Le bien commun, une notion dynamique et dialogale

Le bien commun. Par-delà les impasses,sous la direction de Paul H. Dembinski et Jean-Claude Huot, Saint-Augustin Éditions, 2017, 352 p., 20 €.

Notre époque se caractérise par l’accumulation des incertitudes et des inquiétudes des populations face à l’avenir. Nos sociétés perçoivent par mille symptômes diffus qu’un mode de fonctionnement s’épuise sous nos yeux. Pour ne pas succomber à la déprime, les auteurs de cet ouvrage proposent de changer de regard et de le poser «par-delà les impasses». Et le bien commun peut être un point de repère utile tant pour la réflexion que pour la pratique. Il ouvre vers l’avenir.

Le bien commun, notion théologique, philosophie et politique, n’est pas un modèle «clé en mains», ni une troisième voie entre le capitalisme et socialisme. C’est un idéal inatteignable dans sa plénitude, mais porteur d’inspiration pour agir dans le processus historique en cours, indiquent les auteurs. Longtemps absent de la sphère publique où il a été supplanté par «l’intérêt général», le bien commun est la clé de voûte de l’enseignement social chrétien. Il offre surtout un point de repère fondamental pour toute personne de bonne volonté, croyante ou non, qui veut placer son engagement social et politique sur des fondements éthiques à la fois réalistes et dynamisants.

Ce livre est l’aboutissement d’un processus commencé en 2014 par un groupe d’acteurs tant universitaires que de terrain. Leur première réalisation a été la conférence internationale tenue à l’Université de Fribourg en septembre 2015, sous le titre «Le bien commun : entre passé et avenir» et sous le double patronage de l’archevêque Justin Welby, primat de l’Église d’Angleterre et de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg.

Le livre, fort de la contribution d’une vingtaine de spécialistes de diverses disciplines, s’appuie largement sur la riche moisson de la conférence de Fribourg. Il se divise en quatre parties. La première, intitulée les «Visages du bien commun», montre pourquoi ce concept occupe une place centrale dans la pensée sociale chrétienne et quelles sont ses implications pratiques. Un des auteurs souligne la fécondité de la notion de bien commun pour penser l’avenir politique des sociétés contemporaines.

La seconde partie «Bien commun en dialogue» détaille les points de convergence et les passerelles, mais aussi les divergences qui existent entre le bien commun et un certain nombre de courants de pensée, alors que la troisième partie «Construire le bien commun», ouvre les voie à l’action, à la construction effective du bien commun en faveur notamment des fragiles, des exclus, ou de l’environnement naturel. Enfin, la quatrième partie est consacrée aux «Espaces du bien commun», où il est susceptible de surgir, par exemple au sein de la famille et de l’entreprise. La question de la compatibilité du micro-crédit et du développement durable avec le bien commun y est notamment abordée.

Cet ouvrage propose une grande diversité d’approches et de point de vue, qui sont autant d’invitations au dialogue et au débat. Il est d’autant plus d’actualité que le bien commun est en train d’opérer un retour, alors que les certitudes idéologiques s’effritent, estiment les auteurs.

« Le bien commun par-delà les impasses», publié sous la direction de Paul H. Dembinski et Jean-Claude Huot. Préface de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. Postface de Mgr Justin Welby, archevêque de Canterbury et primat d’Angleterre. 352 pages. 2017, Éditions Saint-Augustin, CH 1890 Saint-Maurice. 29 francs ; 20 €.

*****

***

*

Les coordinateurs

Paul H. Dembinski, économiste, professeur à la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Fribourg est président de l’Association Internationale pour l’Enseignement Social Chrétien et de la Plateforme Dignité & Développement et directeur de l’Observatoire de la finance à Genève. Son dernier ouvrage : Éthique et responsabilité en finance, RB Édition, Paris 2015.

Jean-Claude Huot est agent pastoral de l’Église catholique dans le canton de Vaud, engagé dans la pastorale œcuménique dans le monde du travail et en charge de la promotion de l’enseignement socialde l’Église. Il est également membre du bureau de la Plateforme Dignité & Développement.

Les auteurs

Francesco Belletti, diplômé en sciences politiques de l’Université de Milan, directeur du Centre international d’études sur la famille de Milan ; Jean-Michel Bonvin, docteur en sociologie, professeur en politiques sociales et vulnérabilités à l’Université de Genève ; Thierry Collaud, théologien et médecin, professeur de théologie morale spéciale et d’éthique sociale chrétienne à l’Université de Fribourg ;

Paul H. Dembinski (lire en haut) ;

Mgr Lawrence Pius Dorairaj, docteur en philosophie de la Sorbonne, évêque dans l’État indien du Tamil Nadu ; Michel Maxime Egger, écothéologien orthodoxe, sociologue, responsable du laboratoire «transition intérieure» à l’ONG Pain pour le prochain, il anime le réseau www.trilogies.org ;

Jean-Jacques Friboulet, docteur en sciences économiques, professeur émérite d’histoire économique et économie du développement à l’Université de Fribourg, spécialiste de l’enseignement social de l’Église catholique ;

Joanna Giecewicz, docteur en architecture, professeure à la Faculté d’architecture de l’Université de technologie de Varsovie ;

Jean-Claude Huot (lire plus haut) ;

Yvette Jaggi, docteur en sciences politiques, présidente d’honneur de Microcrédit solidaire Suisse,ex-conseillère nationale et conseillère aux États socialiste et ex-syndique de Lausanne ;

Patrice Meyer-Bisch, docteur en philosophie, président de l’Observatoire de la diversité et des droits culturels du «Groupe de Fribourg», a édité plus de 25 ouvrages consacrés aux droits de l’homme ;

Jean-Nicolas Moreau, président du cabinet Res-EuroConseil, chargé de programmes et de coursaux universités Paris-Dauphine et Paris-Sorbonne et à l’École des hautes études en santé publique ;

Mgr Charles Morerod, dominicain, docteur en philosophie et en théologie, a été recteur de l’Angelicum à Rome avant d’être nommé évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, reconnu comme expert dans les questions de l’œcuménisme ;

Denis Müller, docteur en théologie, professeur honoraire d’éthique des Universités de Genève et Lausanne, il dirige la collection «Le Champ éthique» des éditions Labor et Fides à Genève, ainsi que la collection «Études de théologie et d’éthique» Lit Vergl, Zurich-Berlin-Münster ;

Mathias Nebel, professeur à l’Universidad Popular Autonoma del Estado de Puebla (Mexique), travaille sur les notions de gouvernance et de bien commun ;

Maria Nowak, économiste, a fait sa carrière professionnelle à l’Agence française de développement et à la Banque mondiale, elle a fondé l’Association pour le droit à l’initiative économique ;

Michael Schluter, économiste formé aux USA, a travaillé pour la Banque mondiale et a suscité bon nombre d’organisations sans but lucratif, notamment le Jubilee Centre ;

Dominique Serra-Coatanea, docteur en théologie et doyenne de la Faculté de théologie de l’UCO-Angers et professeure extraordinaire en théologie morale et éthique sociale ;

Grzegorz W. Sienkiewicz, docteur en lettres de l’Université de Fribourg, chercheur en philosophie de l’histoire, du droit et la théologie politique ;

Mgr Justin Welby, archevêque de Canterbury et primat d’Angleterre, formé en droit et en histoire, il a travaillé dans l’industrie pétrolière avant d’être ordonné diacre, puis installé doyen de Liverpool, puis évêque de Durham ;

Stefano Zamagni, professeur d’économie à l’Université de Bologne, membre de l’Académie pontificale de sciences sociales et du Conseil pontifical pour la culture.