Le rappeur Rocé passe la quatrième !

 

Rocé est éternel. Depuis près de vingt ans, le rappeur abreuve la scène française de son talent. Et ça continue. Après trois albums unanimement salués par les critiques, le natif de Bab el-Oued revient le 4 mars présenter son nouveau bébé : Gunz N’Rocé. « L’influence pour cet album ? Toujours très hip-hop parce ce que c’est ce que j’aime. Ce sera tout simplement moi, avec toutes mes influences, tout mon vécu… », explique-t-il. Il faut dire que l’artiste ne s’interdit aucun chemin musical. En 2006, il sortait Identité en crescendo, album à grande inspiration free-jazz où il jugeait sans concession la société française. Extrait : « Détacher ma culture et mon nom pour rentrer dans le rang, c’est l’assimilation et c’est de la mutilation. Et devoir s’intégrer à un pays qui est déjà le sien, c’est flairer, se mordre la queue, donc garder un statut de chien. » Le métèque. Rocé tape juste et fort quand il rappe tout en gardant une qualité musicale remarquable. Quand certains médias veulent lui ôter son statut de rappeur pour le rapprocher du slam, jugé moins vulgaire, il ne s’étonne pas. « On est dans un pays où il faut toujours s’excuser (d’être rappeur). Dans n’importe quel autre pays, on ne se prendrait pas la tête avec ce genre de choses mais, ici, on doit définir ce qu’on écoute avant de l’écouter », regrette-t-il. Rocé est un emcee. Un vrai. Son premier album, Top départ, ressemble à ces sucreries que les amateurs de rap dégustent lentement : beat, sample, écriture ciselée, tous les ingrédients y sont. « Pour Gunz N’Rocé, j’ai essayé de prendre une direction artistique qui se rapproche de Top départ, sans pour autant tomber dans du copier-coller ! » résume-t-il. Lorsque l’on évoque avec lui la construction de ses morceaux, il affirme : sans musique, pas d’écriture. « J’ai la prétention de vouloir faire passer des messages dans ma musique. Mais l’écriture musicale, c’est mettre une “bonne instrumentale”, bouger la tête et écrire dessus. S’il n’y a pas de “gros son” derrière, je n’écris pas. » Avant de poursuivre : « Il faut s’efforcer de garder la spontanéité sinon tu soûles tout le monde et ce n’est pas le but. » 
Une spontanéité qui rend encore plus savoureuse la plume « d’un des seuls trentenaires qui rappe comme un adulte »

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