« La Vénus Hottentote » : un loupé authentique ?

–par Kélian Deriau —


Etranges univers que celui arpenté par la chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal dans son nouveau solo « On t’appelle Vénus » Ce spectacle très insolite se voulait être l’observatoire, le rapporteur d’un phénomène de société. On nous avait annoncé une danse aux mille facettes, une danse afro caraïbe et contemporaine, qui devait parcourir l’histoire de cette Venus noire. En extraire la violence dans une écriture chorégraphique. Y d’écrire les viols moraux et physiques, qu’a subis cette femme. Suggérer en filigrane les vertiges, la tragédie et l’horreur. Nous pouvions espérer à tout le moins, sans préjuger de l’expression chorégraphique utilisée, une démonstration scénique du plus bel effet, qui a chacun de ses mouvements devait représenter le supplice et la mouvance des éléments de la vie de la vénus, compte tenu d’un savoir faire auguré. Mais une prédisposition sournoise montrait précocement le bout de son nez. Chantal, nous a juste gratifié d’un parcours touristique de son panorama au demeurant impressionnant et d’une joliesse avérée pour qui aime les émotions débordantes. Disons tout de suite que Chantal Loïal a un une énorme supériorité sur d’autres danseuses. D’autant que si le premier effet apparait un brin convenu, dans la suite on déplore trop d’imaginations inabouties. Les idées d’ailleurs ne manquent pas dans ce spectacle, qui serait même parfois trop chargé de bonnes intentions et de mélancolie. Cette danse qui voulait procéder d’une démarche pour mettre fin au cycle de la violence, est entachée d’incomplétude. Car de l’idée a la scène il n’y a pas qu’un pas et Chantal ne les franchit pas, empêtrée qu’elle est dans un exhibitionnisme, un enfermement dans une attitude toute narcissique au sens où concevant la psychanalyse, le Moi devient idéal , et le sujet devient a lui-même son modèle, dans l’expression de ce qu’ici, pour la compréhension de tous, nous appellerons, l’objet du délit.

«  La dualité de l’art est une conséquence fatale de la dualité de l’homme »

J’oserai pousser plus loin ; j’affirme qu’ici l’inspiration a quelque rapport avec la congestion et que cette philosophie d’arrière garde ne possède pas l’art difficile d’être sincère, précieuse sans ridicule. Rien ne ressemble plus à ce que l’on appelle l’inspiration, que la fierté avec laquelle Chantal s’attribue le rôle. La duplicité opportuniste, se fait voir au premier coup d’œil. C’est gonflé ! Où la danseuse devait céder la place au personnage dans une modestie nuancée, on voit cette immense jouissance qu’est d’élire domicile dans la curiosité de ce spectacle…Hors normes. Peut-être fallait- il mieux veiller à ce que l’œuvre repose sur une ventilation théâtralisée, basée précisément sur un fondement, celui ci, historique profond et solide ? Il valu mieux un striptease artistique que cette exposition redondante à géométrie non variable, répétitive à souhait qui n’est que la victime d’un écho dupliqué, comme les faces cachées de la lune. Ces poses plastiques, et cette gesticulation syncopée d’un style copié ragga dancehall « Bouge ton dada » n’ont pas allégé le propos. Il ne manqua plus qu’elle lui donna la parole pour qu’il lui vola la vedette. En d’autres termes ces choses peuvent être dites. C’est pourquoi esprit impertinent, taquin nous osons dire « Le beau n’est que la promesse du bonheur…mais sans doute cette définition soumet beaucoup trop le beau a l’idéal infiniment variable du bonheur »

Kélian Deriau

Au Théâtre Aimé Césaire Janvier 2011.

Lire aussi la critique de Layla Zami

http://www.madinin-art.net/danses/layla_zami_on_t_appelle_venus.htm