Couples et familles dans les départements d’outre-mer

 — Une étude de l’INSSE par Marceline Bodier, Guillemette Buisson, Aude Lapinte, Isabelle Robert-Bobée —

famille_antillesUne fécondité qui s’est rapprochée de celle de la métropole
En 2013, dans les DOM, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) s’élève à 2,4 enfants par femme(figure 1), soit une fécondité légèrement plus élevée qu’en France métropolitaine (2,0). Il existe des écarts importants entre les départements ultramarins : très élevé en Guyane (3,5), il est inférieur à celui de la France métropolitaine en Martinique (1,9). À Mayotte en 2012, cet indicateur était plus élevé que celui de la Guyane, avec 4,1 enfants par femme [Balicchi et al ., 2014].

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Une chute très rapide de la fécondité s’est engagée dès la fin des années 1960 principalement aux Antilles, et à un degré moindre à La Réunion [Marie et Breton, 2015]. Comme en France métropolitaine, dès les générations 1950-1959, les femmes plus diplômées avaient une descendance finale inférieure à deux enfants par femme. À l’inverse, quels que soient la génération ou le département d’outre-mer, les moins diplômées et les inactives conservent la descendance la plus importante ; mais elles ont le plus contribué à la baisse de la fécondité dans les DOM entre les générations nées dans les années 1940 et celles nées dans les années 1960.Dès lors, depuis 1999, dans les départements d’outre-mer autres que la Guyane, la part des familles nombreuses (trois enfants ou plus à la maison) a baissé de 6 à 7 points et l’écart avec la France métropolitaine s’est réduit. La Guyane est le seul département ultramarin pour lequel ce taux a augmenté (+ 4 points) depuis 1999 (figure 2)

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.En 2011, la part des familles nombreuses parmi l’ensemble des familles avec au moins un enfant mineur est à peine supérieure à la moyenne nationale aux Antilles (21 % en 2011 en France hors  Mayotte comme en Martinique, 22 % en Guadeloupe). Elle est, en revanche, supérieure à La Réunion(26 %) et beaucoup plus élevée en Guyane (43 %). Des maternités plus précoces qu’en métropole En 2014, dans les DOM (y compris Mayotte), 8 % des nouveau-nés ont une mère âgée de moins de 20 ans(figure 3). La proportion varie de 5 % dans les Antilles à 11 % en Guyane.Dans tous les DOM, cette proportion reste très supérieure à celle de la France métropolitaine (2 %). Si aux Antilles, elle a connu un net recul au fil des générations, en Guyane et à LaRéunion, en revanche, elle n’a guère varié en quarante ans [Marie, Breton, 2015]. Dès lors, en 2013, l’âge moyen à la maternité est d’un an et demi plus bas dans les DOM hors Mayotte (28,7 ans) qu’en France métropolitaine (30,2 ans)(figure 4). Entre 1999 et 2013, cet âge a augmenté de 0,5 an dans les DOM (hors Mayotte), alors que la hausse a été plus forte en France métropolitaine (+ 0,9 an sur la même période).3. Proportion d’enfants nés d’une mère de moins de 20 ans, proportion d’enfants nés hors mariage et origine du nom de famille des enfants nés en 2014
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Une moindre contractualisation des unions et plus de naissances hors mariage. En 2013, on compte dans les DOM (hors Mayotte) 2,9 mariages pour 1 000 habitants, contre3,5 mariages pour 1 000 habitants en France métropolitaine. C’est en Guyane que le taux de nuptialité est le plus bas (2,2). Une nuptialité basse s’accompagne d’une très forte proportion de naissances hors mariage : plus de huit naissances sur dix dans les DOM (y compris Mayotte) en 2014, contre moins de six sur dix en France métropolitaine. Cette proportion varie de 76 % à La Réunion à 89 % en Guyane en passant par 85 % à Mayotte.En 2014, 38 % des nouveau-nés portent uniquement le nom de leur mère dans les DOM, contre 5 %en France métropolitaine [Bellamy, 2015]. Cette proportion oscille entre 65 % en Guadeloupe et 9 % à Mayotte.Des familles plus souvent monoparentales. La part des familles monoparentales parmi l’ensemble des familles avec au moins un enfant mineur est nettement plus élevée dans les DOM qu’en France métropolitaine, où elle s’élève à20 %. Aux Antilles et en Guyane, elle est plus de deux fois supérieure et atteint 35 % à La Réunion.Ainsi, plus de 30 % des enfants martiniquais nés entre 1995 et 1999 vivent toute leur enfance (0 à 10 ans) exclusivement au sein d’une famille monoparentale et, pour beaucoup d’entre eux, cette situation se prolonge jusqu’à l’adolescence [Marie et Breton, 2015]. À titre de comparaison, dans les mêmes générations, seul un enfant sur cinquante a vécu toute son enfance dans une famille monoparentale, alors que près de huit sur dix ont été élevés par leurs deux parents en France métropolitaine [Breton et Prioux, 2009]. Sur ce point, La Réunion se distingue une fois encore, avec une situation plus proche de la métropole que des autres DOM, puisque seul un jeune réunionnais sur six vit toute son enfance en famille monoparentale.La Guyane est aussi le département qui rassemble la plus forte proportion d’enfants vivant en dehors du ménage de leurs parents. Il s’agit souvent d’enfants confiés à des familles d’accueil pour la durée de leurs études, généralement parce que leurs parents vivent dans une zone éloignée de l’établissement scolaire ou à l’étranger. Enfin, les « autres » formes de ménages (composés de plusieurs adultes ou plusieurs familles) n’englobent que 5 % des ménages en France métropolitaine, contre 10 % des ménages aux Antilles et à La Réunion et 19 % en Guyane. En effet, pour des raisons économiques, sociales et culturelles, plusieurs générations peuvent cohabiter au sein du même ménage [Marie et Breton, 2015].1. Indicateurs généraux de population et taux de nuptialité en 2013

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