La Martinique entravée

— Tribune par Pierre Alex MARIE-ANNE —

Au rebours du magnifique exemple d’unité ,de solidarité et de pragmatisme offert par la mobilisation générale des forces vives syndicales, associatives et politiques pour la sauvegarde des contrats aidés, le syndicalisme dévoyé et l’écologie dénaturée , pratiqués par certains groupuscules activistes, sont deux comportements déviants majeurs qui empêchent la Martinique d’avancer.
La première de ces déviances , s’acharne délibérément sur tout ce qui marche , toute entreprise dynamique et novatrice pour s’efforcer de la casser sous couvert de défendre les travailleurs, qui se trouveront le bec dans l’eau quand elle aura été forcée de mettre la clé sous la porte ; il ne restera plus alors à ceux-ci qu’à aller grossir la foule des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi.
Pour ce faire toute une panoplie de pratiques parmi les plus pernicieuses et destructrices est mise en œuvre : déclenchement sans préavis de mouvements de grèves inopinés ,absence de concertation préalable permettant la recherche d’un compromis dans l’intérêt bien compris des deux parties, positions d’emblée maximalistes assorties de l’exigence du tout ou rien, harcèlement continuel pour des motifs de plus en plus futiles tenant plus à la forme qu’au fond, menace de grève générale illimitée agitée en permanence (pour rassurer évidemment d’éventuels investisseurs !), volonté inavouée de prendre , dans les faits ,le contrôle de la gestion de l’entreprise, mais bien sûr aux seuls risques financier de son chef légitime ;
Bref, l’exemple même de l’irresponsabilité et de l’inconséquence auxquelles peut conduire une pratique syndicale dévoyée et immature au service d’ambitions personnelles et de basses menées politiciennes.
La seconde , sous couvert d’embrasser la noble cause de la protection de l’environnement et de la sauvegarde de la nature, qui conditionne la survie de la Planète, s’oppose systématiquement à tout projet de développement et d’investissement .
A grand renfort de medias complaisants ,ses adeptes s’érigent , sans la moindre expertise scientifique ,en censeurs suprêmes de tout ce qui est entrepris pour faire progresser le pays et offrir du travail à ses enfants.
Il ne faut surtout rien changer que tout reste comme avant ,comme « antan lontan »,époque prétendument bénie, mais qui n’a pu exister ,en tout état de cause, que par l’action transformatrice de l’homme sur son milieu pour le rendre habitable ; c’est en effet à la prise de risque et à l’audace créatrice de nos prédécesseurs que nous devons ce patrimoine historique , qui fait aujourd’hui notre fierté et constitue notre principal atout touristique.
Il ne suffit donc pas d’arborer fièrement barbe et cheveux en broussaille ,sans doute pour se donner des faux airs de grand révolutionnaire à la Che GUEVARA ,pour avoir une claire vision de l’avenir ou comprendre les exigences du monde moderne qui fait du développement économique la condition première du progrès social ;on ne peut répartir que ce que l’on a préalablement produit !
L’affichage ostensible , parles intéressés de couleurs partisanes devraient inciter les uns et les autres à plus de circonspection sur les buts poursuivis par ces soi-disant écologistes, omniprésents dès qu’une contestation sans rapport avec l’écologie apparaît ,mais dont la capacité d’indignation et de protestation dans ce domaine essentiel est des plus sélectives.
A quelques encablures de ce chantier qui à déclenché leur fureur, à cause de quelques enrochements sur le littoral SHOELCHEROIS ,c’est un quartier entier qui ne cesse de s’édifier du côté de ″fonds BATELIERE‟ dans la plus grande illégalité , quasiment ‟à la lame battante″ au risque d’être submergé en cas de subite montée des eaux, sans qu’ils n’y trouvent rien à redire ; tout au contraire , portés par la démagogie qui les animent, ils sont venus en cortège prendre la défense de ces malheureux squatters ,champions du béton armé.
De même vous ne les verrez pas s’insurger contre la prolifération anarchique des constructions qui défigurent nos rivages ou nos mornes , comme les images du Tour des yoles vu du ciel, nous en offrent tristement le spectacle ;
Pas davantage mener une campagne active contre les décharges sauvages et les VHU qui prolifèrent à l’infini et menacent la santé publique (s’agissant de ces derniers la plus grande vigilance s’impose désormais pour la mise en œuvre effective du Décret du 28 avril 2017 concernant leur élimination) ; encore moins contre le brûlage, à tout bout de champ, de pneus enflammés qui dégagent à profusion leur fumées toxiques dans l’atmosphère ; nul doute qu’ils les considèrent comme faisant partie de ″nos spécificités identitaires‟.
Des questions aussi essentielles comme la lutte contre les nuisances sonores dans un pays dont la population vieillie à grande vitesse ou encore la vigilance à avoir concernant la garantie, au plan phytosanitaire, des produits importés destinés à notre alimentation, les laissent indifférents.
Silence radio s’agissant de la pollution des sols et des rivières engendrée par l’absence d’assainissement collectif d’importantes zones agglomérées ou bien la protection des populations contre les risques d’inondations insuffisamment prise en compte par les autorités concernées.
Quant à se mobiliser pour faire adopter et respecter par les pouvoirs publics, des Plans de sauvegarde des paysages et des sites remarquables ,sans lesquels le tourisme est condamné à terme à disparaître , il n’y faut pas compter ,une action positive ne saurait les intéresser !
Le plus dramatique face à cette dérive ,mortifère pour la Martinique ,dans laquelle se complaisent ses auteurs, c’est la démission généralisée des responsables politiques qui se cachent la tête dans le sable pour ne pas en voir les conséquences .
Le constat est hélas sans appel : aucun développement véritable ne pourra être sérieusement envisagé tant que perdurera le climat détestable de « guérilla sociale larvée» , entretenu par ces trublions irresponsables qui n’ont, semble-t-il ,d’autre objectif que de casser et de bloquer .

 

Pierre Alex MARIE-ANNE

illustration : Statue de Djenne d’un esclave entravé ( 22.2cm, XIIe-XIVe siècles, Barakat Gallery Store, U.S.A.))