Demain, c’est déjà aujourd’hui

— Par Lucien Cidalise Montaise —

La  remarquable et préoccupante absence des Partis Communistes  Français et Martiniquais lors des débats présidentiels, où toutes les tendances se sont manifestées héroïquement, nous  a  quelque part interpellés. Est-ce dû à une carence idéologique de leur part ou simplement une déconcertante fidélité à un dogme, qui nous le pensons reste éminemment sociétal ? Pourtant, la présence de cette idéologie si généreuse dans toutes les luttes menées ici et ailleurs, contre le colonialisme et le capitalisme est remarquée, appréciée et respectueusement saluée. Aujourd’hui, les rapports de force ont changé. La réalité économique qui consolide le Capital, les échecs successifs des principes, la peur de rester en dehors des limites-frontières sociales, l’inculture distribuée abondamment, ce qui incite à supporter l’hypothèse de la tricherie, frisant  le truandage, quant à la distribution inique des richesses obtenues par les travailleurs. Tout ceci amènerait à modifier les méthodes, mais pas les buts ? En multipliant les apports extérieurs, en y trouvant en particulier des apports progressistes donc historiques. Le Marxisme a souvent su exécuter  toutes les danses, puisqu’il en a été un des meilleurs metteurs en musique ! Mais les peuples à qui s’adressent ces partis apprécient-ils cette aspiration ?  cette musique est-elle appropriée ? Cette composition n’est-elle pas entachée de  longs silences … Sans réponses ?

Certains vainqueurs par défaut, exaltent  leur mot d’ordre. Le libéralisme pour tous, en gommant cette conséquence irrémédiable de la création par ce même libéralisme, de l’Inégalité sociale, qui s’enfonce chaque jour dans le désastre moral. Cette harmonie de conscience sociale qui signifie naïvement  la symétrie de situation matérielle a toujours effleuré les esprits des conservateurs et des réactionnaires. Tout cela autour d’un centre qui se veut  soudé  aux mêmes valeurs : l’usufruit généré par la jouissance de besoins qui s’appellent le Capital. En avoir sans mesure pour en profiter égoïstement.

Comment peut-on humainement prétendre à cette horizontalité artificiellement matérialisée, qui se conclut par un libéralisme sauvage et s’affirme donc d’inégalités réelles, bien que camouflées ? Les Français ont participé aux élections présidentielles, avec des taux  très élevés  de votes blancs et d’abstentions. Que veulent-ils ces gens- là ? Cette façade fugace présentée aux peuples Français et Martiniquais avec roublardise,  facilitera – t- elle le dialogue social ? Le libéralisme de plus en plus, vient de prendre le pas sur le social et sur l’égalité, ressorts premiers de la Démocratie.

 La garantie de l’égalité et de la responsabilité tant oubliée et aujourd’hui réclamée doit s’affirmer comme le fondement de notre devenir, à nous Martiniquais. Pourquoi un jour, ne pas se réveiller avec aux oreilles un cri post-Césairien  « Discutons des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes ! » ?

Pourquoi ne pas approfondir après l’avoir soumis,  ce principe de la Restitution, dans la Renaissance de ce pays devenu frère : la France ? La Réparation ne deviendrait-elle pas un Droit ? Justice ne serait-elle pas rendue ?  Réclamons ce profond désir  par l’intermédiaire de nos  parlementaires qui semblent faire de leur élection, plus une réussite matérielle qu’un Grand Service à rendre au Peuple.

 Abattons les poussiéreuses étiquettes telles « la Métropole » et considérons  Nous comme des Martiniquais sans ébrécher l’aile fraternelle de la France que nous respectons. Alors, l’égalité consensuelle deviendra une extraordinaire volonté d’être acceptée par l’autre, sans paternalisme et arrière- pensées. Appartenir à un pays que nous avons construit ! Quel contentement ! Cessons d’être un peuple subalterne. Ce qui signifie que nous avons,  pendant des décennies, subit dans notre quotidien toutes sortes de dominations, allant du Social à l’Economique en passant par le Culturel et le Cultuel acceptées ou pas ! Qui a vu défiler toutes les tentations. Egalité, Fraternité, Liberté ! Qui a vu glorifier l’utopie des petites choses, comme la nomination de Martiniquais à la mini gouvernance de la France ! Jusqu’alors nous nous contentions avec délices de notre voiture, notre télé, notre smart-phone et pour certaines de notre perruque d’assimilés !

Ceux qui avec une insistante repentance ne parlent pas de la France, mais de la Métropole,  renforçant  ainsi les liens obligés entre « Bonapartistes » et les « Poussiéristes »  cités par le général de Gaulle en mal de poésie. Victor Hugo affirmait déjà   « La bourgeoisie, petite ou grande est la portion contentée du peuple… »  quelle  vérité ! 

Pour  terminer, je livre à la réflexion, cette pensée de M L King qui dénonçant les maltraitances que subissaient les Noirs Etatsuniens prophétisait «  we have a dream ! ». Cette grande force citoyenne réclamait que son peuple soit plus respecté. Reprenons à notre compte ce mot d’ordre et faisons en sorte que ce vœu s’adresse à la France Insoumise. Qu’elle soit notre Rêve.

      

 Lucien  Cidalise Montaise   ( 15  Mai  2017 )