Hymne à l’humanité

— Par Robert Saé —
humaniteDédié aux civils Palestiniens massacrés, aux victimes Malaysiennes de l’avion abattu en Ukraine, aux lycéennes Nigérianes kidnappées et aux milliards d’êtres humains qui subissent des exactions de par le monde.

Elle vit, l’Humanité, derrière les ricanements de ces âmes perdues qui, se croyant heureuses, parviennent à s’empiffrer dans un monde de misère et de cruauté. Il vit, l’espoir, derrière les résignations et les désarrois que nourrissent les médias vampires et nécrophiles.

Car au-dessus de ceux qui applaudissent la bestialité des bourreaux des ghettos de Varsovie ou de Gaza, Il y a des soldats qui refusent de tirer et, partout, les peuples disent « Halte aux massacres ».

Car au-dessus des Benladen, des Bush et des Nétanyahou qui instrumentalisent les religions pour servir des causes criminelles, des pèlerins du Christ, de Bouddha ou d’Allah et des révolutionnaires sincères pratiquent quotidiennement l’amour et le partage ;

Car au-dessus des impérialistes, des multinationales, des spéculateurs et des tyrans, les personnes dignes et généreuses luttent et bâtissent l’autre monde.

Car au-dessus de ceux qui sont fiers d’hériter de « grandeurs » passées, bâties sur le crime et l’oppression, il y a ceux qui, ne s’enorgueillissant pas des pharaons ou des rois, pensent, plutôt, aux anonymes « qui ont trainés les blocs de pierres »*.

Car au-dessus de ceux qui croient qu’une couleur de peau, une appartenance territoriale, un statut social décrété par des oppresseurs, leur confèrent une quelconque supériorité, sur tous les coins de la planète, communient des hommes et des femmes qui se savent membre d’une même famille ;

Car au-dessus des judas qui trahissent leurs frères pour réaliser de piètres ambitions politiciennes ou accaparer des biens passagers, des milliers de bénévoles, militants de partis, d’associations caritatives, sportives et culturelles font vivre la solidarité et contribuent à l’épanouissement humain.

L’Humanité souffre, il est vrai,
Malmenée par les profiteurs qui cultivent la bestialité, divisent les populations et jettent les uns contre les autres les membres d’un même corps ;

Ballotée par ces communautés qui se massacrent après avoir vécu en harmonie pendant des siècles, par ces meutes de mâles qui se bestialisent dans des viols collectifs, par ces agresseurs de personnes âgées ou handicapées, par ces parents ou ces adolescents qui s’entretuent ;

Avilie par ceux qui, diabolisant le voile, prétendent refuser l’oppression des femmes pendant qu’ils violentent leurs conjointes et jettent les prostituées dénudées dans l’esclavage sexuel.

Piétinée par des Pays qui se sont arrogé le droit d’imposer partout leur « démocratie », pendant qu’ils pillent les richesses mondiales, coopèrent avec des dictateurs et des bandes génocidaires et qu’ils agressent militairement tous ceux qui se mettent au travers de leur chemin.

Mais l’Humanité s’émancipe, arrachant le masque qui cachait le visage hideux de cet occident soi-disant modèle de civilisation et se libérant des mystifications racistes. Et nous, Afro-descendants, fiers de nos racines, nous ne voyons pas en OBAMA « un noir » mais seulement le chef zélé d’un état impérialiste criminel ; nous ne nous voyons pas davantage en notre camarade Français « un blanc » mais la personne estimée.

Et l’Humanité avance inexorablement, mobilisant l’Émotion et la Raison, également sève de tous les peuples, pour inventer et bâtir un monde plus juste et plus solidaire. Les diagnostiqueurs de nostalgie n’y pourront rien. Aucune force ne pourra imposer indéfiniment les constitutions, les lois, les institutions qui font obstacle à la vie. L’histoire à vu se succéder la débâcle des empires les plus puissants ; elle sera riche de nouvelles transformations révolutionnaires. Et nous, anticolonialistes poursuivrons la lutte aux côtés de tous les autres peuples pour construire une société permettant à tous d’aspirer à un vrai Bonheur fondé sur l’amour et le partage.

L’amour, le partage, l’élévation spirituelle ne sont pas l’apanage des Religions. Ce sont des bases indispensables au progrès de notre Humanité. Chacun peut et doit contribuer à leur avènement. Si l’engagement politique, collectif et individuel, est indispensable aux avancées révolutionnaires, les progrès de l’humanité demandent que chacun s’amende et s’élève. A ceux qui se désespèrent de l’état du monde, le Mahatma GHANDI  répond « changez d’abord en vous ce que vous voulez changer autour de vous »

Reconnaître avec humilité ses limites et ses errements,

Arroser cette graine d’humanité qui existe chez les autres et en soi-même dans un effort commun d’épanouissement,

Cultiver au quotidien le respect de soi, le respect des autres, le respect de la parole donnée, la pratique du partage et de l’empathie, c’est déjà changer le monde

Assurément, l’Humanité continuera à fleurir de l’agir de tous ceux que les intégrés satisfaits traitent avec superbe d’« idéalistes » et de « doux rêveurs».

le 30/07/2014,

Robert Saé
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*cf. Bertolt Brecht
Questions que se pose un ouvrier qui lit
Qui a construit Thèbes aux sept portes ?
Dans les livres, on donne les noms des Rois.
Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ?
Babylone, plusieurs fois détruite,
Qui tant de fois l’a reconstruite ? Dans quelles maisons
De Lima la dorée logèrent les ouvriers du bâtiment ?
Quand la Muraille de Chine fut terminée,
Où allèrent ce soir-là les maçons ?  Rome la grande
Est pleine d’arcs de triomphe. Qui les érigea ? De qui
Les Césars ont-ils triomphé ? Byzance la tant chantée.
N’avait-elle que des palais
Pour les habitants ? Même en la légendaire Atlantide
Hurlant dans cette nuit où la mer l’engloutit,
Ceux qui se noyaient voulaient leurs esclaves.
Le jeune Alexandre conquit les Indes.
Tout seul ?
César vainquit les Gaulois.
N’avait-il pas à ses côtés au moins un cuisinier ?
Quand sa flotte fut coulée, Philippe d’Espagne
Pleura. Personne d’autre ne pleurait ?
Frédéric II gagna la Guerre de sept ans.
Qui, à part lui, était gagnant ?
A chaque page une victoire.
Qui cuisinait les festins ?
Tous les dix ans un grand homme.
Les frais, qui les payait ?
Autant de récits,
Autant de questions.