De retour du Bénin

— Par Marie-Hélène Léotin, Conseillère régionale —

porte_du_non-retour_beninLe 23 août 2014, la République du Bénin a commémoré la Journée du souvenir de la traite négrière et de l’esclavage en présence, pour la première fois, de délégations des Conseils régionaux de Guadeloupe et de Martinique. C’est avec beaucoup d’émotion que nous nous sommes retrouvés sur cette terre du Bénin, précisément à Ouidah. C’est le retour aux sources, c’est le salut aux ancêtres, c’est l’hommage à notre mère l’Afrique. Il ne faut pas oublier que la majorité des captifs africains déportés par les négriers français viennent de Ouidah⋅
Même si nos ancêtres ne sont pas forcément originaires de cette région là, mais ils ont embarqué ici où se dresse la porte du non retour⋅
Nous avons fait le chemin du retour pour saluer la terre de nos ancêtres et retisser les liens avec nos lointains cousins⋅ Bien sûr, nous ne sommes pas Africains. Nous sommes nés ailleurs et nous avons créé une nouvelle culture, une nouvelle civilisation. C’est bien le sens du mot créole. Il fallait bien se débrouiller pour vivre et survivre sur cette terre nouvelle marquée par la violence des rapports sur les habitations sucreries. Mais nous avons résisté, nous avons survécu, nous nous sommes organisés pour rendre nos sociétés meilleures, nous sommes là pour dire que nous n’avons pas l’intention de perdre les liens avec les peuples frères d’Afrique, plus précisément ceux du Golfe du Bénin, car l’histoire ne ment pas.
Nous sommes de la même semence, de la même racine, même si le tronc, les branches et les feuilles ont poussé dans les Amériques. Notre présence ici, en faisant le chemin du retour, participe de notre volonté d’élever la conscience politique du peuple martiniquais, sa capacité à comprendre dans quelle direction il faut aller pour progresser vers l’émancipation.
Ce sont les bourgeoisies d’Europe et les bourgeoisies africaines, rois, chefs et autres potentats, qui ont tiré profit de ce trafic ; les peuples africains ont toujours lutté contre la traite négrière.
Nous sommes dans un temps fort de retrouvailles ; nous sommes là pour dire notre volonté de coopérer pour un mieux vivre de nos peuples de part et d’autre de cet océan qui à la fois nous sépare et nous rassemble sur les chemins de l’histoire.
Marie-Hélène Léotin, Conseillère régionale