Ces autres affaires qui gravitent autour de Sarkozy

— Par Gary Assouline —

Le nom de l’ancien président, mis en examen jeudi, ou ceux de membres de son entourage apparaissent dans plusieurs dossiers intéressant la justice.

Nicolas Sarkozy a été mis en examen jeudi à Bordeaux pour abus de faiblesse à l’encontre de l’héritière de l’Oréal Liliane Bettencourt. Son avocat, Thierry Herzog, a jugé cette décision «incohérente sur le plan juridique et injuste». Selon le juge d’instruction Jean-Michel Gentil qui instruit les principaux volets de l’affaire, Nicolas Sarkozy pourrait avoir bénéficié d’un apport illicite de liquidités par le couple Bettencourt pour le financement de sa campagne présidentielle de 2007. Mais son nom, ou ceux de membres de son entourage apparaissent dans plusieurs dossiers intéressant la justice.

• Les sondages de l’Élysée

Nicolas Sarkozy pourrait être inquiété dans l’affaire dite des sondages de l’Élysée. En 2007, la présidence de la République avait passé un contrat avec le cabinet d’étude Publifact, dirigé par Patrick Buisson, un proche de Nicolas Sarkozy. Un accord de 1,5 million d’euros auquel s’ajoutent 10.000 euros d’indemnités mensuelles avait été jugé irrégulier par la Cour des comptes en 2009 dans la mesure où aucun appel d’offres, procédure pourtant obligatoire, n’avait été lancé.

En février 2010, Anticor, une association anticorruption avait alors porté plainte pour «délit de favoritisme». Suspendue en novembre 2011 par la cour d’appel de Paris en raison de l’immunité du président, le parquet de Paris mène depuis une enquête préliminaire et a élargi le champ de ses investigations à tous les marchés passés de 2007 à 2012 entre les services de l’ex-président et neuf institus de sondage. Ce délit est passible de deux ans de prison et 30.000 euros d’amende.

• L’affaire Bernard Tapie

Trois juges d’instruction enquêtent sur la décision prise fin 2007 par l’ancienne ministre de l’Economie Christine Lagarde, actuelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), de recourir à un arbitrage pour solder le contentieux opposant depuis 1993 l’homme d’affaires Bernard Tapie au Crédit lyonnais sur la vente d’Adidas. Bernard Tapie affirmait avoir été escroqué par le Crédit Lyonnais dans la vente d’Adidas. Une action en justice était en cours quand Christine Lagarde a ordonné de confier l’arbitrage à un tribunal arbitral, une instance juridique privée, ce qui a permis à l’homme d’affaires d’obtenir 400 millions d’euros.

Il est reproché à Christine Lagarde d’avoir recouru à cet arbitrage privé, d’avoir eu connaissance de la partialité de certains juges arbitres et de ne pas avoir exercé de recours contre cet arbitrage controversé. Le domicile parisien de Christine Lagarde a été perquisitionné mercredi. L’affaire pourrait éclabousser l’ancien chef de l’Etat, car selon le journal L’Express, Nicolas Sarkozy a rencontré au moins six fois Bernard Tapie en 2007, avant son élection à la présidence, et à douze reprises, une fois installé à l’Elysée, entre le 15 juin 2007 et le 21 novembre 2010.

Le financement libyen de la campagne de 2007

Le site Mediapart a publié en avril un document qu’il présente comme officiel, qui attesterait d’un «accord de principe» de Mouammar Kadhafi pour le versement en 2006 d’un montant de 50 millions d’euros visant à «appuyer la campagne électorale» de Nicolas Sarkozy l’année suivante. L’ancien chef des services secrets libyens, Moussa Koussa, dont la signature apparaît sur le document a contesté son authenticité. Toutefois, Ziad Takieddine, l’homme d’affaires qui a joué un rôle d’intermédiaire entre la France et le régime de Kadhafi dans des contrats d’armement, a affirmé que le document de Mediapart était «crédible».

Nicolas Sarkozy ne fait pas directement l’objet d’une procédure dans cette affaire. Mais la plainte qu’il a déposée contre le directeur de la publication de Mediapart, Edwy Plenel pour «faux et usage de faux» et «publication de fausses nouvelles», pourrait amener la justice à ouvrir une information judiciaire si le document se révèle être vrai.

Le volet financier de l’affaire Karachi

Nicolas Sarkozy pourrait être entendu dans le volet financier de l’affaire Karachi instruite par le juge Renaud Van Ruymbeke qui suspecte l’existence d’un versement illégal sur le compte de campagne d’Édouard Balladur en 1995. Alors porte-parole du candidat, Nicolas Sarkozy, par ailleurs ministre du Budget, aurait approuvé la création de structures offshore au Luxembourg liées à des rétrocommissions issues de contrats d’armement dans la vente de sous-marins au Pakistan et en Arabie saoudite en 1994. Ces faits sont apparus dans l’enquête sur l’attentat de Karachi au Pakistan le 8 mai 2002 qui avait fait 14 morts dont 11 Français.

En mai dernier, les juges ont retrouvé un bordereau bancaire daté du 7 avril 1995 relatant un retrait de 10 millions de francs (1,5 million d’euros) depuis une banque suisse. Quelques jours plus tard, le même montant avait été versé sur le compte Balladur. Un mouvement de fonds suspect qui avait alerté le Conseil constitutionnel mais n’a pas empêché la validation de ses comptes de campagne. Il avait justifié cette somme par la vente de tee-shirts, d’objets et de dons de militants.

Deux des amis proches de Nicolas Sarkozy ont été mis en examen dans cette affaire. Le premier, Thierry Gaubert, son directeur de cabinet au ministère du Budget à l’époque, aurait fait des allers-retours en Suisse avec l’homme d’affaires franco-libanais et intermédiaire Ziad Takieddine, pour récupérer des valises d’argent liquide, selon le témoignage de son ex-femme Hélène de Yougoslavie. Il a été inculpé pour recel d’abus de biens sociaux, subordination de témoins et blanchiment aggravé. Le second, Nicolas Bazire, l’ancien directeur de campagne de Balladur qui aurait récupéré l’argent, a été mis en examen pour complicité d’abus de biens sociaux après ces révélations. Ce dernier était le témoin de mariage du couple Sarkozy-Bruni en 2008.

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