La Fondation pour la mémoire de l’esclavage sera présidée par J-M. Ayrault

Le président Emmanuel Macron a confirmé le 27 avril au Panthéon la création dans l’année d’une Fondation pour la mémoire de l’esclavage, qui sera présidée par l’ancien premier ministre et maire de Nantes Jean-Marc Ayrault.

Annoncée le 10 mai 2016 par François Hollande, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage sera « créée cette année », a confirmé le président Emmanuel Macron, vendredi 27 avril, au Panthéon, à l’occasion du 170e anniversaire du décret d’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises.

Une cérémonie à laquelle participait l’ancienne ministre Christiane Taubira, à l’origine de la loi du 21 mai 2001 de « reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité ».

La fondation sera présidée par l’ancien premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault, qui présidait déjà, depuis un an, le groupement d’intérêt public « Mission de la mémoire de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions », dont l’objectif était de créer cette institution.

« Replacer l’esclavage dans le temps long de l’Histoire »

La fondation sera « logée à l’Hôtel de la Marine où l’abolition de l’esclavage fut décrétée le 27 avril 1848 » par Victor Schœlcher (1804-1893) et sera « dotée de moyens humains et financiers mais aussi scientifiques, pour mener des missions d’éducation, de culture, de soutien à la recherche et aux projets locaux », a détaillé le chef de l’État.

« La fondation aidera également à replacer l’esclavage dans le temps long de l’Histoire de la France, du premier empire colonial français à nos jours, car il est impossible de parler de la France d’aujourd’hui sans parler de son passé colonial, sans dire en particulier le rapport singulier qu’elle entretient avec le continent africain, cette relation complexe et profonde qui est devenue une part inaliénable de nos identités respectives », a expliqué Emmanuel Macron.

La fondation « devra porter partout l’engagement de la France pour la liberté car l’esclavage n’a pas disparu et il reste encore aujourd’hui des abolitions à gagner », a-t-il ajouté.
Un Mémorial national mais pas de musée à Paris

Le 10 mai 2017, accompagné de son successeur tout juste élu, François Hollande avait jugé « plus que jamais nécessaire de faire la paix des mémoires », invitant Emmanuel Macron à « porter » à son tour ce message.

L’actuel président a également annoncé un « soutien » au Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre, et l’édification d’un Mémorial national à Paris, dans le Jardin des Tuileries. Mais pas de création d’un musée, comme le réclamaient plusieurs associations, dont SOS Racisme et le Conseil représentatif des associations noires (Cran).

« L’esclavage, comme du reste le colonialisme, s’est construit sur un système d’exploitation économique. Mais c’est parce qu’il s’appuyait sur le racisme et les préjugés qu’il a pu perdurer. Et le racisme a voulu trouver dans l’esclavage et ses séquelles de nouvelles justifications, aussi odieuses que fallacieuses. Alors, autant qu’un devoir de mémoire, l’histoire de l’esclavage ouvre un devoir d’avenir car la compréhension de ce qui a pu justifier ce commerce immonde doit être un outil pour conjurer la haine et le rejet de l’autre », a affirmé Emmanuel Macron.

« Il n’y a pas de récits interdits dans le récit national, a insisté le chef de l’État. Il n’y a pas de douleurs oubliées dans la mémoire nationale. Mais le passé ne doit pas nous entraver. Il doit au contraire nous éclairer et nous guider ».

Source LaCroix avec AFP