Collectivité Territoriale Molokoï

— Par Pierre Alex Marie-Anne —

L’équipe de Séniors rassis qui préside aux destinées de la CTM semble incapable de lui insuffler l’élan, le dynamisme , et l’imagination qu’appelle la gravité de la situation que connait la Martinique :
Près de cinquante mille chômeurs dont de nombreux jeunes, parfois surdiplômés, obligés de fuir leur pays qui ne leur laisse espérer aucun avenir, avec pour conséquence le vieillissement accéléré de la population ;
Une précarité et une misère grandissante dans laquelle se débat une large fraction des citoyens;
Des activités traditionnelles en perte de vitesse sans que de nouvelles perspectives de développement ne viennent les relayer ;
Des conditions de vie qui ne cessent de se dégrader en même temps que prospèrent insécurité, violence ,addictions en tous genres et désespérance.
Face à un tableau aussi sombre, on s’attendrait à ce que les responsables publics fassent taire leurs querelles subalternes et s’entendent sur une stratégie claire pour sortir de l’impasse et susciter la mobilisation du plus grand nombre .
Au lieu de cela ,que voyons -nous ?
L’accaparement du pouvoir par un Deus ex machina autocratique qui prétend s’affranchir de toute concertation et dialogue, même avec ses propres alliés et qui fait pleuvoir , du haut de sa toute puissance olympienne, ses oukases conçus dans la plus profonde opacité.
L’attentisme et la lenteur, qui prévalent tant dans les prises de décisions que dans leur mises en œuvre .
En effet ,le peu de chantiers entamés depuis deux ans traînent lamentablement et c’est pire pour ceux qui préexistaient à l’arrivée aux affaires de la nouvelle équipe , leur achèvement étant sans cesse repoussé.
quelques exemples significatifs :
Le musée dit du père PINCHON sur la route de DIDIER qui attend désespérément depuis des mois, voire des années, de recevoir ses collections et son ouverture au public ;
Les fameux Bus prétendument à Haut Niveau de Service qui ne servent à rien , sinon d’aliment pour les rongeurs , faute de rouler et soulager le quotidien des populations laborieuses ; la nature ayant horreur du vide ses voies théoriquement réservées, sont devenues terrain de démonstration pour toute espèce de défoulement ;
L’emblématique Lycée SCHOELCHER dont la démolition n’a même pas commencée bien qu’inoccupé depuis la rentrée de septembre dernier ; quant au bâtiment de feu le lycée de transit Victor FOUCHE, les travaux de finition s’éternisent et aucune date n’est avancée pour leur livraison en dépit des dizaines de millions qui y ont été engloutis ;
L’absence d’organigramme détaillé ,comme il en existe dans toute collectivité ou organisme qui se respecte , permettant à tout citoyen de savoir qui fait quoi et où il doit s’adresser pour déposer ses dossiers et obtenir la prise en compte de sa situation.
Je n’aurais garde d’oublier ce que les automobilistes constatent , à leurs dépens, tous les jours : ces travaux routiers interminables , tel le giratoire de la Meynard , dont le rythme d’avancement est celui de l’escargot , voire même du sur place, s’agissant des problèmes rencontrés par les usagers de la Z.I. de la Lézarde , qui attendent désespérément qu’une initiative soit prise pour mettre fin à leur cauchemar quotidien .
Aucun grand dessein mobilisateur ,pas plus que de stratégie de Développement clairement identifiée ne s’affirment ; absence criante de planification des principales interventions assorties d’un échéancier et d’une programmation financière permettant à l’opinion d’en contrôler le respect.
On est loin du mode de gestion des collectivités Départementales et Régionales précédentes qui a permis de doter la Martinique de toutes ses infrastructures de base et équipements structurants , comme de toutes ses grandes avancées dans le domaine économique et social.
Il ne faut pas s’étonner dans ses conditions que certains ,conscients de l’inadéquation de l’actuel mode de gouvernance qui les condamnent à l’impuissance et sentant monter le vent de la contestation voire de la révolte, n’hésitent pas , sans vergogne, à abandonner le navire pour chercher refuge dans la députation.
Avec le cynisme qui les caractérise ,ils nous resservent l’antienne du manque de moyens et de l’insuffisance des compétences ,ne jurant à nouveau qu’après l’article74 de la Constitution ,paré de toutes les vertus .
Sans attendre néanmoins, ils sont prêts à manier ‟ le gourdin fiscal ″du doublement de l’octroi de mer, étendu de surcroît aux services ,pour achever de matraquer le pauvre contribuable qui n’arrive déjà pas à joindre les deux bouts.
Hypocritement ,ils prétendent qu’il ne s’agit là que de simples réflexions , de simples pistes ;
Mais cependant , la proposition , adoptée à l’unanimité des représentants des Régions et Collectivités d’outre-mer et portée par l’association des Régions de France est entre les mains des plus hautes instances nationales qui ne pourront qu’être réceptives à une mesure permettant à l’Etat de se désengager davantage.
Notre île ,doit enfin sortir de l’hibernation pour reconquérir la place et l’influence qui lui reviennent dans les sphères gouvernementales dont elle est régulièrement exclue au profit des autres territoires d’outre-mer.
Cela passe nécessairement par la promotion de la jeunesse débordante d’énergie et de force créatrice mais jusqu’ici systématiquement écartée des responsabilités ,alors qu’elle ne demande qu’à montrer l’étendue de ses talents et de ses capacités
Les martiniquais, légitimement fiers de l’héritage de leurs ancêtres qui ont su résister et triompher de l’esclavage , doivent cependant dépasser l’évocation obsessionnelle de ce passé douloureux pour tirer le meilleur parti des possibilités offertes par ce XXI° siècle balbutiant.
Nos compatriotes doivent cesser d’accepter d’être traités comme des citoyens mineurs , tout juste bons à applaudir les foucades d’un ″ seigneur et maître‟, imbu de lui-même.
Ils méritent mieux que cette gestion au fil de l’eau de cette CTM, à l’allure de molokoï, viciée dans ses fondements juridiques et véritable caricature de démocratie locale ,qui leur a été subrepticement imposée.
Pierre Alex MARIE-ANNE