La stratégie européenne « énergie-climat » dite du « 3 fois 20 en 2020 ».

 

Conférence à l’UPEG de Patrick Criqui, chercheur au CNRS, 28 /11/07(notes de Armand Chanel).

Selon les études scientifiques du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui ont servi de base à la conférence internationale des Nations Unies sur le climat à Bali en décembre 2007 qui doit préparer « l’après-Kyoto », si on laisse faire la trajectoire spontanée de l’économie, la concentration en CO2 (principal gaz à effet de serre ) atteindra 1000 ppmv (parties par million en volume), ce qui provoquera un réchauffement de + 6° C en 2050, ce qui est insupportable !

Il faudrait raisonnablement limiter le réchauffement à + 2° et pour cela revenir à un niveau d’émission, en 2050, qui soit globalement inférieur de 20 à 30 % inférieur à celui de 1990 (considéré comme référence lors du protocole de Tokyo). Ce qui est un énorme effort à faire pour les pays développés du fait de la croissance entre temps des pays émergents, notamment de la Chine.

L’Europe appuie cette stratégie mondiale, où pour concilier la légitime expansion des PVD avec la nécessaire limitation des émissions au niveau mondial, les pays riches doivent donner l’exemple, techniquement, économiquement, socialement.

Il s’agit de s’orienter vers des économies « post-carbone » et le Conseil européen du 9 mars 2007 a approuvé la stratégie dite « 3 fois 20 en 2020 ».

  • il s’agit d’accroitre de 20 % l’efficacité énergétique (càd l’énergie dépensée par Euro produit, par rapport au scénario de référence)

  • en ayant au moins 20 % d’énergies nouvelles (à côté des énergies fossiles émettrices de GES)

  • cela pour une réduction d’au moins 20 % des émissions de GES (gaz à effet de serre ) en 2020 !

Une fois ces objectifs fixés, comment y parvenir ? Quels en sont les moyens de s’adapter ?

1- adaptation par les approches technologiques

  • voiture à hydrogène à long terme, ou les véhicules hybrides à CT, comme le « Prius » de Toyota,

  • bâtiments à basse énergie (et même qui pourraient produire de l’énergie, s’ils sont largement couverts de piles photovoltaïques)

  • énergies renouvellables (éolienne, agro-carburants, appelés aussi « bio-carburants »,…)

  • future génération de centrale thermiques (où on récupère les déchets et stockage du CO2)

  • centrales nucléaires

2- adaptation par les approches incitatives pour changer les comportements.

La boite à outils des économistes comprend :

  • les taxes (Pigou, 1920) (par exemple une taxe-carbone, comme proposée lors du « Grenelle de l’Environnement »)

  • les permis d’émissions (Coase, 1960) qui sont des droits d’accès à l’environnement, mais avec des autorisations limitées : on a des droits à polluer, mais pas au-delà !

  • Les normes édictées par la loi, dans le cadre d’une politique de « commandement et contôle » (par ex directive européenne sur l’étiquetage obligatoire pour éclairer le consommateur).

L’Europe a une préférence pour l’outil économique des marchés d’échanges des quotas d’émission, avec le marché européen de la tonne de CO2 qui s’applique à l’industrie (mais pas au transports). Il a été en phase de rôdage difficile entre 2005-2007 (du fait que trop de quotas de droits avaient été accordés, d’où un prix très bas, peu dissuasif inférieur à 1 Euro) , mais en 2008-2012, il est prévu de fortes réductions des autorisations (- 6 à – 7%, avec un prix anticipé de 15 à 16 E la tonne de CO2).

Au-delà de ces mesures domestiques, il y a aussi des mécanismes de flexibilité internationale :

  • le MDP (mécanisme de développement propre) : entre pays Nord / Sud (par ex; si la France aide la Chine à réduire ses émissions, elle peut les inclure dans son engagement de Kyoto);

  • le MOC (mise en oeuvre conjointe) entre 2 pays membres du protocole de Kyoto.

  • Échange international d’émission (ex racheter des quotas à la Russie).

3- adaptation par le changements des infrastructures (notion de « villes durables », plus compactes, plus denses, pour limiter les déplacements et donc les dépenses d’énergie, sauf si les maisons sont produtrices nettes d’énergie, comme en Californie : une maison bien dotée de cellules photovoltaïques et peu gourmande en énergie peut devenir productrice nette d’énergie).