Hassane Kassi Kouyaté : «Pour moi Sony est plus que jamais vivant »

« Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi » au Tropiques-Atrium : les 14 & 15 janvier 2016

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Le TARMAC : Pouvez-vous nous donner les raisons de ce travail sur Sony Labou Tansi ?
Hassane Kassi KOUYATÉ : Pour moi monter une pièce de théâtre qui parle de Sony Labou Tansi, avec un auteur et deux acteurs qui l’ont connu et aimé, c’est faire d’abord hommage au théâtre, à un théâtre exigeant tant au niveau du fond que de la forme, un théâtre du souffle tant le verbe utilisé est acéré, un théâtre où toutes les images sont sans équivoque, nettes et poignantes.

Avez-vous déjà une idée de la scénographie ?
Le plateau sera décomposé en trois espaces : celui du Lecteur, interprété par Criss Niangouna, qui évoquera ses lectures, ses souvenirs de l’homme et de l’oeuvre ; celui de Sony d’où Marcel Mankita fera entendre les mots de l’écrivain parlant de lui-même ou réagissant à ce que le Lecteur dira de lui ou aux images qui seront projetées. Le troisième espace sera celui où les deux comédiens se croiseront pour jouer des extraits des pièces.

Quels seront les autres « ingrédients » du spectacle ?
Toute la pièce sera accompagnée par la musique et donc, bien sûr, par la rumba congolaise. Des documents sonores et visuels sont également présents dans le texte même de la pièce et viendront faire écho aux mots des acteurs. Je souhaite créer un « spectacle documentaire » qui fera la part belle à la langue de Sony Labou Tansi et qui donnera, je l’espère, l’envie de mieux connaître son théâtre et son oeuvre.

Comment envisagez-vous le spectacle ?
Nous traverserons la vie théâtrale de l’écrivain congolais grâce à ce texte fil rouge retraçant son itinéraire, illustré par des images de répétitions, des interviews radiophoniques, quelques scènes de ses pièces majeures.
Pour moi Sony est aujourd’hui plus que jamais actuel donc vivant ! C’est ce qui doit ressortir de ce spectacle.

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Né en 1947 au Congo, romancier, poète et dramaturge congolais, Sony Labou Tansi était un membre de l’avant-garde africaine.

Son écriture satirique mais pleine d’espoir s’est confrontée à la censure à de nombreuses reprises. Les thèmes centraux de ses œuvres sont la corruption du pouvoir et la résistance. Il a souvent provoqué puis rompu les genres littéraires occidentaux en utilisant l’exagération, un langage démembré et une esthétique anti-naturaliste. Sony Labou Tansi n’a jamais abandonné la satire politique et la critique, mais, dans ses dernières œuvres, il touche aussi à des thèmes tels que l’amour, la vie et la mort.

Sony Labou Tansi a été successivement professeur d’anglais, chef de service à la Direction Générale de la Recherche Scientifique et député. En 1979, il fonde le Rocado Zulu Théâtre de Brazzaville et publie son premier roman : La Vie et demie.

Sony Labou Tansi gagna plusieurs prix littéraires comme le Grand Prix Littéraire de l’Afrique Noire pour L’Anté-peuple. En 1988, il obtient le premier prix de la Francophonie de la SACD et le prix de la Fondation Ibsen.

Il a effectué en 1990, une résidence d’écriture à la Maison des Auteurs des Francophonies en Limousin, qui a présenté et co-produit plusieurs de ses pièces parmi lesquelles La Rue des mouches, Antoine m’a vendu son destin, Moi, veuve de l’empire, Le Coup de vieux, Qui a mangé Mme D’Avoine Bergotha ?, La Parenthèse de sang. Ses pièces ont été également mises en scène : à Brazzaville, Dakar, Paris (Théâtre National de Chaillot, par Gabriel Garran), New-York (Ubu Theater, par George Wolfe).

Sony Labou Tansi est décédé le 14 juin 1995.