Gisèle

 — Par George Arnauld pour Culture Egalité —

Mercredi 16h45, je m’arrête pour récupérer une femme en stop. Nous sommes au haut de Terreville. Elle a raté le bus de 15h… Puis celui de 16h, pour être allée faire pipi dans les fourrés !

Elle sort de 3h de ménage. Elle en est à sa 2e maison. Je la dépose à Schœlcher où elle doit faire encore 2 heures de ménage. Elle finira à 19H. Alors elle prendra le bus pour Fort-de-France puis pour le Lamentin (si elle ne les rate pas !) et là un ami viendra la chercher pour rentrer chez elle au Robert. Où elle arrivera à quelle heure ?!

On l’appellera Gisèle, et des Gisèle, il y en a des centaines qui traversent la Martinique pour aller vers les beaux quartiers gagner leur vie – et ceci à quel prix ! Le temps passé à attendre des bus correspond à plus de la moitié du temps de travail et il n’est pas payé ! Ceci dans l’indifférence totale de celles et de ceux qui sont en charge de la capacité des citoyens et citoyennes à se déplacer.

Ce sont aussi les lycéen.ne.s, étudiant.e.s qui sont touché.e.s, qui arrivent à des heures tardives à leur domicile pour repartir le matin très tôt.

C’est aussi ces femmes des banlieues de Fort-de-France pour qui aller à un spectacle sans quémander une place pour le retour reste un rêve… Allez voir celles des communes 

Une réalité chez les plus humbles qui reste sans réponse.

Pourtant des solutions diverses existent pour notre pays, si l’amélioration des conditions de vie des citoyen.n.es est une préoccupation de nos représentant.e.s, si diminuer les discriminations sociales dont sont victimes un grand nombre fait réellement partie de l’agenda politique des un.e.s et des autres.

En attendant, la vie continue avec des femmes qui cumulent toutes les injustices par le seul fait d’être femmes : des métiers mal payés car dévalorisés, des transports privés qui ne correspondent pas aux besoins des populations, des journées longues, même très longues. A cela s’ajoute, une fois rentrées, la charge des tâches ménagères.

Donnons-leur la parole, mesdames et messieurs les élu.e.s et candidat.e.s, elles vous diront ce qu’elles vivent dans leurs tripes et vous serez, nous en sommes sûres, honteuses et honteux de tant d’indifférence de votre part. Mais est-ce que cela suffira à faire bouger les choses ? Nous en doutons.

Les femmes, seule notre mobilisation massive dans la rue transformera cette honte en décisions positives. Faisons entendre nos voix !

George Arnauld (2503)