« Les Apaches », un film déprimant mais nécessaire de Thierry de Peretti

— Par M’A—

les_apachesL’été. La Corse !.Porto Vecchio. 150 000 touristes et autant d’envahisseurs. Cinq adolescents, quatre garçons une fille. Ils sont Corses, de «  souche » comme dirait le borgne, ou issus de l’immigration marocaine, peu importe ils appartiennent à cette île et cette île leur appartient. Le père de l’un d’eux est chargé de l’entretien d’une luxueuse villa. Son fils, Aziz, lui file une coup de main tout en testant les systèmes de sécurité de la maison. Le soir il revient avec ses potes, François-Jo, Hamza, Jo et Maryne. En repartant au petit matin ils emportent, une chaine stéréo démodée, quelques DVD et deux fusils de collection. Quand elle découvre le vol la propriétaire veut porter plainte. Une de ses connaissances, un malfrat, la dissuade : « Les flics ? Si t’as besoin de rien, tu les appelles ». Il se propose de régler ça lui-même. Et c’est le commencement d’une descente minable, incroyablement minable, aux enfers pour les quatre gars de la bande.

Le réalisateur Thierry de Peretti est né à Ajaccio en 1970. Il a été lauréat de la Villa Médicis Hors-les-murs et a obtenu le prix de la révélation théâtrale de la critique en 2001 pour sa mise en scène du « Retour au pays natal de Koltès. Comme comédien il a travaillé avec Patrice Chéreau. Il filme le malaise de son pays et de ses habitants en refusant toute idéalisation. Pas de Corse de carte postale, mais une Corse glauque, celle des zones industrielles en voie de désertification, celle des banlieues incertaines celle du racisme, anti-arabe, anti-gaulois, celle de la peur de finir dans le maquis c’est à dire assassiné et enterré en loucedé. Cette Corse qui parle d’honneur, de respect, de fierté et qui se vautre dans l’innommable, dans une violence amorale dans laquelle il est plus facile de tuer que d’expliquer ou simplement de mettre des mots sur les actes.

Le film est porté par de jeunes comédiens néophytes qui nous envoient du coté du documentaire, parti-pris réaliste qui accentue le mal-être chez le spectateur. La description d’une jeunesse, sans avenir, sans morale, étrangère à tout lien de solidarité, motivée uniquement par des motifs égoïstes d’intérêts immédiats, incapable de se projeter dans le futur, totalement inconséquente est désespérante. Par exemple, on peut décider que Untel doit finir dans le maquis, l’y conduire l’abattre et réaliser que l’on a oublier les pelles et les pioches pour creuser sa tombe. Que cette jeunesse ne soit pas toute la jeunesse n’est pas pour autant réconfortant comme le figure la dernière séquence du film qui ajoute à la déprime en montrant la réprobation sociale d’un groupe de jeunes fêtards réunis dans la villa à la vue d’un des quatre apaches. Et c’est un gamin coiffé à l’Afro qui initie ce mouvement de rejet qui apparaît comme le fruit d’une surdétermination sociale.