L’Avenir du Grand Saint-Pierre :Un Grand Problème. Un Petit Débat.

— Par Lucien Cidalise Montaise —

grd_st_pierrePour servir L’Histoire

Comment écrire sereinement dans une époque qui a la manie de la polémique, bien que beaucoup d’entre nous en ait la nausée ? Il y a polémique lorsqu’il y a mauvaise foi et absence de preuves dans ce qui se dit. Dans ce qui est écrit là, il y a une montagne d’évidences .

La vie professionnelle de l’architecte dont l’activité consiste à mettre en pratique ses conceptions s’est dégradée à tel point qu’elle n’intègre plus les rêves de culture que véhiculait , il y a peu de temps, cette profession .

La Preuve : l’Interview accordée par le Prix Goncourt P. Chamoiseau au journal F.A du 18/04/2011 et la réponse à la question de Rudy Rabathaly : « pourquoi avez- vous été choisi comme chef de projet pour le Grand St Pierre et non un architecte ou un urbaniste ? »

Pour notre part, nous avons retenu les comportements qui s’inscrivent dans les écrits de l’ écrivain. Il oublie volontairement ou il feint de l’ignorer que la mission première , essentielle même, de l’Architecte est d’imaginer ( tiens ! ) pour son contemporain, sans escroquerie architecturale , sans processus de déculturisation, les moyens d’occuper son territoire .

La Condition est qu’on lui en donne les Moyens ! St Pierre devra être réparé. Il y a urgence .Depuis Nanni , Nannan ! C. Darsières , L-R. Beuze et le Conseil de l’Ordre des Architectes de la Martinique sous la présidence de S. Gunot, il y a quelques années se sont trouvés tous sensibilisés par cette « chronique d’une décrépitude annoncée ! »Des Architectes de toute la Caraïbe ont planché sur ce grand malade .

St Pierre devra ressusciter dans son espace formé par la juxtaposition de solutions adaptées, empruntées à l’Héritage architectural de toutes les époques. Autant celles qui nous donnent le dos que celles qui surgissent des nécessités Sociologiques, Culturelles , Economiques , et devront subir des interventions nombreuses et onéreuses .St Pierre en aucun cas ne devra revenir à ce qu’elle a été quand elle était l’Unique . Rien ne s’opposait à elle. Ville Bourgeoise avec théâtre. Konparéson. Habillée de Drill compassé, coiffée de feutre noir , escarpins lustrés , crinolines roses et blanches pour les uns , madras ou toile à sucre ,bakoua pour les autres. Où régnaient les discriminations soigneusement étouffées ? les exploitations acceptées, les conflits de races et de classes réduits à des problèmes mineurs. Ecoutons Mona ! Saint – Pierre où l’activité économique dépendait pour un seule part des békés et de quelques mulâtres. Aujourd’hui, les Pierrotains occupent leur ville en spectateurs blasés. Ils l’aiment, bien qu’elle ne soit plus belle, encore moins accueillante. Elle les protège.

En conséquence, le Développement doit se faire dans l’observance de nouvelles données qu’il appartient autant aux occupants qu’aux invités de le redéfinir dans le concret.

Revenons à cette donnée. Se demander où commence l’Architecture, mais avant, se demander ce qu’est l’Architecture ?Je ne m’arroge pas le droit de consacrer les urbanistes .

Puis-je me permettre de répondre pour les ignorants ( cultivés ou pas ) , les prétentieux ( cultivés ou pas ).Ki pa sav ! Ki san fouté ! Ki sav tout !Le rôle de l’Architecte est-il de nous abriter, nous protéger tant bien que mal des intempéries, comme si l’Art du Cuisinier consistait à faire des bilans caloriques ? A nous nourrir en quelque sorte !

« L’Architecture commence au moment où une œuvre nous procure, un instant fugace. Ne fut-ce que la plus petite jouissance entièrement inutile !L’Architecture , c’est l’expression des plus nobles pensées de l’Humanité ! » . GROPIUS. Architecte allemand.

Architectes, Protestez contre l’existence de préjugés transportés par certains. Ces murs construits par d’autres .Contre Nous. Contre cette dévorante variante d’un racisme culturel. Détruisez par vos propres talents confortés par vos convictions, ces murs construits qui tous les jours augmentent en efficacité et participent à « l’évaporation » de nos professions.

Battons-nous pour tracer les lignes entre Rêve et Réalité.. Profitez de tous les instants, contraignants ou enrichissants pour faire de l’Architecture . Redevenez Artisans !

« Gravez vos pensées sur les murs nus » .Foutez-vous en des critiques, des refus. Acceptez la fantaisie, si contraire à la Technique lourde. Prouvez que vous n’êtes pas des Techniciens que nous respectons par ailleurs.L’Architecture et l’Urbanisme doivent être compris comme une entité unique Sans priorité de l’un sur l’autre. La Ville de St Pierre doit accepter d’avoir deux amants.Le Développement est une arme à utiliser avec parcimonie et en aucun cas à opposer à la Culture

Alors pourquoi se permettre – en considérant ce comportement comme audacieux- d’opposer Développement en y ajoutant « vision étroitement économique et sociale » à Epanouissement et avec une malencontreuse réduction « mystique » , affirmer que l’Urbanisme «bien qu’art poétique plus que prosaïque » est aussi en retrait par rapport à la tendance actuelle qui est « mouvement endogène qui va de l’intérieur à l’extérieur … »

Après la Guillotine pour les Architectes , voilà la Pendaison pour les Urbanistes .Je m’élève indigné contre ces facilités d’écriture « Un grand urbaniste est avant tout quelqu’un qui a soif d’utopie ». Je me permets de penser – je peux ! – humblement que les Architectes et les Urbanistes de ce pays. ou tout simplement les Habitants de St Pierre et les Martiniquais de partout et d’ailleurs ont tous soif : de Dignité, de Respect , et aussi de Poésie . Ce n’est pas une raison pour jeter en pâture et s’exprimer avec tant de désinvolture « Bien entendu (sic !), une fois que la Vision poétique (re sic) sera élaborée » , si elle ne s’envole pas !Si légère ! « les architectes … et tutti quanti (ndlr) pourront entrer en scène … » . Il faut relire ce texte…Moïse vous parle.Au Mépris vient s’ajouter le Paternalisme .Bien entendu , le scénario se déroule comme à l’Hôpital . Après le passage du Grand Patron , les autres entreront en scène . N’a-t-il pas oublié la technicienne de surface ?

Pour terminer , signalons, qu’imaginer « une ville qui s’enrichirait de toutes les dimensions , solidarité ,convivialité , amour , rencontre , fréquentation des arts , goût de la beauté , entreprise citoyenne , coopération , responsabilité enfin l’Homme restitué au centre de toutes choses » Ouf ! relève fondamentalement du Rêve Peut-il prétendre me citer une seule agglomération au Monde qui possède ces « notions poétiques » ?

Il y a toujours dans toute élaboration urbaine, deux villes qui s’opposent dans une seule.

La première est tissée d’espaces. Il revient aux Architectes et aux Urbanistes de la concevoir.L’autre composée d’Humain, de Natures, de Choses, est de la responsabilité des sociologues , des intellectuels , des marchands , des politiques seront chargés de lui donner un Sens et Ensemble .. Ensemble, Nous lui donnerons une direction , en y observant les échecs et les réussites .

Notre problème est de nous exercer à concevoir ou à reconcevoir St Pierre et ses environs, en ne faisant pas fi des réalités qui lui sont solidement greffées.

Le Morne rouge, le Prêcheur , le Carbet ,amis , parents et alliés de St Pierre méritent d’être intégrés dans un concept – peut être orgueilleux , vu son emprise – mais nécessairement intégrables .Créer le Grand St Pierre , c’est aussi consolider ses voisines , en redéfinissant la Volonté Politique , en imposant des Priorités . La première sans laquelle Rien ne pourra se faire , c’est accélérer le contournement de la Ville par la création d’une Rocade et bien en apprécier les conséquences inhérentes . Un peu de modestie faciliterait toutefois l’opération . « J’invite tous les Martiniquais à prendre contact avec moi ! ». Malgré l’accent gaulliste de cet appel qui date, le vrai travail d’Epanouissement voulu par le Président du Conseil Régional et la Martinique entière ne débutera qu’à cette condition.

Lucien Cidalise-Montaise // Architecte

DIAMANT 19 Janvier 2012 // Septembre 2016

PS : Ultimes réflexions :- L’Embellie Trois Ilets : Comment concevoir des restructurations urbaines sans la Mer ? Seule résistante à l’invasion du béton.

  • Le Rocher du Diamant : N’y toucher qu’avec des gants. La Postérité pollue si la finalité du touriste est d’exhiber.

Cet article est inspiré de réflexions d’Architectes. Il a subi quelques modifications mineures.

REDIGE DANS LE CADRE DES JOURNEES DU PATRIMOINE.