Il faut « inventer de nouvelles politiques de la Terre »

— Par collectif —

Après le retrait américain de l’Accord de Paris, un collectif de chercheurs, dans une tribune au « Monde », explique que la lutte de l’humanité contre le dérèglement climatique dépend désormais aujourd’hui du volontarisme européen.

La décision était attendue depuis l’élection de Donald J. Trump, mais elle crée néanmoins une onde de choc, et un bouleversement majeur des relations internationales. Le retrait américain de l’Accord de Paris a un air de déjà-vu : en 2001 déjà, pour des motifs similaires, le président George W. Bush avait annoncé le retrait américain du protocole de Kyoto, expliquant que le mode de vie américain n’était « pas négociable ».

Chacun perçoit aujourd’hui l’enjeu que cette décision et le signal politique brutal qu’elle envoie représentent pour le futur de l’humanité. Le président Macron, réagissant à l’annonce de la Maison Blanche, a eu des mots très justes, soulignant que le changement climatique était « le grand défi de notre temps ».

On débattra beaucoup, dans les jours à venir, des conséquences et des modalités de ce retrait. Mais une chose est certaine : l’Union européenne est désormais au pied du mur, et doit s’affirmer, dans un partenariat avec la Chine, comme la force motrice de l’action internationale contre le dérèglement climatique. C’est sa responsabilité morale : sans exagérer, on peut dire que le sort de l’humanité dépend désormais aujourd’hui du volontarisme européen.
Une question de survie pour certains

Mais cette volte-face sur le climat fournit aussi à l’Europe une occasion inespérée de relancer son projet politique, en panne depuis plusieurs années. Alors que les questions environnementales ont été si souvent négligées par les chancelleries, si souvent reléguées au rang d’enjeux techniques et secondaires, elles peuvent désormais devenir le socle d’une relance politique du projet européen. Les dirigeants français, allemand et italien l’ont bien compris, en publiant un communiqué commun – auquel la Grande-Bretagne n’a pas voulu s’associer – au soir de l’annonce faite à Washington.

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