En Haïti, la colère gronde contre la gestion catastrophique de l’aide

Dix jours après le passage de l’ouragan Matthew, les villages les plus touchés n’ont reçu ni assistance ni nourriture

haiti_matthew-4Ils ont faim et leur estomac vide est le pire conseiller. A Glizan, un hameau situé à vingt minutes à peine à l’ouest de l’aéroport de Jérémie sur lequel sont stationnés les hélicoptères des Nations unies, ils sont une trentaine, massés au bord de la piste défoncée qui file en direction des petits bourgs de Bonbon et des Abricots. Fébrilement, ils guettent le passage de véhicules, convaincus que leurs chargements pourraient adoucir leur existence. Depuis le passage de l’ouragan Matthew et de ses rafales à 230 km/h qui ont causé au moins 546 morts, dans la nuit du 3 au 4 octobre, celle-ci ne tient plus qu’à un fil.

Pour signifier leur exaspération de n’avoir pas encore reçu d’aide, alimentaire ou autre, dix jours après la tempête, hommes, femmes et enfants – l’école a été détruite – ont érigé un barrage à l’aide de branchages et de câbles, jeudi 13 octobre.  » Les aides passent, dans des voitures, des camions et des hélicoptères et, nous, on n’a rien « , s’insurge un quinquagénaire en créole en pointant la route et le ciel.  » La situation est déplorable, renchérit Jackson Antoine, la trentaine. Nos maisons sont détruites, les cultures de nos jardins aussi, on avait déjà très peu d’eau et, maintenant, on n’en a plus du tout. On est obligés de mettre des barricades pour demander au gouvernement s’il va nous tirer de là ou nous laisser crever de faim. « 

La coordination de la distribution des aides provenant de l’étranger incombe à l’Etat haïtien, et c’est bien là que le bât blesse. Les autorités semblent n’avoir aucune stratégie logistique précise. Le souvenir du fiasco de la gestion des conséquences du séisme de 2010 qui avait fait environ 250 000 morts et provoqué une épidémie de choléra responsable d’environ 10 000 autres décès, et pour lequel seulement une infime partie de l’aide était parvenue aux victimes, hante donc les sinistrés. Au point qu’ils s’en prennent même à leurs semblables…

 » Toujours pour les riches « …

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