Entre responsabilité sociétale et dialogue constructif …….. une politique d’insertion concertée !

— Par Jean-Claude Dolmen * —

ursiae_dolmenDepuis plusieurs années, la société française dans son ensemble et la société antillaise en particulier, sont confrontées à une crise importante qui a eu notamment pour effets de creuser les inégalités et générer du chômage et de l’exclusion.

Pour atténuer ces effets, les réseaux de l’Economie Sociale et Solidaire ont développé des actions permettant de recruter, d’accompagner et de former les personnes ne répondant plus aux exigences d’un marché du travail devenu très sélectif.

Entreprises sociales fortement ancrées dans les territoires, les structures de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE) contribuent au développement économique local tout en assurant un rôle indispensable de vecteur de cohésion sociale et d’outil d’acquisition de compétences.
Politique publique de l’emploi avant tout, l’Insertion par l’Activité Economique est devenue une interface efficiente entre l’économique et le social, ou plus précisément entre des logiques temporelles (les marchés à conquérir et à rentabiliser) et des logiques spatiales (les territoires à vivre ensemble).
Ainsi, l’IAE s’inscrit pleinement dans le secteur de l’économie sociale et solidaire et place l’Homme au cœur du développement local durable orienté vers l’emploi.
Cette politique publique est portée au quotidien par les Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE), que sont, à la Martinique, les 39 Ateliers Chantiers d’Insertion, les 11 Associations Intermédiaires, les 19 Entreprises d’Insertion et l’unique Entreprise de travail Temporaires d’Insertion fédérées au sein de l’un des rares inter-réseau régional de France, URSIAE-Martinique.

Les SIAE placent l’Homme au cœur de leur préoccupation et s’inscrivent dans un concept d’entreprenariat social et solidaire, faisant la promotion de l’emploi salarié de proximité, non délocalisable et se positionnant sur des secteurs d’activité porteurs d’emplois.

La question de la responsabilité sociétale, à cet égard, demande un certain type de paradigme culturel et, en conséquence, de politique. Nous sommes responsables de la formation de nouvelles générations, compétentes techniquement, et fermes sur les valeurs éthiques.

L’avenir exige de nous une vision humaniste de l’économie et une politique qui réalise toujours plus et mieux la participation des personnes en parcours d’insertion, évite les élitismes et déracine la précarité, voire la pauvreté.

Que personne ne soit privé du nécessaire et que dignité, fraternité et solidarité  soient assurées à tous : c’est la route à suivre.

Ainsi donc, celui qui assume un rôle de guide doit pouvoir déterminer des objectifs très concrets et rechercher les moyens spécifiques pour les atteindre, mais il peut y avoir le danger de la déception, de l’amertume, de l’indifférence, quand les aspirations ne se réalisent pas.

Dans notre responsabilité partagée, il est important de comprendre toute la réalité, en observant, soupesant, évaluant, pour prendre des décisions dans le moment présent, mais en élargissant le regard vers l’avenir, en réfléchissant sur les conséquences des décisions.

Celui qui agit de manière responsable place sa propre action devant les droits des autres et devant sa propre conscience. Ce sens éthique m’apparaît aujourd’hui comme un défi historique sans précédent. Au-delà de la rationalité scientifique et technique, dans la situation actuelle s’impose le lien moral avec une responsabilité sociale et profondément solidaire.

Mais….. Au-delà de l’humanisme intégral…… s’impose la nécessité d’un dialogue constructif.

Entre l’indifférence égoïste de ces dernières années et la protestation violente de Février 2009, il y a une option toujours possible : le dialogue.
Le dialogue entre les générations, le dialogue avec la population, avec les structures associatives, avec nos institutions, la capacité de donner et de recevoir, en demeurant ouverts à la vérité.

En acceptant de nous dire les choses….En acceptant de les entendre.

Un pays grandit quand dialoguent de façon constructive ses diverses richesses culturelles : culture populaire, culture universitaire, culture des jeunes, culture artistique et technologique, culture économique et culture familiale, et culture des médias, culture politique.

Il est impossible d’imaginer un avenir pour notre société sans une forte contribution d’énergies morales dans une démocratie qui n’est jamais exempte du fait de demeurer fermée dans la pure logique de représentation des intérêts constitués.

L’autre a toujours quelque chose à me donner, si nous savons nous approcher de lui avec une attitude ouverte et disponible, sans préjugés…..Dans ce que j’appelle la « Pépite Attitude ».

C’est seulement ainsi que peut grandir une bonne entente entre les cultures et les institutions, l’estime des unes pour les autres sans précompréhensions gratuites et dans le respect des droits de chacun.

Le respect mutuel entre les hommes et la collaboration pour construire une société plus juste ne sont pas une utopie, mais le résultat d’un effort concerté de tous en faveur du bien commun.

L’Assemblée Générale annuelle de l’URSIAE-Martinique, qui s’est tenue le Vendredi 19 juin 2015, en présence des partenaires institutionnels et du Président de l’URSIAE-Guadeloupe, Mr Juanito VALETUDIE a permis de formaliser la coopération entre les deux fédérations, grâce à la signature d’une convention partenariale.
Ce rapprochement témoigne de la volonté commune des deux Présidents de partager leur vision quant à la place de l’IAE dans le développement social et économique de leurs territoires, et de conjuguer leurs moyens pour une plus grande efficience de leurs actions.

Il faut dire que les réformes successives menées au pas de charge, ces dernières années, dans un contexte déjà compliqué a beaucoup malmené les structures d’insertion.

A l’application laborieuse de la convention collective des ACI , la loi de sécurisation de l’emploi, la réforme du financement de l’IAE, la fin de la programmation FSE 2008-2014, la baisse des dotations de l’Etat, la réforme de la formation professionnelle ; il faut ajouter les problèmes récurrents de trésorerie engendrés d’une part, par les paiements à « perte de vue » du FSE et la modification des dates de versement de l’ASP.

En outre, dans un contexte social fragile, budgétaire contraint et politique incertain du fait de la préparation de l’installation de la future Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), les trois associations têtes de réseau régionales œuvrant dans le secteur de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS , URASS et URSIAE) ont constitué un groupe de réflexions destiné à organiser une démarche de concertation permettant de construire un nouveau cadre garantissant la réussite de leurs missions respectives..
Pour rappel, la charte d’engagement réciproques signée entre l’État, le Mouvement associatif et les collectivités territoriales rappelle que :
« L’État et les Collectivités Territoriales reconnaissent aux associations une fonction d’interpellation indispensable au fonctionnement de la démocratie ».
Le Conseil d’Administration de l’URSIAE-Martinique porte la conviction que le poids économique et la contribution sociale du réseau des structures de l’URSIAE-Martinique, constituent une réponse appropriée, si nous voulons réellement sortir de l’inertie opérationnelle et actionner des leviers d’actions concrètes face à la dégradation du contexte social local.

En effet, les actions liées à l’accompagnement des personnes en parcours d’insertion, l’observatoire, l’accompagnement des structures d’insertion par l’activité économique et des porteurs de projets, les réflexions sur les métiers innovants, et la plateforme de professionnalisation sont autant de domaines qui permettent de contribuer aux orientations sur l’Insertion par l’Activité Economique et plus généralement sur l’Économie Sociale et Solidaire.

Le Président de l’URSIAE-Martinique a enfin réaffirmé l’importance d’un inter-réseau régional unique à la Martinique, en capacité de proposer une vision stratégique des solutions à partager avec tous les acteurs politiques, institutionnels et sociaux de la Martinique.

En un mot, une stratégie de l’IAE, portée par une URSIAE-Martinique « Inter-réseau régional un et indivisible » apparait comme une véritable réponse à la sécurisation des parcours professionnels ; notre pays ne pouvant se satisfaire d’un marché de l’emploi qui génère de manière structurelle, précarité et pauvreté pour une frange de la population caractérisée le plus souvent par un faible niveau de qualification.

C’est pourquoi, l’IAE, se situe incontestablement au cœur d’une action de développement local, durable et orienté vers l’emploi. C’est une action de proximité et de dynamisation sociale, situant l’homme au cœur du développement local. C’est aussi une action de requalification, de préservation de l’avenir des hommes et des territoires, des hommes dans les territoires.

En complémentarité des dispositifs de formation, d’insertion et de solidarités existants sur notre territoire, l’IAE constitue un outil essentiel qui a fait ses preuves en plus de vingt ans de pratique dans l’accompagnement des transitions sociales et professionnelles, particulièrement pour les personnes les moins qualifiées et/ou en situation précaire.

Le lien existant entre le développement économique, l’emploi et l’insertion est donc un enjeu primordial : il permet de garantir la cohésion sociale et territoriale tout en répondant à des objectifs en terme de compétitivité et d’attractivité des territoires communautaires en particulier, et partant, de tout le territoire Martiniquais.

C’est la raison pour laquelle, nous voulons assumer le rôle de partenaire sur lequel les décideurs locaux et nationaux peuvent et doivent compter afin de contribuer à l’enrichissement des réflexions menées sur l’axe de l’Insertion et du développement local.

Pour conclure, je veux réaffirmer ma conviction profonde que l’investissement économique et la contribution sociale des structures de l’IAE (1er employeur privé de l’île – 3200 salariés en mars 2015) sont de vrais piliers du développement territorial durable et de l’emploi en Martinique.

Leur organisation en Union Régionale (URSIAE) constitue par ailleurs une réponse appropriée au besoin d’engagement rapide d’actions concrètes face à la dégradation du contexte social local.

Les échéances politiques à venir avec, notamment la mise en place de la Collectivité Territoriale de Martinique, seront l’occasion d’éprouver la volonté partagée des candidats et gouvernants Martiniquais , à tenir compte de la nécessaire prise en compte de l’expertise bénévole de la société civile.

Le Président de l’URSIAE-Martinique

Jean-Claude DOLMEN