Des convergences plus grandes qu’il n’y paraît!

— Par Roland Sabra —

Les cris d’Orfraie, de vierge effarouchée de celles et ceux qui crient au scandale, à la tromperie, à la trahison devant l’alliance scellée au petit matin après quelques heures de marchandage entre « Ba Péyi-a an chans » et « Gran Sanblé » relèvent pour la plupart d’entre eux d’une méconnaissance du positionnement idéologique des deux compères. L’erreur consiste à croire qu’il s’agit là d’une union entre un «  départementaliste » et un « indépendantiste » comme se plaît à la dénoncer une partie de la classe politique. L’uniforme départementaliste et l’uniforme indépendantisme ne sont que les oripeaux exhibés face au bon peuple pour masquer des accointances idéologiques autrement plus sérieuses. La croyance inébranlable dans les vertus de l’économie de marché est ce qui les cimente par delà les chamailleries apparentes.

« Ba Péyi-a an chans » est attaché à un cadre institutionnel qui lui permet d’avoir accès au marché mondial dans le cadre de la concurrence internationale. Si momentanément cette nécessité prend la forme du maintien de la structure départementale, alors ce sera le département qu’il faudra défendre. En d’autres temps, à d’autres époques le maintien des positions dominantes à pris le costume d’un reniement de la souveraineté française au profit d’une allégeance à l’Angleterre. L’attachement de « Ba Péyi-a an chans » à la France n’est pas une fin en soi elle n’est qu’un moyen au service d’ une vision de la société qui repose sur l’idée erronée que l’ agrégation des intérêts particuliers est égale à l’intérêt général. Le nationalisme de cette liste n’est que le sous-produit, ponctuel, tactique d’une adhésion sans faille au credo libéral. Cette foi dans les vertus de l’entreprise réduites à celles de son chef, en oubliant toutes les autres composantes, est le viatique donné à une Martinique malade d’elle-même.

« Gran Sanblé » psalmodie lui aussi ce Credo in unum Deum foro. Dès novembre 2005 un article paru dans Madinin’Art sous le titre « DMS n’est pas un modèle » pointait l’ultralibéralisme du MIM. Le vice-président du conseil régional de l’époque évoquait «  le surdimensionnement de l’emploi municipal » dénonçait le comportement des syndicat pour lesquels «  La principale revendication des ouvriers municipaux est toujours la promotion par l’augmentation des salaires et la sécurité par la titularisation. », et mettait en garde devant la tentation de céder à ces demandes « électoralement ce n’est pas toujours payant ». Quant à l’emprunt il le réduisait à une dépense : « Les emprunts d’aujourd’hui sont les impôts de demain ». Il n’y a pas un mot dans cette interview accordée au quatorzième numéro de « Business News » que le leader de « Ba Péyi-a an chans » renierait.

Marie-Jeanne Monplaisir partagent fondamentalement les mêmes valeurs, les mêmes croyances, celles d’un tatcherisme mâtiné par des reaganomic’s en mal de recyclage. On pourrait même penser que Yan Monplaisir est prêt à s’accommoder d’un état-croupion martiniquais tout comme il s’accommode aujourd’hui des largesses libérales de l’Etat-postcolonial. Le libéralisme économique –et non pas politique– a cette force inouïe de pouvoir s’adapter à quasiment tous les régimes politiques pourvu que ceux-là ne mettent pas en cause la propriété privée et la recherche du profit par tous moyens fût-elle au détriment du plus grand nombre.

Quant à EPMN, la façon dont il a gérer les finances de la région, son absence de politique culturelle culturelle claire,  sa bienveillance à l’égard des obscurantismes et des méthodes de patron-voyou   son désir du pouvoir pour le pouvoir réduisent ses propositions à peu de choses et le font verser faute de vrai programme dans un culte de la personnalité (voir ses affiches, écouter ses épigones) dérisoire et désespérant.

Fort-de-France,

le 09/12/2015