Erzuli Dahomey, déesse de l’amour de Jean-René Lemoine, m.e.s. Nelson-Rafaell Madel

Les 16, 17 & 18 février 2017 à 19 H 30 au T.A.C.

La pièce
Victoire Maison, la cinquantaine, mène une vie décente et retirée de veuve dans la petite commune de Villeneuve en Europe. Fanta, sa bonne antillaise, est bouleversée par la mort de Lady Di. Frantz et Sissi, ses jumeaux de seize ans, le sont aussi, ils admirent le destin tragique de la princesse. Victoire apprend la mort de son fils aîné, Tristan, dans un crash d’avion.

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Peu après l’enterrement de ce dernier, surgit brusquement Félicité Ndiogomaye Thiongane, une femme sénégalaise venue réclamer le corps de son fils West.

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Si West est ce fantôme qui trouble les nuits agitées du Père Denis – le précepteur des jumeaux –, n’est-ce pas lui qui repose aussi dans le caveau familial ? Mais dans ce cas où est Tristan ? Tout a désormais changé de face dans cette maison. Tandis que chacun tente de se réinventer, la déesse Erzuli Dahomey surgit, elle vient chevaucher Fanta, la bonne, de plein fouet· Quant à Victoire, désorientée, désarmée par les drames qui s’enchaînent, elle va faire une dernière tentative de réconciliation avec son fils Tristan, bien vivant et exilé sur l’île de Gorée au Sénégal.
LE METTEUR EN SCENE NELSON-RAFAELL MADEL
Directeur artistique de la Compagnie Théâtre des Deux Saisons et membre fondateur du Collectif La Palmera. Metteur en scène de : Minoé, d’Isabelle Richard Taillant (2010), P’tite souillure de Koffi Kwahulé (2013), Nous étions assis sur le rivage du monde, de José Pliya (2014). Il a été assistant à la mise en scène de Claude Buchvald, Pierre Guillois, Marie Ballet, Naidra Ayadi… Comédien dans : Roméo et Juliette de Shakespeare et
Chacun sa vérité de Pirandello, mise en scène Yoshvani Médina (Scène nationale de Martinique) ; Falstafe de Valère Novarina, mise en scène Claude Buchvald ; Le ravissement d’Adèle de Rémi De Vos, mise en scène Pierre Guillois ; Horace de Corneille, mise en scène Naidra Ayadi ; Liliom de Ferenc Molnar, mise en scène Marie Ballet ; Nous étions assis sur le rivage du monde de José Pliya, mise en scène Evelyne Torroglosa (Martinique,
2009) ; La résistante, mise en scène Sandrine Brunner ; Erotokritos de Vitzensos Cornaros, mise en scène Claude Buchvald, Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort d’après Racine, mise en scène Néry, Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux, mise en scène Paul Nguyen ; Le dragon d’Evguéni Schwartz, mise en scène Néry ; Le petit prince adaptation et mise en scène Stella Serfaty ; Quelque part au coeur de la forêt : la belle et la bête, texte de Claude Merlin, mise en scène Claude Buchvald ; Richard III, d’après Shakespeare, mise en scène Margaux Eskenazi.
L’AUTEUR JEAN-RENE LEMOINE
Dans Erzuli Dahomey, tout en empruntant la forme du vaudeville, je souhaitais en démonter la mécanique, y insuffler le tragique, pour raconter, entre autres, le parcours initiatique d’une mère, Victoire Maison, qui veut retrouver son fils, parti le plus loin possible. Le théâtre peut être le lieu de rassemblement de tout ce qui façonne nos imaginaires, et l’écriture dramatique celui de l’intrication d’éléments qui constituent notre société
dans ses modernités, qu’il s’agisse de la mode, des vidéo-clips, des légendes ou du cinéma. L’essentiel étant de recréer de la Poésie ! Erzuli Dahomey participe de mon envie de mêler le tragique et le frivole.
Si Erzuli Dahomey parle du choc de deux mondes, racontant aussi, de façon hallucinée, une partie de la grande Histoire (celle de la traite et de l’esclavage), la pièce ne se situe pas moins profondément dans l’intime d’une famille. Il y est question de rapports de pouvoir, de manque d’amour, de désirs périlleux, mais aussi et surtout de solitude. Je tenais à plonger le spectateur dans un maelström de sentiments et de situations
paradoxales où l’on rit au début d’une réplique pour ressentir l’instant d’après l’obscurité ou la violence, comme l’amer qui succède au doux… Ce qui est fondamental dans la rencontre entre Victoire, la femme blanche, et Félicité, la femme noire, c’est que chacune a perdu un fils.
De ce point de vue, la « vérité profonde » de Félicité, c’est de faire pleurer Victoire… Le théâtre est pour moi le lieu de l’irrationnel, du poétique. Et s’il y a une présence du poétique dans l’univers de Félicité, celuici n’est pas pour autant absent de l’univers de Victoire, qui a été actrice. Mais chez elle, il s’est effacé.
C’est l’apparition du fantôme de West, le fils de Félicité, puis l’irruption de cette dernière, qui amorcent la « révolution » de Victoire.

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Erzuli Dahomey, déesse de l’amour de Jean-René Lemoine
Durée : 1 H 40
Mise en scène et scénographie
Nelson-Rafaell Madel
Auteur
Jean-René Lemoine
Collaboration à la scénographie
Lucie Joliot
Avec : Alvie Bitémo, Emmanuelle Ramu,
Karine Pédurand, Claire Pouderoux,
Adrien Bernard-Brunel, Mexianu Médénou,
Gilles Nicolas
Collaboration chorégraphique
Gilles Nicolas
Lumières
Lucie Joliot
Création sonore et musique originale
Yiannis Plastiras