l’expression consacrée des tribunaux, lors de procès tenus en raison de larcins, de rixes, de mauvais traitements, parfois de meurtres, entre 1787 et 1848, soit les cinquante dernières années de l’esclavage. Grâce à des interrogatoires et des dépositions d’esclaves qui n’avaient jamais été exploités jusqu’à présent, ces historiens ont pu reconstituer le quotidien de ces hommes, femmes et enfants en Martinique, à La Réunion et en Guadeloupe au XIXe siècle. La majorité d’entre eux travaillaient dans les champs ou les plantations.

 « Le travail que nous avons mené est d’inscrire ces esclaves dans leur humanité »

 Ces précieux textes nous éclairent sur les conditions de vie des esclaves dans les habitations et en dehors, sur les liens qui les unissaient entre eux (solidarité mais aussi violence) ou à leurs maîtres et commandeurs, leur culture et les moments privilégiés où ils pouvaient échapper aux impératifs de leur statut. Ces témoignages, souvent très émouvants, permettent de revoir l’image trop caricaturale d’esclaves rebelles obsédés par la destruction de la société coloniale ou celle, au contraire, d’êtres aliénés ; ils projettent une humanité digne face à des maîtres qui, le plus souvent, refusent de renoncer au pouvoir absolu sur cette main-d’œuvre, jusqu’au bout assimilée à leur propriété. L’État tente avec des lois de contrôler les colons et d’éviter qu’ils n’aient un pouvoir absolu sur cette main-d’oeuvre servile.

 Si certains « bons » maîtres étaient attachés à leurs esclaves, les systèmes de châtiments rudes comme le fouet ou le bâillon et autres sévices existaient bien et alimentaient la peur, la mort étant encore l’une des conséquences de ces traitements. Cependant, « l’habitation n’était pas un camp de concentration », prétendent les auteurs.

Libres et sans fers, Paroles d’esclaves français

Fayard, 300 pages

ISBN 2213677816 – 21,30 € 

C’est ce soir, et c’est à l’Atrium ! Parking GRATUIT sur la Place de la Savanelibres_&_sans_fers