Le questionnement démographique, phénomène de l’année 2018.

— Par Yves -Léopold Monthieux —
La nouvelle de l’année 2018, qui est à mon avis la plus riche de signification et suscite le plus de préoccupations, est la récente livraison de l’INSEE relative à la situation démographique de la Martinique, qui ne compte plus que 370 000 habitants.
En fait, tout au long de l’année, cette problématique a été présente dans la plupart des réflexions sur l’Université, l’exode de notre jeune élite, le vieillissement des Martiniquais, l’évolution de l’habitat et même le remplacement de notre main d’œuvre ouvrière et agricole par des voisins caribéens. Y a-t-il le feu dans la demeure quand on sait que le taux actuel de l’évolution démocratique est comparable à celui des pays développés, environ 13°/°° contre 17°/°° en 1990 pour la Martinique ?
On le sait, la connaissance des perspectives démographiques est essentielle aux prévisions d’équipement et de développement économique d’un territoire, d’un pays. A titre d’exemple, au moment où le projet de TCSP avait été conçu, la prévision démographique était de plus de 400 000 habitants. A un moment où la rigueur financière se pose aux collectivités, n’y a-t-il pas besoin de revoir à la baisse les projets de travaux routiers lorsqu’on sait, par ailleurs, que ceux qui quittent la Martinique et qui vont encore la quitter sont et seront autant de conducteurs d’automobiles en moins ?
Le stade de Dillon est l’image de la faute de prévisibilité d’un équipement qui est et sera structurellement sous-utilisé pendant des lustres. Les coûts d’entretien sont faramineux pour la ville de Fort-de-France, dont on sait les difficultés financières. Elle mobiliserait une cinquantaine d’agents pour cet équipement improductif qu’elle aimerait bien- aveu d’échec – céder finalement à la CTM.
En somme, la question se pose de savoir quelle serait la démographie pertinente pour la Martinique, sachant que l’île est surpeuplée de façon structurelle et que cette surpopulation s’aggrave par son vieillissement. L’application de la récente loi sur les successions immobilières dans les DOM, obtenue par le député Serge LETCHIMY, devrait s’inscrire dans la perspective d’un nouvel habitat qui tienne compte de cette évolution démographique.
Fort-de-France, le 30 décembre 2018
Yves-Léopold MONTHIEUX