C’était un homme

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953

Par Michel Lercoulois.

 

Comiques du vieillard les sourcils broussailleux

Les bouquets de poils aux nasaux les yeux chassieux

Les cheveux clairsemés et la bouche édentée

Les crevasses les rides le souffle coupé

Le ventre débordant les muscles affaissés

La chair flasque et triste des dernières années

Le chef qui ploie le dos de plus en plus vouté

Le pied qui accroche à peine se soulève

Marche hésitante maladroite inquiète

D’avance fatigué et si découragé

 

À quoi bon se dit-il s’efforcer davantage

Toujours recommencer d’éternelles corvées

Il a tout essayé à chaque fois échoué

Naïveté qui ne sied plus à son grand âge

Il ne regrette pas les illusions d’antan

Mais ce qu’il eut jadis de force et de courage

Les élans stupéfiants du sexe vigoureux

Le rire des filles qu’il tenait enlacées

 

La vie était légère et le plaisir frivole

Il attend maintenant que son âme s’envole

Prêt pour le néant ou pour le souverain bien

De son corps épuisé il n’espère plus rien