La mort de Gérald Bloncourt, photographe, peintre, graveur et écrivain

Gérald Bloncourt est décédé à Paris le 29 octobre 2018. En 1944, il a participé à la fondation du Centre d’Art à Port-au-Prince. Militant révolutionnaire, il a lutté aux côtés des écrivains Jacques Stephen Alexis et René Depestre. Exilé à Paris où il a vécu depuis 1946, il a été reporter photographe pour la presse de gauche et est l’auteur de plus de 200 000 photographies.

Actuellement à Roubaix, l’exposition « Mémoire vive » présente ses photos de la vie ouvrière du Nord de la France des années 1950 à 1970 (Maison du Projet de la Lainière, 151 rue d’Oran, 59100 Roubaix)
Un livre posthume « Un homme peau noire peau rouge, un homme de toutes les saisons » est en cours de publication aux Editions Mémoire d’Encrier, disponible en version numérique.

« J’ai vécu longtemps ayant été fidèle aux conceptions de liberté, d’égalité et de fraternité qui m’ont animé toute ma vie…  »
Gérald Bloncourt naît le 4 novembre 1926 à Bainet (Haïti), d’une mère française et d’un père guadeloupéen qui s’occupe d’une plantation de café. En 1927, la famille s’installe à Jacmel, puis, à la suite d’un cyclone qui fait des dégâts dans la région du Sud-Est, elle déménage pour Port-au-Prince, en 1936. Gérald Bloncourt y fait la connaissance des amis et futurs compagnons de révolution, dont Jacques-Stephen Alexis, Georges Beaufils, René Depestre et Gérard Chenet qui venaient régulièrement chez lui.

Chez les Bloncourt, dans le salon que tient sa mère, Gérald fait la connaissance de Dewitt Peters, qui, fasciné par la peinture haïtienne de gens ordinaires, sans formation, va fonder le Centre d’Art haïtien. Ayant quitté l’école pour apprendre le métier de linotypiste et se rapprocher ainsi des travailleurs, et rêvant toujours d’être peintre, Gérald Bloncourt participe à la création du Centre en 1944. Il joue un rôle actif dans ce foyer de travail où viennent s’inscrire les peintres haïtiens du « merveilleux ». Les premiers grands « naïfs » exposent au Centre ; la richesse de cette œuvre étonne certains critiques, dont André Malraux.

Les activités d’artiste du jeune Bloncourt le disputent à celles liées à ses engagements révolutionnaires alors qu’il milite aux côtés de Jacques-Stephen Alexis. Ce sont deux des principaux leaders de la révolution haïtienne de 1946, connue sous le nom des « Cinq Glorieuses ». Révolte d’étudiants et de jeunes intellectuels, le mouvement se répand dans la population de Port-au-Prince et des environs et aboutit au départ du Président Elie Lescot. Tandis que plusieurs de ses camarades sont arrêtés et éventuellement relâchés par l’armée qui a pris le pouvoir, Bloncourt, lui, est arrêté et expulsé immédiatement d’abord vers la Martinique puis vers la France.

À Paris, le peintre installe son tabouret sur les berges de la Seine et vend ses aquarelles à une galerie de Saint-Germain. Il travaille à son art aux ateliers de la Grande Chaumière et du 80 Montparnasse et prépare le professorat de dessin de la Ville de Paris….

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