L’argent, le pape et le penseur du « Figaro »

—- Par  Delfeil de Ton —

Comme François avait l’air de s’en prendre aux riches, il fallait bien que quelqu’un les rassure. M. de Kerdrel s’est dévoué.

le_pape_francoisIl en lâche de belles, le nouveau pape. Il passe au Vatican pour le comble de l’original et beaucoup s’y demandent s’il ne va pas carrément reprendre les idées de Jésus-Christ. Faut-il s’en réjouir, faut-il en avoir peur, dans la chrétienté les grands esprits s’interrogent. M. de Kerdrel est de ceux-là. Vous ne savez pas qui est M. de Kerdrel ? Un penseur du «Figaro». La définition devrait vous suffire. Dernier fleuron d’une longue lignée.

L’autre matin, 4 décembre, il entretenait son lecteur de la parole du pape sur la finance. On voyait bien, à le lire, qu’il se sent en devoir de rassurer. Un autre penseur, mais du bord opposé, n’a-t-il pas prétendu que la religion était l’opium du peuple ? Le mot est resté, contenant de la vérité. M. de Kerdrel ne souhaitant pas que cette drogue vienne à être boudée, encore convenait-il que son lecteur, et les lecteurs de ses frères penseurs de France, n’éprouvent pas de la défiance à l’écoute de ce pape au langage si particulier.

François, c’est le nom que s’est choisi le nouveau pontife, n’en veut-il pas à mes sous, se demande le lecteur de M. de Kerdrel. Ce serait un coup à se faire apostat. Ecoutez le pape, dit alors à son lecteur M. de Kerdrel. N’écoutez pas ceux qui prétendent vous dire ce qu’il a dit. Ecoutez-moi, plutôt. Et M. de Kerdrel de se faire exégète. «A aucun moment», écrit-il, le pape François «ne s’attaque aux créateurs de richesses, aux possédants, aux plus aisés». Là, le lecteur du «Figaro» soupire d’aise. Le voilà réconcilié avec la presse écrite qu’il était tenté d’abandonner et avec une religion qui ne lui inspirait plus la même confiance qu’à ses aïeux.

Ce n’est d’ailleurs pas d’aujourd’hui que j’ai été tenté de ne pas me reconnaître dans la religion de Christ ressuscité, se dit le lecteur de M. de Kerdrel, d’où cela vient-il donc ? Comment cela s’est-il pu ? Moi, aisé parmi les aisés, il aura donc fallu l’élection de ce François dont on racontait pis que pendre pour me conforter dans ma fidélité ? Quel paradoxe !

C’est que Kerdrel, ô riche, répond à tes inquiétudes. Le nouveau pape, précise-t-il, bien au contraire de ce qu’on t’avait fait craindre, ne s’attaque pas à toi «comme certains membres de la hiérarchie catholique se sont crus autorisés à le faire en d’autres temps», ces temps sont révolus. Hosanna, vous savez quoi ? Ecoutez la nouvelle Bonne Nouvelle : «Le discours économique du pape n’est pas politique. Il est seulement et complètement éthique. C’est tout son intérêt.» Son intérêt et le nôtre, c’est pas l’éthique qui va nous faire peur, hein?

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Publié le 23-12-2013 à 17h03 – Mis à jour le 24-12-2013 à 16h13