Les filles, au premier rang des sans-école

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Des élèves en « classe » dans un camp de réfugiés de Jalalabad, capitale de la province du Nangarhar en Afghanistan Photo Noorullah Shirzada/AFP

— Par Mina Kaci —
Quelque 65 millions de fillettes à travers le monde ne sont pas scolarisées en raison de leur genre. L’ONG Plan alerte l’opinion, 
alors que la 3e Journée internationale des filles est célébrée, samedi.

Des mains se lèvent. Chaque jour de plus en plus nombreuses. Elles sont des milliers, à la veille de la 3e Journée internationale des filles, ce samedi, à signer pour que ces dernières puissent jouir du droit fondamental à l’éducation. Des milliers de mains en France qui rejoignent tant d’autres dans le monde. La campagne de l’ONG Plan entend approcher les quatre millions pour que, d’ici à 2016, quatre millions de filles accèdent à la scolarité. Un chiffre ambitieux. Il est pourtant loin des soixante-cinq millions de fillettes discriminées dans ce domaine. Selon Irina Bokova, « cent millions sortent de l’école sans pouvoir lire une seule phrase ». Intervenant mercredi, au Quai d’Orsay, au cours d’une conférence marquant la journée internationale, la directrice générale de l’Unesco rappelle : « Les femmes représentent deux tiers des adultes analphabètes dans le monde. » Firmine, une petite Togolaise de seize ans, invitée par Plan, l’écoute, opine du chef. Elle vit dans un village où, affirme-t-elle, « beaucoup de filles ne vont pas à l’école. Souvent, elles arrêtent de fréquenter l’établissement quand elles se retrouvent enceintes ». Lycéenne en classe de première, elle doit sa scolarité à l’acharnement de ses parents paysans qui, eux, n’ont pas eu la chance d’étudier.
De l’Irak au Soudan du Sud, 
une guerre contre l’éducation

La Journée internationale intervient alors que plus de deux cents lycéennes nigérianes sont toujours kidnappées. Elle se tient dans « un contexte d’attaques répétées contre l’éducation en général, comme l’éducation des filles en particulier », commente Irina Bokova, citant le Soudan du Sud ou encore l’Irak. Elles sont, selon elle, prises dans une « guerre contre l’éducation qui cible l’école comme lieu même du développement, de la tolérance et de l’épanouissement ». Pour le psychanalyste Gérard Miller, qui soutient la campagne de pétitions comme une vingtaine d’autres personnalités, « les islamistes savent les femmes plus indépendantes, ils craignent le regard qu’elles pourraient porter sur leurs extravagances et leurs crimes ». Il poursuit : « Du coup, ils les excluent des écoles et les enferment dans l’espoir d’en finir avec ce regard qu’ils ne supportent pas. » Cette campagne se veut une action d’interpellation des instances internationales et des gouvernements, afin de rendre l’éducation des filles prioritaire. Les signataires leur demandent de « prendre des mesures pour leur assurer une scolarité de neuf années au minimum, gratuite, de qualité, dans des établissements sûrs ». L’éducation des filles est également source de « développement économique pour l’ensemble d’un pays », estime Alain Caudrelier, responsable de Plan. Une approche partagée par la secrétaire générale de l’Unesco, laquelle ajoute : « Un enfant dont la mère sait lire a 50 % de chances supplémentaires de survivre après l’âge de cinq ans. » L’idée commence à se répandre dans l’opinion publique, sous l’impulsion « du mouvement de l’éducation pour tous », précise Irina Bokova. Ainsi, des progrès sont enregistrés. « Depuis 1999, le nombre d’enfants non scolarisés a été quasiment divisé par deux », indique-t-elle. Un progrès qui pousse l’ONG et l’Unesco à multiplier les initiatives concrètes, comme l’action d’envergure en faveur de l’alphabétisation visant 600 000 personnes, en priorité les filles et les femmes, que mène l’Unesco en Afghanistan.
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