En Guadeloupe, des bananes sans pesticides

— Par Martine Valo —

L’île a été empoisonnée par le chlordécone, un produit interdit aux Etats-Unis depuis 1976

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Pisang raja, Calcutta-4 : les noms des bananiers de la station agronomique expérimentale de Neufchâteau, sur les hauteurs de Capesterre-Belle-Eau (Guadeloupe), rappellent que leurs origines se situent en Inde ou en Asie du Sud-Est. Dans cette belle plantation sont entretenues quatre cents variétés de bananes, c’est l’une des cinq plus riches collections du monde.

Mais toute cette diversité présente sur la plate-forme du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, le Cirad, est au service d’une seule : la banane d’exportation produite sur l’île, l’omniprésente Cavendish qui règne sur la quasi-totalité des marchés mondiaux. L’objectif numéro un est de trouver le moyen de rendre ce fruit plus résistant aux attaques de ravageurs qui prospèrent dans la chaleur humide tropicale… mais sans recourir aux pesticides.

Grâce à l’aide des scientifiques en partie soutenus par des fonds européens, avec aussi une forte pression de la société, les planteurs assurent avoir réduit de 75 % l’usage des produits phytosanitaires en dix ans. Ils traitent en moyenne dix fois moins que leurs concurrents dans le monde. Une performance méconnue des consommateurs, se plaignent-ils. Il faut dire qu’une autre image colle à la peau de leurs bananes. Jusqu’en 1993, les professionnels ont utilisé le chlordécone pour lutter contre le charançon qui fait mûrir les fruits trop vite, alors que cet organochloré très persistant était interdit depuis 1976 aux Etats-Unis, puis dans l’Union européenne à partir de 1990. Les sols, l’eau douce, puis la mer ont été contaminés pour plusieurs siècles, avec des conséquences graves sur la santé publique et sur l’économie.

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