Dix millions de tonnes de nourriture sont gaspillées tous les ans en France

gaspi_ca_suffitL’ensemble des pertes et gaspillages alimentaires, tous les acteurs et toutes les filières alimentaires confondus, représentent en masse 10 millions de tonnes de produits perdus et gaspillés pour l’alimentation humaine. Une partie est valorisée en alimentation animale (moins de 2 millions de tonnes, soit moins de 20% des pertes et gaspillages). Pour se comparer aux résultats de l’INRA5 ou du programme européen FUSIONS6, il faudrait les retirer.
La valeur théorique des pertes et gaspillages est évaluée à 16 milliards d’euros, soit 36% du budget dédié au paiement des intérêts de la dette française – cette valeur correspond au prix de vente des produits perdus et gaspillés à chaque étape et ne prend pas en compte les valorisations qui peuvent être réalisées par les acteurs en alimentation animale, énergie (méthanisation) ou compost. Cette valeur est théorique dans la mesure où la réduction des pertes et gaspillage pourrait nécessiter des actions ayant un coût direct (investissement, temps humain pour mettre en place des actions de réduction, communication) ou indirect (pertes d’activités pour un secteur du marché par exemple, dans le cas d’un commerçant qui diminuerait son offre pour réduire ses pertes et gaspillages) qui n’a pas été étudié.
De plus, les produits perdus ou gaspillés n’auraient pas nécessairement été valorisés à cette hauteur (effet « marché », offre/demande au moment de la production…). L’ADEME engagera prochainement des travaux sur les conséquences économiques et en termes d’emplois d’une réduction de moitié du gaspillage alimentaire d’ici 2025.
L’impact carbone des pertes et gaspillages est évalué à 15,3 millions de tonnes équivalent CO2, soit 3 % de l’ensemble des émissions de l’activité nationale ou encore 5 fois les émissions liées au trafic aérien intérieur.
L’impact est calculé en considérant qu’il est nécessaire de produire plus (l’équivalent de ce qui est perdu et gaspillé) pour satisfaire aux besoins de consommation à hauteur égale. L’impact carbone (ou le gain) de la gestion de ces pertes et gaspillages, notamment en alimentation animale, n’est pas pris en compte.
Chacun d’entre nous, en tant que consommateur et/ou dans son univers professionnel, est partie prenante de cette chaîne alimentaire et a le pouvoir d’influencer le fonctionnement de cette chaîne.

Peu visibles mais qui concernent tous les acteurs

Pour une entreprise, comme pour un particulier, ces pertes et gaspillages constituent la perte d’une production ou d’un achat et à ce titre une perte financière. Le produit a été acheté, et fait souvent l’objet d’un stockage, d’une transformation et d’un transport et génère même un coût lié à son élimination en tant que déchet. Chacun fait des efforts pour éviter ces pertes. D’ailleurs, au regard des poids de produits achetés et/ou vendus, la part de produits perdus et gaspillés est faible. Elle varie entre 3,3 % (pour la distribution) et 7,3 % pour la consommation.
Au quotidien, le poids des pertes et gaspillages, dispersés dans de multiples étapes de production ou consommation pour chacun des acteurs, est souvent infime10. Pour le consommateur à domicile par exemple, les pertes et gaspillages sont de 20 à 30 kg/pers/an (29 kg/pers/an dans la présente étude) ce qui correspond à environ 30g/repas/convive en tenant compte de la préparation, des restes de repas et de ce qui est jeté, y compris les liquides en dehors des repas. Ce constat est également valable pour un distributeur ou un agriculteur.

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Pourtant, tous les acteurs sont concernés et génèrent à leur niveau une part de pertes et gaspillages alimentaires qui est significative et qui relativise aussi l’idée selon laquelle les pertes et gaspillages seraient concentrés sur la phase de consommation (celle-ci concentre donc le tiers des pertes et gaspillages soit 50 kg par personne et par an).
Le graphique ci-dessous montre que les pertes en poids sont relativement plus importantes chez les producteurs que chez les autres acteurs : ce phénomène s’explique notamment par le fait que les poids en jeu sont plus importants en amont (produits bruts nécessitant souvent des transformations même si le produit est consommable et destiné à la consommation humaine. Ex : grain de blé), qu’en aval (produits transformés, « prêts à consommer »). Il est donc préférable de prendre en compte le taux de pertes et gaspillages (plutôt que les poids) si l’on souhaite rendre compte du rôle relatif des acteurs.

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