Exposition Néandertal au musée de l’Homme : les coulisses d’un montage

Le musée de l’Homme à Paris propose jusqu’au 7 janvier 2019 une exposition consacrée à l’homme de Néandertal. Pendant deux mois, nous avons pu suivre les préparatifs et le montage de cet événement. Où l’on suit le travail de dépoussiérage des os et l’on voit un bison entrer par la place du Trocadéro… Reportage en coulisses.

Aux pieds de la Tour Eiffel, le Musée de l’Homme propose un voyage au coeur de la préhistoire. 350.000 ans avant notre ère, en Europe et en Asie, vivait « Homo neanderthalensis », l’homme de Néandertal. Cette espèce humaine a perduré des millénaires, croisé l’Homo sapiens avant de disparaître pour des raisons encore inexpliquées il y a 30.000 ans. Son nom vient d’une calotte crânienne découverte en 1856 en Allemagne dans la vallée (thal) de Neander, près de Düsseldorf. Ce fossile est l’une des pièces phares de l’exposition inaugurée le 28 mars. Au total, 260 objets sont exposés : deux tiers de specimens archéologiques (fossiles, moulages, outils) et un tiers d’objets d’art. Il a fallu deux ans pour les réunir.

Code secret et voyage en sous-sol

Le musée de l’Homme nous a ouvert ses coulisses. Deux mois avant le début de l’exposition, Liliana Huet, gestionnaire des collections anthropologiques, nous conduit dans la salle des coffres, un lieu sécurisé au sous-sol de l’établissement. Il faut un code secret et une clé pour ouvrir les grandes armoires en métal. Elles renferment toutes sortes d’ossements : des squelettes entiers ou partiels ou encore des crânes. Ils sont conservés dans des boîtes conçues spécifiquement avec des matériaux neutres, des écrins qui les protègent. « Ce sont des choses précieuses et surtout irremplaçables. Alors on met les moyens nécessaires pour bien les garder » explique Liliana Huet.

Elle ouvre un coffret portant la mention « Ferrassie 1 ». A l’intérieur, un crâne fossile complet en parfait état : celui d’un homme d’une quarantaine d’années trouvé en 1912 en Dordogne. C’est l’une des plus belles pièces des collections du musée. Il a été restauré en prévision de l’exposition dans les ateliers, situés eux-aussi en sous-sol.

Retrouver la couleur des os

Le musée a engagé trois restauratrices indépendantes pour préparer les fossiles. Elles travaillent notamment sur le squelette de l’homme baptisé Ferrassie 1. Lors des fouilles en 1912, certains os ont été brisés, notamment les côtes. Les restaurateurs du XXe siècle ont recollé les morceaux et bouché les parties manquantes avec de la cire. Ces réparations ont mal vieilli. « Mon travail », explique Marie Dumas, l’une des restauratrices, « est de consolider les bouchages, de redessiner les volumes, d’enlever les parties trop foncées, pour redonner à l’os une lisibilité ». Il ne s’agit pas de masquer la restauration qui doit rester visible mais de la rendre plus discrète.

Sa consoeur Anne Liégey travaille de son côté sur de petits fragments d’os. « Il y a des amas de terre et avec le temps, certaines résines sont devenues plus foncées. Elles masquent la couleur de la surface de l’os » dit-elle. Avec un scalpel, elle gratte minutieusement la surface et nettoie l’os. Il retrouve ainsi sa juste couleur pour l’exposition. Anne Liégey répète qu’il s’agit d’une restauration-conservation. L’exposition terminée, ces ossements retourneront dans leurs coffrets et seront à nouveau à la disposition des chercheurs.

Le bison doit montrer patte blanche

Un mois plus tard, nous assistons à un déménagement spectaculaire. Dix-sept animaux naturalisés, venus du Museum d’Histoire Naturelle, arrivent en camion sur la place du Trocadéro. Un renne, un auroch, un renard polaire… et un gros bison. Avant d’être autorisé à monter dans les étages, il doit montrer patte blanche. Aurélie Verguin, gestionnaire de la collection inspecte la fourrure de l’animal. « Je vérifie qu’il n’y a pas de mites. Elles peuvent grignoter tout ce qui est kératine, poils, cornes, sabots. Il y en a souvent dans les musées, alors il faut bien contrôler avant d’introduire l’animal. Ce sont de petites bêtes très coriaces ». Avant de voyager, les animaux sont désinfestés….

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