Histoires d’art : Exit through the gift shop (Faites le mur !), un film de Banksy (2010).

 Par Selim Lander.

Mr Brainwash, Madonna

La session cinéma de mai a démarré très fort au CMAC avec le film décapant de Banksy, célébrissime street artist qui a pourtant réussi à préserver le mystère sur son identité véritable. Son film est à son image. Si Banksy est bien présent (en personne – évidemment floutée – et à travers son œuvre), Faites le mur ! s’organise autour d’un autre artiste contemporain, Mr. Brainwash, qui demeure également une énigme, même si son identité, dans ce cas, est parfaitement connue (Thierry Guetta, un Français installé à Los Angeles).

Le film est simultanément et contradictoirement la glorification des street artists authentiques et la dénonciation du n’importe quoi dans l’art contemporain. Parmi les artistes authentiques qui sont montrés dans le film, on signalera par exemple le mosaïste Space Invader (un autre Français) qui scelle sur les murs des villes du monde entier des figures inspirées au départ du jeu vidéo du même nom.

 

 

 

Space Invader

Banksy lui-même est probablement le plus connu des street artists. Cela tient non seulement au mystère autour de sa personne mais plus sûrement à la qualité de ses œuvres, à leur contenu émotionnel, au message politique qu’elles véhiculent. Concernant le dernier point, les fresques qu’il a peintes sur le « mur de la honte » entre Israël et la Palestine méritent une mention spéciale.

 

 

 

 

 

 

Banksy – Bethléem

Reste Mr Brainwash, alias MBW. Ex commerçant dans la fringue et dans la fripe, c’est certain ; vidéaste amateur, c’est assuré également ; plasticien authentique, c’est moins sûr, quoique son œuvre existe incontestablement. A l’origine, Thierry Guetta s’est passionné pour le street art et il a suivi, armé de sa caméra, nombre d’artistes au cours des expéditions nocturnes pour installer leurs œuvres (pochoirs, affiches). Il en a ramené d’innombrables cassettes dont certaines ont servi au montage d’un film (Life remote control, 2006). Ensuite, peut-être à l’instigation de Bansky, il serait devenu un plasticien dans la lignée de Warhol.

 

 

 

Mr Brainwash, Madonna

Le moins que l’on puisse dire de l’œuvre de MBW, c’est qu’elle n’est jamais inventive et qu’elle est souvent kitchissime. MBW appartient à la catégorie des artistes uniquement conceptuel au sens il ne réalise rien lui-même. Il se contente de passer des commandes à d’autres artistes voire à de simples tâcherons qui réalisent pour lui. A cet égard, il travaille comme un Maurizio Cattelan, avec lequel, cependant, il ne saurait être comparé. Autant l’œuvre de Cattelan est forte et originale, en effet, autant celle de MBW apparaît mièvre et convenue. Au point qu’on peut se demander, après avoir vu le film, si Guetta-Brainwash n’est pas tout simplement une invention de Banksy destinée à démontrer que l’art contemporain peut abriter n’importe quel charlatan. Abriter et faire prospérer, car MBW a trouvé le succès auprès d’un certain public dont le goût n’est certainement pas la qualité dominante, et certaines de ses « œuvres » se sont déjà vendues pour plusieurs centaines de milliers de dollars.

Au CMAC de Fort-de-France, en mai 20