Haïti : Les organisations féministes, endeuillées après la mort de la militante Jesi Chancy-Manigat

—Par Emmanuel Marino Bruno —

jesi_chancy-manigatP-au-P, 14 juin 2013 [AlterPresse] — Plusieurs représentantes d’organisations féministes sont endeuillées, après la mort de la militante féministe, Jesi Chancy-Manigat, survenue dans l’après midi du mercredi 12 juin 2013, à la suite d’un cancer, à l’âge de 57 ans, selon les témoignages rassemblés par l’agence en ligne AlterPresse.

« C’est une grande perte au point de vue affectif. C’était une militante très utile à la lutte des femmes et au pays », exprime Danièle Magloire de l’organisation Kay Fanm (maison des femmes).

Après la chute de la dictature des Duvalier en 1986, elle est rentrée au pays pour venir encourager la lutte au sein de groupements et organisations de femmes, surtout en milieu rural à côté de la militante Magalie Marcelin (défunte dans le tremblement de terre du 12 janvier 2010), rappelle Magloire.

Il s’agit d’une grande perte, qui vient diminuer le nombre de femmes militantes, en Haïti, au sein du mouvement féministe déjà réduit, réagit, pour sa part, la directrice de «  Fanm yo la » (les femmes sont là), Lisa François, évoquant les décès causés par le séisme du 12 janvier 2010 dans le milieu des militantes de la cause des femmes en Haïti.

Ce tremblement de terre avait emporté plusieurs grandes militantes, féministes, comme Myriam Merlet, Magalie Marcelin, Anne Marie Coriolan…

« C’est l’occasion de présenter nos sympathies aux familles, enfants et tous les mouvements de femmes dans le pays, plus particulièrement les féministes », affirme François.

Jesi Chancy-Manigat a milité dans plusieurs organisations féministes, notamment au sein de la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (Conap) ainsi que de Enfofanm.

Elle a aussi collaboré avec le Centre de recherche et d’information économique et sociale pour le développement (Cresfed) dans la sortie de la revue dénommée « rencontre ».

Elle était aussi une membre active de l’organisation Technique, animation, gestion (Tag), où de nombreuses femmes apportaient un appui technique, sur demande, à différentes institutions et associations.

Elle a été l’une des fondatrices de Conap, créée formellement, le 17 octobre 2002.

Au directoire de Conap, elle a beaucoup travaillé pour structurer les réseaux d’organisations de femmes, comme Fanm Deside (les femmes décidées) Jakmèl (Sud-Est), Kay Fanm (Nippes), Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa Artibonite / Nord).

Avec sa formation d’économiste, ses analyses prenaient toujours en compte la participation des femmes dans l’économie haïtienne, surtout au niveau du secteur informel, en y apportant beaucoup d’éclairage important, rappelle la sociologue Magloire.

La militante attirait toujours l’attention sur le fait qu’en dépit de la grande participation des femmes dans l’économie, celles-ci n’assurent pas vraiment le contrôle du pouvoir économique, précise-t-elle, soulignant combien la défunte posait toujours le problème de la femme dans un cadre général, en tenant compte du contexte national, surtout politique.

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