La jeune fille deviendra mère…

Bethléem

— Par Roland Tell —

Obéissant à l’ange du Seigneur, Joseph, le fiancé de Marie, emmène celle-ci chez lui, à Nazareth en Galilée. Mais sur prescription de l’empereur de Rome, Auguste, à propos du recensement des habitants, Joseph doit quitter sa ville, pour se rendre dans sa famille en Judée, au sud de la Palestine. C’est donc au village de Bethléem, que va naître Jésus, l’enfant annoncé de la Vierge Marie, selon l’idéal messianique. Marie couche son fils premier-né dans une crèche, au sein d’une campagne de bergers.
Cette date de naissance, n’est-ce pas là, le fondement de la foi de ceux qui croient ? Au fil des siècles, cette vérité première va devenir un savoir, donc la science des mystères révélés, la science de Dieu ! Comme dit Saint-Paul :  » Grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait triompher, en tous temps, dans le Christ-Jésus, son fils, et, parmi nous, répand tout le parfum de sa connaissance ! »
Certes, le développement humain, ici-bas, n’est pas seulement matériel. A côté du pôle économique, il y a le pôle religieux, pour la vie sociale, pour la survie de l’âme. A la Martinique tout particulièrement, l’idée messianique et évangélique du Royaume de Dieu s’impose fortement à l’esprit collectif, au sein de nos églises, et de nos temples. En effet, nombreux sont ceux qui souhaitent que le spirituel vivifie le temporel, afin que les Martiniquais vivent mieux leur existence présente, puisque si le Christ Jésus est vrai Dieu, il est aussi vrai homme. Et comme dit encore Saint-Paul, « Notre Seigneur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous arracher à la corruption du siècle présent. »
C’est pourquoi, même si « l’haleine de l’homme est mortelle à l’homme » (Rousseau), il faut inlassablement faire comprendre, par exemple, à nos gouvernants locaux, en leur personnalisme outrancier, qu’ils ne jouissent pas de plein droit des grâces du ciel, qu’ils ne sont aucunement ni seigneurs ni maîtres du peuple martiniquais ! Comment peut-on se sentir heureux de sa gouvernance, quand on se prive continûment du bienfait de l’usage commun, du régime communautaire de gestion du pays ? Le péché d’amour de soi ne doit pas obséder à ce point, car, pour ce péché, il n’y a nul isoloir, nul confessionnal, nul confesseur, nul directeur de conscience ! Nul signe, non plus, dans le ciel martiniquais !
A la naissance de Jésus, une étoile est apparue. Des Rois Mages, réputés savants, originaires de l’Est, sont venus saluer l’enfant Jésus. Regardez bien la crèche : ils se mettent à genoux devant l’enfant, ils le saluent, ils offrent de l’or, de l’encens, des parfums. Combien plus belle doit-elle paraitre leur dévotion, par le pieux témoignage, que donne la crèche en cette nuit ! Leur adoration aura place jusqu’à la fin des temps, et même dans les petites crèches des foyers martiniquais, jusqu’à toute postérité, de mère en fille, de père en fils. Regardez encore la crèche : plus modestement, les bergers, après avoir quitté leurs troupeaux en lieu sûr, partent à Bethléem, émerveillés et heureux de regarder l’enfant nouveau-né, tout en chantant à tue-tête la gloire de Dieu. C’est, pour chacun d’eux, le ciel de l’âme, là où s’annoncent bien des changements pour l’humanité. N’est-ce pas, pour nos bergers, le passage du monde naturel au monde surnaturel ? Combien plus belle devrait paraître leur vie maintenant, par le doux spectacle que donne la crèche de Bethléem !
ROLAND TELL