Difé Kako : danse traditionnelle, danse actuelle

— Par Selim Lander —

Après un prologue qui faisait appel à quatre élèves d’une école de danse – si nous avons bien compris – et sur lequel il vaut mieux jeter un voile pudique, les danseurs de Difé Kako sont entrés en scène, sept vrais danseurs, plus cinq musiciens-animateurs capables également de bouger avec les danseurs tout de blanc vêtus, pour une pièce intitulée Cercle égal – demi-cercle – au carré, laquelle comme le nom l’indique, fera appel aux danses traditionnelles antillaises issues du quadrille métropolitain, soit notre haute taille martiniquaise (autrement appelée boulangère en Guyane et, plus simplement, quadrille en Guadeloupe). Il s’agit pourtant bien dans cette pièce de danse contemporaine, même si elle est inspirée, innervée, instillée par des réminiscences du quadrille à l’Antillaise. La troupe, guadeloupéenne, mêle des danseurs noirs et blancs, une configuration dont les compagnies martiniquaises devrait s’inspirer, tant le mélange des cultures et des manières d’aborder l’art chorégraphique se révèle, ici, fécond.

On ne sait pas si la pièce dessine vraiment – comme indiqué dans la présentation écrite – « la possibilité d’un ‘Tout-monde’ fécond et jubilatoire ». Acceptons-en l’augure ! Ce qui est vrai, par contre, c’est que la pièce elle-même est jubilatoire. Donc qu’on ne s’y ennuie jamais. Avec les interventions de meneuses de jeu, d’un conteur toujours bienvenues. Et – ce qui est quand même l’essentiel – qu’elle est bien dansée.

Deux réserves néanmoins. Bien dansée, oui, mais on regrette que la pratique des danses actuelles (hip hop, krump, voguing, waacking et kizomba) auxquelles il est fait appel soit aussi « épurée ». Le terme est dans la notice explicative, ce résultat est donc voulu. N’empêche qu’on attendait des figures plus acrobatiques que celles qui sont présentées sur le plateau. Et bien dansée, oui, mais les huit danseurs de haute taille recrutés sur place, qui interviennent au cours de la pièce, ne se montraient pas aussi « électrisés » qu’annoncé, toujours dans la notice. Et pour finir sur ce point, on aurait aimé les robes des quatre dames plus chamarrées.

Il reste l’essentiel : Chantal Loïa, la chorégraphe assistée par Delphine Bachacou (également sur le plateau) et tous les danseurs et musiciens de Difé Kako nous ont fait passer une bien agréable soirée.

Tropiques-Atrium, 22 février 2019.