Lettre ouverte à des institutions fermées à la culture martiniquaise

— Par Francesca Bapté —
teat_keyolNous avons constaté que, depuis quelque temps, l’Atrium ce grand lieu de rendez-vous réservé aux gens de lettres, aux amoureux des belles pièces et autres genre littéraire ou musical, ne se dévoue qu’essentiellement aux productions sorties de l’autre bord, notamment notre très chère bonne métropole, siège « de la raison » et des lumières, lorsqu’elles ne viennent pas carrément et directement d’Afrique berceau de « l’émotion » . La situation n’est guère différente au Théâtre Aimé-Césaire.
Lorsque l’on constate aussi, comment les fêtes patronales ne nous passent, ne nous repassent et ne nous ressassent comme éléments culturels indispensables que : « Les dorlis de ces dames » , ou encore « La famille Frouche » , on en est presque à regretter « La famille Marsabé » , et à vraiment se demander si les responsables de ces deux institutions cherchent à ce que les pièces des auteurs antillais trépassent avec ces derniers.
On pense malgré soi, que les auteurs antillais, si ceux-ci existent, n’écrivent de pièces de théâtre ni en créole, ni en français ou encore, on voudrait savoir s’il ne leur faudrait peut-être pas, le filon nécessaire dont certains semblent bénéficier ? Lorsque l’on ne joue pas une pièce de théâtre en créole, parce que prétend-on, il s’y trouve paraît-il trop de personnages, et que l’on joue Antigone – beaucoup de français, très peu de créole, et seulement pour décorer – dans lequel plus de 200 figurants y ont gagné gracieusement leur place, on se pose des questions, beaucoup de questions. Pourquoi certaines pièces sont-elles boudées ? Pourquoi ? Les portes de l’Atrium et du Théâtre Aimé-Césaire seraient-elles bloquées, dès qu’il s’agit du créole ? Cependant, les contribuables que nous sommes, qui ont permis, chers responsables, d’ériger vos actuels postes de travail (sans lequel vous n’aurez pu régner sans partage) sont pour la plupart des créolophones qui auraient aussi aimé voir et entendre des pièces issues de leur terroir, surtout durant ce mois d’octobre qui est consacré à la langue créole – mais vous ne devez peut-être pas le savoir, puisque semble-t-il , cette langue ne vous intéresse pas – alors Monsieur le directeur et Madame la directrice, il nous semble indispensable de vous le rappeler tout simplement : ce n’est pas parce que vous n’êtes pas créolophones ou si peu, que les Martiniquais qui fréquentent vos structures ne le sont pas. Nous n’attendons qu’une chose, votre réponse.
Francesca Bapté