Féministes, donc contre la pénalisation des clients

— Par le collectif «8 mars pour toutes» —

prostitutionA l’heure où le gouvernement socialiste veut faire voter une loi de pénalisation des clients des prostituéEs, nous affirmons que la question n’est pas de prendre parti contre ou en faveur de l’abolition de la prostitution mais qu’il est nécessaire de prendre parti en tant que féministes. Parce que vouloir «abolir» la prostitution sans exiger, au préalable et avec le même aplomb, l’abolition de la pauvreté, de l’exploitation et du pillage du Sud par le Nord est au mieux une naïveté, au pire, une imposture. Or, ce gouvernement n’est pas naïf.

En moins de deux ans, nous avons même pu constater sa détermination à renforcer l’exploitation de touTEs et des dominations du Nord sur le Sud. Parce que nous sommes féministes, nous refusons que des femmes soient stigmatisées, discriminées, poussées à l’isolement et à l’invisibilité parce qu’elles se prostituent.

Parce que nous sommes féministes, nous refusons que les femmes se prostituant soient mises en danger parce que contraintes d’exercer dans la clandestinité.

Parce que nous sommes féministes, nous nous opposons à une loi spécifiquement violente à l’égard des femmes prostituéEs étrangères, et des femmes sans-papiers en particulier. Parce que nous sommes féministes, nous refusons que les prostituéEs soient mises en difficulté pour imposer leurs conditions, notamment le port du préservatif. Parce que nous sommes féministes, nous refusons que les prostituéEs soient exposées à la contamination au VIH et autres IST (infections sexuellement transmissibles) parce qu’éloignées des associations communautaires de santé, de lutte contre le sida et d’accès aux droits.

Parce que nous sommes féministes, nous refusons un projet de loi qui fait primer la répression sur de véritables mesures politiques, économiques et sociales pour lutter contre la domination masculine, la pauvreté, le chômage et la précarité des femmes.

Parce que nous sommes féministes, nous refusons de parler à la place des premières concernées.

Signataires : Alice Barnole actrice, Marie-Hélène Bourcier sociologue, Sarah Chiche écrivaine et psychanalyste, Wendy Delorme écrivaine, Virginie Despentes écrivaine et réalisatrice, Rokhaya Diallo éditorialiste, Sylvia Federici professeure émérite et féministe à l’université Hofstra, Françoise Guillemaut sociologue, Hélène Hazera productrice radio et ex-putain, Selma James écrivaine et militante, Emilie Jouvet réalisatrice et photographe, Sophie-Marie Larrouy comédienne, Elisabeth Lebovici critique d’art, Frédérique Ménant réalisatrice, Amélie Nothomb écrivaine, Océane Rose Marie auteure et comédienne, Ovidie auteure et réalisatrice, Rayhana auteure et comédienne, Peggy Sastre auteure, Judith Silberfeld rédactrice en chef de «Yagg», Soko auteure-compositeure-interprète et comédienne, Joy Sorman auteure, Anne Souyris journaliste et militante, Brigitte Sy actrice et réalisatrice, Sylvie Tissot sociologue.
Par le collectif «8 mars pour toutes»

Dessinpublié dans : Hebdo Tout est à nous ! 99 (21/04/11)

21 novembre 2013