« Désir cannibale  » : emporter et apporter au pays *

Fondation Clément du 27 juillet au 19 septembre 2018

— Par Michèle Arretche, amateur d’Art —

Nous étions impatients de découvrir la nouvelle exposition de la Fondation Clément consacrée à la « relève guadeloupéenne » comme la présente le commissaire d’exposition Jean Marc HUNT. Après des commissariats réalisés en Guadeloupe et en France c’est sa première prestation en Martinique où nous le connaissons comme artiste.

« DÉSIR CANNIBALE » réunit 9 membres de la toute nouvelle génération d’artistes guadeloupéens nés entre 1979 et 1986, émergeant à l’International et prêts à tout dévorer dans « un cannibalisme de survie » comme l’annonce Joëlle FERLY, fondatrice de l’ARTOCARPE, qui signe la présentation du catalogue d’exposition.

Nous nous arrêterons sur quelques coups de cœur avec la ferme intention de retourner voir l’exposition pour poursuivre notre visite.

En cette période de « Champions du Monde » notre premier arrêt sera pour STEEK, élu en ce mois de juillet 2018 pour la deuxième fois champion du monde de body painting. Nous l’avions découvert lors de la dernière édition de Pool Art Fair Martinique dont il était l’invité d’honneur. Mais là, au lieu de peindre sur un corps humain, il nous présente un diptyque sur toile où il a peint à la bombe sur la figure caricaturée de Donald Trump, remplaçant en quelque sorte une fesse de femme par une figure de f… No More peinture diptyque 2018.

Autre coup de cœur : Jérémie PAUL dont nous avions aperçu les œuvres présentées par Olivia BRELEUR à la Maëlle Galerie et au Palais de Tokyo à Paris. Il nous présente une installation poétique et fluide, féminine et érotique avec, à la marge, des bouquets de fleurs dans des santiags en porcelaine posées sur des piles de livres en équilibre.

Tim FRAGER, au parcours atypique, né au Sénégal, a passé son enfance en Guadeloupe et vit actuellement en France. Il présente une fresque narrative liée à l’histoire, la liberté, les droits de l’homme, nourrie de son identité multiple et rhizomique. Fresque pleine de sincérité et de symboles.

Ronald CYRILLE dont nous suivons le parcours depuis sa sortie de l’école d’Art de la Martinique. A côté de ses grandes toiles reprenant la mythologie de son Street Art avec les chiens à deux têtes, gueules grandes ouvertes, toutes dents dehors, il présente une série très séduisante de petits dessins de 20×10 cm présentés côte à côte avec des petites pinces sur tout un pan de mur. On ne saurait lequel choisir et pourtant le public y est invité !

Des femmes aussi :
Kelly Sinnapah MARY, que nous avons également découvert à la Pool Martinique 2012 ainsi qu’au Memorial ActE. Kelly Sinnapah MARY traite de toutes les formes de domination en particulier dans une installation de sable et de coquillage sur un tapis indien : « Cahier de non retour au pays natal ».

Minia BIABIANY, la plus jeune du groupe. Jean Marc HUNT signale l’ascension fulgurante sur la scène internationale de cette jeune artiste au travail lent et patient qui construit une poétique des lieux et des matériaux. Elle présente une installation créée pour l’exposition « Sa ki pou’w dlo paka chayé »

Il reste à parler du travail de Samuel GELAS, Cédrick ISHAM, Atadja LEWRA. Il y a également un très beau film montrant les artistes au travail mais nous avons dit que nous y reviendrons !

Cette belle exposition dont la scénographie précise et efficace est signée d’Yvana VAÏTILINGON, est à voir tous les jours à l’Habitation Clément jusqu’au 19 septembre 2018.
Conférence-débat dimanche 5 août à 10h par Joëlle FERLY et Ayelevi NOVIVOR.
Visite commentée dimanche 19 août à 10h par J.M. HUNT

* Jean Marc Hunt

Michèle Arretche, amateur d’Art
27 juillet 2018