Le père déchu

 

— par Jean Gabard —

    Au nom de la nécessaire émancipation de la femme et de la juste lutte contre l’oppression qui prévaut dans de nombreux pays, le féminisme, dans nos sociétés en est parfois venu à nier la différenciation des sexes et à diaboliser l’homme perçu comme inutile. L’auteur s’attaque aux dérives féministes et invite les hommes et les femmes à ne pas s’enliser dans un manichéisme stérile.

En 2006, à la parution de l’essai de Jean Gabard, beaucoup l’ont rejeté à la seule lecture du titre : comment oser parler de dérives du féminisme alors que les femmes dans les pays occidentaux, viennent tout juste d’obtenir l’égalité en droits, que les lois sont souvent non respectées et les injustices encore si nombreuses ? Ce livre était catalogué comme un nouveau pamphlet contre les féministes, symptomatique de cette période de « backlasch » et l’auteur classé comme un nouveau réactionnaire fut empêché de s’exprimer davantage. C’est ainsi que plusieurs projets de conférences-débats sur un thème majeur de l’essai – l’éducation des enfants – ont été annulés, suite à des pressions sur les organisateurs Pourtant des associations ont pris le risque et lui ont donné la parole. La participation à une émission de TV grand public sur le féminisme a fait connaître l’auteur au niveau national.

Aujourd’hui réédité, ce livre est toujours d’actualité car les questions qu’il traite, sont de plus en plus parlantes pour les personnes qui s’occupent des jeunes générations ou qui ne savent plus comment vivre avec l’autre sexe. L’éducation est de plus en plus difficile à transmettre. Les enfants qui ont encore un géniteur et un papa qui remplit mieux qu’avant son rôle, n’ont plus personne pour jouer la fonction de père dont nous ne voulons plus parce qu’elle a été très souvent mal jouée. Beaucoup deviennent ces enfants-rois qui apparaissent totalement épanouis mais posent problème. Les adultes, souvent désarmés, cherchent désespérément des issues à une crise qui semble les dépasser.

Cet essai ne leur donne pas de recettes miracles mais il explique comment et pourquoi notre société en est arrivée là. Loin de partager la nostalgie de la société patriarcale traditionnelle ou les illusions féministes, ce livre suggère de changer de cap. Il est temps d’inventer une alternative aux deux idéologies, l’une réactionnaire et l’autre utopique qui s’affrontent et s’entretiennent, si nous ne voulons pas sombrer dans un désenchantement propice à la montée des extrêmes, ceux-là mêmes que nous voyons déjà se manifester ouvertement dans les comportements sociaux, dans les mouvements politiques et qui risquent de s’exprimer bien plus violemment, si nous ne proposons pas d’autres projets capables de créer du lien et de donner envie de vivre ensemble.