« Lettre aux acheteurs de Charlie »

charlie_pardonneL’Union nationale des diffuseurs de presse (UNDP) adresse une « Lettre aux acheteurs de Charlie » pour un point de situation de la livraison pour les jours à venir des exemplaires de Charlie Hebdo. Ce texte rappelle également le fonctionnement de la distribution de la presse, avec ses contraintes industrielles, même en situation exceptionnelle. Le 7 janvier dernier, un odieux attentat a frappé la rédaction du journal satyrique Charlie Hebdo. Cet attentat, et ses suites, jeudi et vendredi ont provoqué un mouvement d’émotion sans précédent, partout en France. Vous vous êtes mobilisés pour les victimes et pour la survie de l’hebdomadaire, au nom de la liberté d’expression qui fonde la démocratie.
Nous sommes particulièrement concernés par Charlie Hebdo
Les 26 000 marchands de journaux de France sont des Français comme les autres, mais ce sont aussi ceux qui – chaque jour – assurent la diffusion des opinions et des idées auprès de leurs concitoyens. Ils sont touchés, donc, à double titre par les événements et se sont mobilisés sans compter sur cette opération.
Nous sommes solidaires de Charlie, y compris financièrement
Ils ont fait preuve d’une solidarité exceptionnelle avec Charlie Hebdo, en abandonnant leurs commissions sur les ventes du million d’exemplaires initialement programmé. Et ceci, bien que leur situation économique reste fragile, comme celle de tout le commerce de détail indépendant d’une France plongée dans la crise depuis 2008. Ils ne se sont pas mobilisés seuls, mais en collaboration avec toute la filière. L’imprimeur de Charlie Hebdo a offert ce million d’exemplaires, assumant le prix du papier et de l’encre, mais aussi le temps de travail et de fonctionnement des rotatives. Les Messageries qui distribuent le titre et les grossistes ont renoncé à toute commission alors même qu’elles ont mis en place des moyens de distribution exceptionnels.
Vous n’avez pas encore votre exemplaire ? Ce n’est pas par manque de professionnalisme de votre commerçant de presse !
Vous êtes nombreux à vous plaindre de ne pas avoir encore entre les mains cet exemplaire de Charlie Hebdo que vous vouliez acheter. Nous vous comprenons et, après vous avoir appelé à la patience, car tout le monde sera servi, nous voulions vous apporter quelques explications et vous offrir un maximum d’informations.
Dans quelles conditions Charlie est-il livré ?
Chaque soir, le système de distribution de la presse adresse aux 26 000 points de vente français l’ensemble des exemplaires imprimés dans la journée, mis en vente le lendemain matin. L’imprimeur de Charlie Hebdo est en mesure de faire tourner ses rotatives, selon les jours, pour produire de 500 000 exemplaires à un million. Il faut aussi assurer l’approvisionnement en papier, en provenance de Scandinavie par bateau ; un approvisionnement imprévu qu’il a été difficile d’organiser. Ce sont les équipes de Charlie Hebdo elles-mêmes qui ont souhaité faire confiance à leur imprimeur habituel, qui a – du reste – fait montre d’une grande générosité dans ces moments difficiles, et ce sont elles qui ont refusé d’imprimer leur journal à l’étranger, dans des conditions sociales compliquées. Cette contrainte industrielle s’impose à tous.
L’équation impossible pour Charlie :
Votre diffuseur de presse ne cesse de demander que lui soient livrés les exemplaires que vous lui réclamez. 1 million de Charlies pour 26 000 marchands de Charlie = 38 exemplaires en moyenne, dans chaque point de vente. Au final, seul l’éditeur a le pouvoir de fixer les services de chaque point de vente ; de manière aussi égalitaire que possible sur tout le territoire. Vous soutenez Charlie, nous aussi. Il nous faut respecter leurs décisions et leurs contraintes.
Aucune zone n’a été privilégiée !
Contrairement à ce que vous avez pu lire ou entendre, de la part de médias insuffisamment informés, aucune zone du territoire n’a été privilégiée par rapport à une autre. Charlie ne l’aurait pas permis. Les abonnements attendront, comme l’exportation et les commandes directes (parfois pour des milliers d’exemplaires).
Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?
Chaque matin, nous sommes dévalisés en quelques minutes ; c’est le signe de votre intérêt pour Charlie Hebdo – mais aussi pour d’autres titres d’opinion. Demain, 1 million d’exemplaires sera mis en vente, 500 000 samedi, puis 1 million chaque jour à partir de lundi, tant que vous continuerez à en faire la demande. L’éditeur est même prêt à dépasser les 5 millions d’exemplaires, si besoin était ! Au final, chacun pourra avoir son, voire ses exemplaires de Charlie, avec un peu de patience. Ce numéro 1178H est un survivant lui aussi, alors que rien ne permettait d’espérer que le titre satyrique vivrait. Grâce à notre solidarité, grâce à la vôtre et grâce à vos achats qui relèvent aussi du symbole. Il est en vente 8 semaines, et nous serons réapprovisionnés tous les jours. Le prochain numéro 1179 est prévu le mercredi 28. Passé le premier moment de folie, nous pourrons enregistrer vos commandes et être assurés de vous servir.
Ne nous tenez pas rigueur d’une situation que nous subissons avec vous ; soyons tous Charlie
Votre marchand est le premier concerné, il veut aider Charlie et contribuer à la liberté de la presse. C’est son travail de tous les jours. Il voudrait vous satisfaire tout de suite et disposer de milliers d’exemplaires de l’hebdomadaire. Soyons patients ensemble, avec le sourire. N’oubliez pas, et c’est Charlie qui le dit « Tout est pardonné » 😉 Voilà quelques explications dont nos clients méritent d’avoir connaissance. Merci à vous pour votre visite… Et si vous vous dîtes aujourd’hui « où est Charlie ? », d’autres titres lui rendent hommage dans nos rayons, d’autres expliquent et mettent en perspective les tristes événements qui ont touché notre pays. Et Charlie sera à nouveau approvisionné demain s’il est épuisé aujourd’hui.
Merci de votre patience,
Votre marchand de journaux
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