En «la» majeures

—Par Christian Losson, Gilles Renault, Sophian Fanen —

Il y a fort à parier qu’aussi longtemps que Les femmes s’en mêlent existeront, on ne se lassera jamais de les exalter. Et ce pour une raison simple : chaque année, renouvelé de fond en comble, on s’y rend tout bonnement comme on irait à un Meetic du rock : un rendez-vous vers l’inconnu(e) qui émoustille, le cœur léger, sans, la plupart du temps, savoir sur qui on va tomber, mais avec le net pressentiment qu’on ne regrettera pas la soirée. Quitte à être déçu. Pas grave, puisque telle est la règle du jeu, fondé sur la découverte à tous crins (couettes, chignons, etc.) ; d’autant qu’une fois lancées, les artistes naguère débusquées par le festival deviennent en général trop chères pour qu’il puisse les reprogrammer.

«Porté avec passion et curiosité», comme le formule l’édito de la 16e session, Les femmes s’en mêlent compense toujours des moyens ric-rac par une envie, un enthousiasme et, souvent, une sagacité qui font chaud au cœur. Dévolu, comme son intitulé n’en fait pas mystère, à la création féminine dans la sphère pop-rock-folk-electro…, le caravansérail se déploie ainsi sur une quinzaine de jours, non seulement à Paris, mais aussi dans toute la France avec, autre particularité, une trentaine de localités embringuées, d’Amiens à Toulouse, de La Rochelle à Strasbourg.

Le casting del’édition 2013 comporte plus de 20 noms, dont : une tête d’affiche très relative, la chanteuse folk américaine Alela Diane, qui présentera les titres d’un album à venir ; quelques aspirantes sur lesquelles nous avons déjà misé (Mesparrow, Peau, Liesa Van Der Aa…). Et le brelan suivant, qui résume assez justement l’esprit émancipateur de la bordée.
Novella Trio anglais noisy au charme shoegaze

Novella tient d’une première nouvelle rock prometteuse dont l’avenir reste à écrire. «On verra bien, on ose, on s’éclate, et on en profite», s’amuse Hollie Warren (chant et guitare). Voici donc un trio délivrant une pop noisy aux charmes shoegaze(eux) entêtants. C’est que, derrière la vitrine girly dream-pop psychédélique et une voix façon nuages flottants, des nappes de guitares viennent vite muscler l’arrière-boutique reconvertie en garage (rock). Guitares gambadantes, basse bagarreuse, mélodie métronomique : les Anglaises y cuisinent soniquement du tofu vintage touillé au piment vert de la hype brit créative ambiante.

Le récit de Novella a commencé par un message sur Myspace en décembre 2006, entre Hollie Warren et Suki Sou, alors à Brighton : «Formons un groupe !» Elles lancent alors, avec Linda Jarvis, le déjà oublié Houdini Kill Sale, où aucune n’ose alors chanter. Jarvis fait sécession et part créer (le très chouette) Echo Lake. Les deux larguées récupèrent Sophy Hollington lors de leurs études à Londres et accouchent de Novella, en 2010. Premières gammes en 2011 ; CD 5 titres en mai 2012 (sur le label italien Beach Babes) ; single en novembre… «Et peut-être l’enregistrement d’un premier album au long en 2013», se marre Hollie Warren. «C’est clair, on n’est pas pressées . Pas question de se mettre trop de pression, on préfère prendre le temps de l’écriture.» En attendant, profitons de Novella : ce n’est que leur deuxième venue en France après Rockorama, l’an passé, à Toulon.
Phoebe Jean and the Air Force Primesautière et mélancolique

Ceux qui l’ont déjà vue aux dernières Transmusicales de Rennes en gardent un bon souvenir. Les autres (c’est-à-dire encore un bon paquet de monde) feront bien, à leur tour, d’aller à la rencontre de cette Américaine dont tout porte à croire qu’il fait bon la fréquenter. Phoebe Jean vient de Baltimore, ville qu’elle évoque avec une affectueuse lucidité : «J’y ai tout, dit-elle. Souvenirs, famille, amis, maison, chiens (Roxy et Kuma) et chats (Young Nation et Goblin), neuf motos et une Cadillac Seville 1967. C’est un endroit relativement pauvre où l’on peut vivre et se loger pour pas cher. Les choses s’y déroulent plus lentement qu’ailleurs, à commencer par New York, par exemple, qui n’est pourtant qu’à trois heures et demie de route. Chez moi, les gens se parlent sans forcément se connaître, se sourient, en dépit des difficultés que l’on ne peut ignorer. Car, pour moi, Baltimore symbolise autant le crime que la vérité, les coups tordus que la liberté. Et surtout, je m’y sens bien pour créer.»

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Les femmes s’en mêlent 16e édition à Paris et en province. Du 18 au 31 mars. Rens. : www.lfsm.net Novella en concert mercredi au Point éphémère, à Paris, et jeudi au Fuzz’yon, à La Roche-sur-Yon. Phoebe Jean and the Air Force à Saint-Lô (samedi), Strasbourg (le 26), Lorient (le 27), Amiens (le 28) et Paris, à la Machine du Moulin rouge (le 29). Perrine en morceaux au Divan du monde, à Paris, le 25 mars.

17 mars 2013 à 21:16 (Mis à jour: 18 mars 2013 à 09:40)