Le projet de loi de « sécurisation de l’emploi »

— Par Gabriel Jean-Marie, (Combat Ouvrier) —

Un nouveau pas vers le démantèlement des droits des travailleurs. Ne l’acceptons pas!
Le chômage en France, « DOM compris » , a encore augmenté. Au total, on compte officiellement 4.967.500 chômeurs, presque 5 millions. En chiffres réels, il y en a peut-être plus de 6 millions.
Avec 50894 demandeurs d’emploi au 31 janvier 2013 et 25% de taux de chômage soit une augmentation de 3.3% sur un an, la Martinique n’est pas en reste. Le projet de loi dit de « sécurisation de l’emploi » a été présenté au Conseil des ministres le 6 mars. Le grand patronat et l’État y prévoient une véritable casse du Code du travail.
Patronat et gouvernement voudraient nous faire croire que ces sacrifices imposés aux salariés favoriseraient l’emploi!
Un accord a été signé le 11 janvier dernier entre le MEDEF, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC. C’est un accord honteux. Eh bien, le projet de loi reprend les dispositions régressives de cet accord signé par des directions syndicales complaisantes. C’est ainsi que « les accords de maintien dans l’emploi » permettraient de licencier les salariés refusant de voir leur salaire baisser.
Les « accords de mobilité interne » autoriseraient l’employeur à licencier le salarié pour motif personnel si celui-ci refuse d’aller travailler à l’autre bout de la France, ou de l’autre côté de l’Atlantique pour les travailleurs antillais. La mobilité que connaissent déjà les travailleurs antillais contraints d’aller travailler en France pour gagner leur vie, elle sera officialisée par la nouvelle loi. En France dite « métropolitaine » la limite géographique de la mobilité sera fixée à l’Hexagone, mais à partir de la Guadeloupe ou de la Martinique, cette limite sera aussi fixée à l’Hexagone…
La loi légalise la flexibilité : les patrons pourront changer le temps de travail, baisser les salaires, déplacer les travailleurs à leur guise en prétextant des difficultés économiques. Le patronat remet en cause et veut démolir les droits gagnés au fil des luttes par des générations de travailleurs. Il veut faire reculer tous les salariés, toute la société.
Seule une mobilisation d’une grande partie de la classe ouvrière pourra l’arrêter. Pour renverser la situation, il faudra une réaction massive du monde du travail, capable de bloquer l’appareil productif et d’imposer ses revendications vitales.
Une telle mobilisation ne se décrète pas mais se prépare. A commencer par dire « non » , par exprimer notre opposition aux coups patronaux, par affirmer que l’on est contre tout sacrifice imposé aux travailleurs et que rien ne justifie cela. A encaisser les coups sans rien dire, en baissant la tête, on ne ferait que préparer les coups suivants.
« IL N’Y A PLUS D’ILLUSIONS À SE FAIRE SUR LA POLITIQUE DE LA GAUCHE SOCIALISTE »
En France, la CGT et FO, qui n’ont pas signé l’accord, ont organisé le 5 mars, la veille de la présentation du projet au Conseil des ministres, une journée de mobilisation pour dénoncer ce projet de loi. En Guadeloupe, la CGTG a organisé une journée de mobilisation le 13 mars pour protester contre toutes les atteintes aux conditions de travail, y compris contre ce projet de loi.
En Martinique aussi, les travailleurs ont intérêt à protester contre ces attaques.
Les travailleurs qui le font dès aujourd’hui ont raison de le faire car c’est en se battant que la classe ouvrière donnera l’exemple. Il n’y a plus d’illusions à se faire sur la politique de la gauche socialiste au pouvoir, celle des Hollande, des Ayrault et de leurs courroies de transmission outre-mer comme Lurel et Letchimy. Il y a quatre ans la grève générale en Guadeloupe et en Martinique mobilisait des dizaines de milliers de travailleurs dans les rues. Sous cette pression, les patrons et l’État signaient, les 26 février et 11 mars 2009, l’accord Bino en Guadeloupe et l’ARI (Accord Régional Interprofessionnel) en Martinique sur les 200 euros. C’est cette voie-là qu’il faudra reprendre mais renforcés par l’expérience. Car c’est ainsi que le monde du travail mettra un frein aux reculs et qu’il reprendra l’offensive.
Il faudra se battre, en particulier :
– Contre le chômage, pour la répartition du travail entre tous. C’est-à-dire la diminution du temps de travail sans diminution de salaire. En réalité il n’y a pas d’autre moyen pour éliminer définitivement le chômage.
– Contre la baisse des revenus, pour l’augmentation des salaires et des pensions à chaque fois que les prix augmentent. C’est-à-dire : l’échelle mobile des salaires et des pensions.
– Contre la main-mise des banquiers et du grand patronat sur l’ensemble de la société, pour la levée du secret bancaire et le contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises et sur toute la production. Les travailleurs, qui sont à l’origine de tous les profits et produisent toutes les richesses, doivent pouvoir dévoiler au grand jour tous les mécanismes de ce vol légal.
Gabriel Jean-Marie, (Combat Ouvrier)