Catégorie : Sciences Sociales

«Le terme “privilège blanc” désigne un fait social »

— Par Cloé Korman, Écrivaine —

Dans une tribune au « Monde », la romancière Cloé Korman estime qu’il est difficile d’attaquer cette expression dans la mesure elle reflète des préjudices qui existent déjà.

Tribune. Il existe des lieux aveugles, où on ne saura jamais exactement ce qui se passe. Les coups qui s’abattent, les préjugés qui ne se disent pas, les insultes qui s’échangent – la connaissance de ces choses-là, ensuite, ce sera parole contre parole. Ainsi de certains commissariats et gendarmeries d’où certaines personnes interpellées ne sortent pas vivantes. Ainsi de certains lieux à ciel ouvert où des contrôles d’identité infondés tournent mal et font également des victimes. Mais aussi de certains immeubles où l’on visite des appartements à vendre ou à louer, des bureaux où on passe des entretiens d’embauche, sans suite – tant de lieux où se jouent des moments cruciaux et où l’arbitraire peut régner sans contrôle. S’il y a des victimes, il faudra accepter que la preuve soit la parole, car sinon on oppose une violence supplémentaire aux victimes, celle de l’incrédulité. Etre capable de confiance dans un témoignage où il est question de vulnérabilités, de peurs et d’humiliations est une qualité au cœur de la démocratie.

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« L’expression de “privilège blanc” n’est pas dénuée de pertinence pour penser le contexte français »

— Pat Claire Cosquer, Sociologue —

La sociologue Claire Cosquer pense que le « privilège blanc », est inséparable du racisme, aux États-Unis comme en France.

Tribune. Le racisme peut-il exister sans faire de « privilégiés » ? Le racisme est un système de hiérarchies sociales entre les personnes, positionnées selon la façon dont elles sont perçues et rattachées à une supposée hérédité. Il se traduit concrètement par un système d’avantages et de désavantages, formant un immense iceberg dont les discriminations, la violence physique et verbale à caractère racial ne sont que la partie émergée.

L’expression « privilège blanc », propulsée de nouveau sur le devant de la scène médiatique par les manifestations récentes contre le racisme et les violences policières, désigne l’ensemble des avantages sociaux dont bénéficient les personnes qui ne sont pas les cibles du racisme. Elle souligne que le racisme relève d’un rapport social, c’est-à-dire d’une relation entre groupes sociaux : là où certains sont désavantagés, d’autres sont au contraire avantagés par les hiérarchies sociales. L’existence d’inégalités suppose donc, en toute logique, l’existence de privilèges. Dès lors, dire que le « privilège blanc » n’existe pas en France revient de façon rigoureusement identique à affirmer que le racisme n’existe pas en France.

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Raoul Peck : Il existe un racisme «brutal, laid, malveillant» en France

Le réalisateur, césarisé en 2018 pour son documentaire, Je ne suis pas votre nègre, estime dans l’hebdomadaire Le 1, que la patrie des droits de l’homme est «à la fin d’un bien trop lourd héritage d’injustice, de déni et de profits, construit sur la misère des autres».

Auteur du documentaire Je ne suis pas votre nègre où il dénonçait le déni de l’Amérique blanche face au racisme, le cinéaste haïtien Raoul Peck dénonce aujourd’hui l’attitude de la France face à ce même poison.

«La France est dans le déni et ses enfants n’ont plus le temps. Ses enfants  »adultérins » ne veulent plus attendre. Ses enfants noirs, blancs, jaunes, arc-en-ciel s’agitent», affirme le cinéaste dans un texte intitulé «J’étouffe» à paraître ce mercredi 17 juin dans l’hebdomadaire Le 1.

«La concentration de colère accumulée tous les jours dans le cœur de ceux qui  »ne vous ressemblent pas », de ceux qui vous regardent du dehors à travers la vitre embuée, est incommensurable», écrit celui qui fut juré du Festival de Cannes en 2012.

Avec une colère contenue, le cinéaste dont le film avait été sélectionné aux Oscars et qui fut récompensé par le César du meilleur documentaire en 2018, explique que le racisme «brutal, laid, malveillant» qu’il constate en France est le fruit d’une longue histoire liée à l’essor du capitalisme et des inégalités sociales.

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Coronavirus : 38 décès à l’hôpital en 24 heures, Mayotte et la Guyane sous tension

29.547 personnes sont décédées en France depuis le début de l’épidémie, dont 10.457 dans les Ehpad et autres établissements sociaux et médico-sociaux.

111 personnes supplémentaires sont décédées de la Covid-19 en France en 24h, a annoncé ce mardi la Direction Générale de la Santé. Au total, 10 535 personnes sont actuellement hospitalisées pour une infection à la Covid-19, contre 11 961 il y a une semaine.

La baisse se poursuit également en réanimation, avec 820 cas graves, dont 143 nouvelles admissions en 24h, contre 846 personnes lundi.

«Depuis le début de l’épidémie, 103 451 personnes ont été hospitalisées, dont 18 231 en réanimation. 73 335 personnes sont rentrées à domicile. 29 547 personnes sont décédées en France depuis le début de l’épidémie, dont 19 090 personnes au sein des établissements hospitaliers et 10 457 en établissements sociaux et médico-sociaux», précise le communiqué.

Si l’ensemble du territoire est passé en «vert», «le nombre de cas admis dans les services de médecin et de réanimation augmente en Guyane». Le virus circule également activement en Mayotte.

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UFM : Les luttes sont actuelles et le féminisme toujours nécessaire !

Les rendez-vous de l’Union des Femmes de Martinique

Rappel : web-atelier, mercredi 16 juin, de 16 h à 18h30.  

Cyberviolences faites aux femmes : de quoi parle t-on ?

« Les cyberviolences sont parties intégrantes des violences sexistes dont sont victimes les femmes. Connaissons-nous toutes leurs formes ? À quel âge les femmes sont-elles concernées ? »

Cet atelier est ouvert à toutes les femmes intéressées et désireuses d’en savoir plus, pour faire de la prévention pour elles, ou les autres femmes. Il se déroule sur la plateforme Zoom.  Participation gratuite sur inscription (places limitées). Pour vous inscrire, cliquer sur ce lien.

Ce premier atelier sera suivi d’un deuxième le 1er juillet (16h-18h30) : « Lutter contre les cyberviolences faites aux femmes : quelles précautions dans l’utilisation des outils numériques ? Comment traquer les cyberviolences sexistes ? »

Zoom sur les actions de l’UFM :

Du 17 mars au 5 juin, l’équipe de la Maison de Solange de l’UFM s’est mobilisée pour poursuivre l’accueil et l’accompagnement des femmes en difficulté et victimes de violences à distance. Quel bilan peut-on tirer de cette période ?

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Et si la France rompait enfin avec son passé colonial ?

Une Lettre Ouverte de  Maéva Lubin, publiée dans France Antilles, le lundi 15 juin 2020

« À l’instar des historiens Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire dans l’ouvrage “Fracture Coloniale”, je constate qu’il y a encore des traces de la pensée coloniale dans l’espace politique et médiatique français. Ces traces prennent place dès notre enfance, dans nos livres d’histoire-géographie qui construisent une histoire de France qui met en avant la blanchité¹ de ses figures nationales.

C’est comme cela qu’année après année, les enfants français apprennent une histoire de France qui ne correspond pas au métissage et à la mixité de la population. Une histoire de France où les noir·e·s n’apparaissent que lors des leçons sur « l’esclavage » et sur les « pays du Tiers-Monde ».

Ces traces de pensées coloniales s’installent dans nos lois comme celle du 23 février 2005 qui demande à ce que « les programmes scolaires reconnaissent le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord ».

C’est comme cela qu’en Martinique, on peut penser qu’il est normal d’avoir des statues de Victor Schœlcher (récemment déboulonnées par des militants « anti-héritage colonial »), de Joséphine de Beauharnais (qui a participé au rétablissement de l’esclavage aux Antilles et en Guyane) et Pierre Belain d’Esnambuc (qui a établi la première colonie française en Martinique et massacré les autochtones qui s’y trouvaient et importé des esclaves africains), et pas de statues de héros locaux.

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 Pour mieux connaître la Caraïbe, sa géographie, son histoire…

À la Martinique, l’association « Oliwon Lakarayib » crée une plateforme numérique instructive, pour les petits et pour les grands

Présentation du projet «Oliwon Lakarayib» (« Autour de la Caraïbe»)

Elsa JUSTON, professeur agrégée d’histoire, enseignante au lycée de Bellevue à Fort-de-France, et présidente de l’association « Oliwon Lakarayib », était l’invitée du JT du mardi 6 Mai 2020 sur ViàATV, pour parler de la création d’une plateforme numérique dédiée à la Caraïbe. Une plateforme qui fera connaître le pays par l’histoire, la géographie, les sciences humaines, sociales et politiques. (Voir la vidéo ci-dessous)

L’association « Oliwon Lakarayib » rassemble des professeur.es qui souhaitent faire connaître l’histoire et la géographie de la Caraïbe par leur plateforme numérique grand public. « Oliwon Lakarayib » a été créée pour comprendre les questions historiques et environnementales, ainsi que les enjeux de société dans l’espace caribéen. Chaque mois, des vidéos et des podcasts avec des spécialistes en histoire, géographie, sciences humaines et sociales sont mis en ligne.

Cette plateforme propose donc des podcasts (fichiers audios, courtes émissions…) et des capsules-vidéo qui abordent des thèmes précis et actuels, racontant des événements peu ou mal connus, présentant des biographies et abordant des thématiques diverses, au regard de la recherche scientifique.

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Polémique sur Colbert : « Ce n’est pas à coups de pioche qu’on décide d’une politique mémorielle »

Des militants antiracistes souhaitent que la statue de Colbert, trônant devant l’Assemblée nationale, soit déboulonnée. L’ancien ministre de Louis XIV est à l’initiative en 1685 du Code noir, qui a légiféré l’esclavage. L’historien Frédéric Régent en appelle à un débat de fond.

Lors de la manifestation en mémoire d’Adama Traoré, samedi 13 juin, des manifestants ont voulu cibler la statue de Jean-Baptiste Colbert, installée devant l’Assemblée nationale. L’ancien ministre de Louis XIV a été à l’initiative en 1685 du Code noir, qui a légiféré l’esclavage dans les colonies françaises.

Jean-Marc Ayrault, actuel président de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage et ex-Premier ministre, a également demandé, samedi, de rebaptiser une salle Colbert à l’Assemblée nationale, ainsi qu’un bâtiment de Bercy portant son nom. En réponse, le président Emmanuel Macron a affirmé, dimanche, lors d’une allocution télévisée que « la république n’effacerait aucun nom ou aucune trace de son histoire ».

Pour France 24, l’historien Frédéric Régent, docteur en histoire et maître de conférence à l’université de Paris 1, revient sur la genèse du Code noir et sur la polémique entourant les monuments liés à l’histoire coloniale ou la traite esclavagiste.

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Systémique

Contribution au débat sur l’histoire martiniquaise

— Par Ali Babar Kenjah —

La controverse qui accompagne salutairement le déchoukaj organisé le 22 mé dernier par les résistants radicaux RVN, a pour mérite d’ouvrir spectaculairement un nouveau champ de confrontation où chacun est sommé d’argumenter sa position, révélant ainsi les divergences d’approches et les perspectives opposées des uns et des autres. Par un réflexe corporatiste, de nombreux spécialistes des questions historiques ont préféré ignorer la légitimité de ces analyses alternatives pour porter la critique sur ce qu’il considère comme un anachronisme, tout à la défense de la pensée académique qui a soutenu le culte du Libérateur. Culte de la personnalité au service d’une entreprise d’aliénation. Cette posture défensive, le plus souvent arc-boutée à une pratique datée et obsolète de l’histoire, pose de nombreuses questions quant à la bulle de confort intellectuel qui provincialise et ringardise la connaissance du passé de nos sociétés. A mes yeux les tenants de l’historiographie académique martiniquaise pâtissent de quatre tares invalidantes, toutes liées à une approche formatée de leur discipline. Approche que je qualifie d’historicisme et qui privilégie une suite séquentielle de conjonctures au détriment d’une compréhension globale de l’histoire longue.

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Le scandale de l’eau à la CTM : un geste de contrition ?

— Par Yves- Léopold Monthieux —

« C’est ma faute, c’est ma très grande faute… », il y a peu d’élus et de partis politiques se partageant aujourd’hui les travées ou les lucarnes de visioconférence de la CTM qui n’aient été, à un moment ou un autre, concernés par le scandale de l’eau, et ne soient en posture de battre leur coulpe. C’est ce que peut suggérer le vote inattendu de la CTM concernant l’achat du terrain du quartier Séguino, au Lorrain : un « sémafot » aux frais du contribuable, bien entendu.

Avec 14 voix contre 12, les autres s’étant abstenus ou fait porter pâles, la décision est prise par l’assemblée d’accepter le prix fixé par le vendeur du terrain d’emprise des conduites d’eau. Ainsi, en un large geste budgétaire, les élus de l’assemblée ont voulu effacer des années d’irresponsabilité collective – « nous sommes tous responsables », admet l’un d’eux -, les uns ouvertement, comptables d’un passé pas si lointain qu’ils sont pressés de faire oublier ; les autres moins franchement, aujourd’hui aux manettes mais complices de toujours. Tous ont intérêt à mettre fin au problème de l’eau alors que s’y opposent deux hommes dont l’un, le propriétaire foncier, semble détenir des moyens de droit, tandis que M. « C’est

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Le passé hante le présent

— Par Max Pierre-Fanfan, Journaliste à la revue « Esprit » (revue littéraire et philosophique) Écrivain —

Le passé passe mal…Le passé mal passé, mal vécu devient la condition de notre cécité quant au présent…Le passé s’il est mal dit offre la meilleure façon de se tenir dans un état de cécité quant au futur…

Le passé n’est jamais un moment de coupure claire et définitif ; il revient et re-mord. Ainsi les divergences apparurent au 19ème siècle concernant la figure complexe de Victor Schœlcher rencontre derechef un écho aujourd’hui ; au point de relancer la bataille des symboles.

Lors du 22 mai 2020, jour de commémoration du soulèvement des esclavagisé-es et qui a abouti à la proclamation anticipée de l’abolition de l’esclavage en 1848 à la Martinique, deux statues de Victor Schœlcher ont été jetées à bas et brisées par des militants qui se disent « contre l’héritage colonial » dans ce pays. « Nous assumons pleinement notre acte parce que nous en avons assez, nous jeunes martiniquais d’être entourés de symboles qui nous insultent(…) Victor Schœlcher était complètement favorable à l’indemnisation des colons » a déclaré Jay Assani, jeune activiste, dans une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux.

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« Personnes qui ont leurs règles », « identité de genre »… mais qu’est-ce qu’être une femme ?

— Par Pauline Arrighi, Essayiste féministe —

Auteure de deux livres, dont Et si le féminisme nous rendait heureuse ? (Dunod)

Alors que J. K. Rowling a été accusée de transphobie pour avoir suggéré que seules les femmes avaient leurs règles, selon Pauline Arrighi, il est impossible de définir le sexe féminin en s’affranchissant de toute considération biologique.

« Personne qui a ses règles ».. pourquoi ne pas tout simplement utiliser le mot « femme » ? C’est ce qu’a suggéré l’écrivaine Joanne K. Rowling dans un tweet, qui lui a valu des accusations de « transphobie ». Selon ses détractrices et détracteurs, certains hommes ont des règles. De même que d’autres personnes, qui indépendamment de ce phénomène physiologique, ne sont ni hommes ni femmes. Tout est une question de définition. Peut-on définir qui est une femme en s’affranchissant de toute considération biologique – pour inclure les personnes transgenres ? Cette proposition de définition, qui a fait son apparition dans les champs intellectuel et militant dans les années 1980, balaie d’un revers de main toute référence à l’observation des corps. Selon les tenants du transgenrisme, la définition biologique de qui est une femme et qui est un homme est non seulement inepte, mais aussi « transphobe ».

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Déboulonner les statues « reste une victoire à la Pyrrhus, un acte purement symbolique »

— Par Marie-Louise Ryback Jansen
Directrice du projet « Contested Histories », Institute for Historical Justice and Reconciliation, La Haye, Pays-Bas
&
Steven Stegers
Directeur exécutif d’EuroClio, association européenne de professeurs d’histoire
Le retrait symbolique de certaines statues ne suffit pas à effacer les griefs qui divisent une société soulignent, les historiens Marie-Louise Ryback Jansen et Steven Stegers. —

Tribune. Un mouvement « monumental » secoue le monde. La mort de George Floyd et l’indignation générale du public face au racisme systémique et à la brutalité policière ont provoqué la dégradation, le renversement ou le piétinement de statues qui, jusqu’alors, se fondaient dans le paysage pour le commun des mortels.

Le déboulonnage, le 7 juin à Bristol (Royaume-Uni), de la statue d’Edward Colston, négociant négrier du XVIIIe siècle, traînée dans les rues et jetée dans les eaux du port par des manifestants, en est un exemple parmi d’autres. Ces actes semblent avoir mis fin à des années de débat à propos de ces statues – elles doivent tomber. Mais est-ce la mesure la plus efficace pour atteindre les objectifs recherchés par les manifestants ?

Peu après la destitution de Colston, un manifestant, à Oxford, a laissé un panneau sur les portes de l’Oriel College sur lequel on pouvait lire, à propos de Cecil Rhodes (1853-1902), donateur de cet établissement et homme d’affaires, mais surtout colonisateur britannique et créateur de la firme diamantaire De Beers, « Rhodes, you’re next » – « Rhodes, tu es le prochain ».

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Le chagrin et les larmes sont les mêmes de chaque côté de l’Atlantique

Ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui fut elle-même victime d’attaques racistes, livre dans le Journal Du Dimanche du 6 juin, son analyse sur le mouvement contre les violences policières et le racisme.

JDD : 20.000 personnes ont manifesté mardi devant le Palais de Justice, à Paris, pour demander « Justice pour Adama », quelles différences et quelles similitudes repérez-vous entre les situations américaine et française?

Quand Adama Traoré ou George Floyd meurent, c’est pareil : ce sont des hommes noirs qui meurent de leur rencontre avec des policiers. Le chagrin et les larmes sont les mêmes de chaque côté de l’Atlantique. Les différences résident dans l’organisation de nos systèmes : République fédérale contre État central jacobin. La consanguinité qui existe dans certains corps de police aux États-Unis n’a pas lieu chez nous. En France, il y a une institution judiciaire compétente sur l’ensemble du territoire et des enquêtes systématiques sur ces cas. Chez nous, des personnes meurent d’avoir rencontré des policiers, pas d’avoir rencontré la police.

JDD : En tant qu’ancienne garde des Sceaux, comment jugez-vous la façon dont la justice française traite ces affaires?

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La Santé est l’affaire de tous

Manifestons avec les travailleurs de la Santé le mardi 16 juin 2020

Mardi 16 juin, les travailleurs et les travailleuses de la santé sont appelés faire grève. Ils manifesteront pour réclamer des moyens pour que le système de santé public fonctionne correctement, mais aussi pour défendre leurs droits. Ils n’ont que faire des breloques et autres miettes que le gouvernement s’apprête à leur lancer en guise de remerciements.
Pendant toute la période du confinement, ils ont été applaudis chaque soir. Les télévisions sont même allées jusqu’à diffuser en direct les applaudissements de gens depuis leur balcon.
Le confinement est levé et le Conseil d’Etat a entériné le 13 juin 2020 une situation de fait constatée depuis plusieurs jours : les manifestations publiques se déroulent.
Renouons donc avec nos traditions et montrons concrètement notre solidarité active en descendant dans la rue nombreux aux côtés des personnels de Santé.
La santé, ce n’est pas que l’affaire des soignants. C’est l’affaire de tous

G. Jean-Marie

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Que sera la France d’après crise ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Le buzz médiatique actuel va rendre les rapports de forces économiques et sociaux de plus en plus brutaux en France. La France  » d’après  » la crise du coronavirus est riche d’idées, mais elles ne sont pas partagées par tous.
Qui pouvait penser que le coronavirus ferait basculer le pays entier dans le télétravail, mettrait l’ économie en péril et bousculerait complètement nos certitudes ?
Parmi ces certitudes, il en va désormais du questionnement de la survie même du modèle social français. Il en est également de la question de la France comme parangon de vertu avec la paternité de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Loin d’être dédouanée , la France renoue ainsi avec une polémique sur la véritable interprétation de son histoire esclavagiste et coloniale. Ainsi de même lorsque les acteurs politiques tentent de retrouver un positionnement par rapport à l’histoire qui leur permette de donner du sens à leurs souvenirs, les efforts déployés à cet effet restent souvent embryonnaires en raison d’un certain flou autour de la question « qui a fait quoi dans le passé ».

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Et si le noir était un blanc comme un autre….

— Par Emmanuel Argo —

France, le 12 juin 2020, par Emmanuel Argo, afro-caraïbéen né à la Martinique, auteur du concept de la NégroÉvolution, agressé et blessé 2 fois par des racistes en 2000 et 2015 sur la voie publique, en France continentale. Il est actuellement Conseiller municipal d’un petit village du centre de la France.

Á cause de l’assassinat de Georges FLOYD, afro-américain, par un policier blanc : une protestation mondiale et sans précédent contre la banalisation du racisme et de la négrophobie.

Il y a deux nuances de « noir » : celle de ceux qui réussissent et qu’on croise à l’université, à la banque, à l’hôpital, dans un centre de recherches… et celle de ceux qui galèrent, concentrés dans le métro, dans le quartier et à la ceinture des métropoles pour ne pas s’éloigner des poubelles à vider, tard dans la nuit ou très tôt le matin. C’est surtout la couleur de ces derniers qui détonne par rapport au blanc caucasien, la couleur de l’authenticité.

Depuis des siècles, l’idéologie occidentale conquérante a établi que la couleur universelle de référence était le blanc : quiconque est blanc, du haut de cette supériorité de façade, peut juger, représenter l’ordre, l’intelligence, l’autorité, le pouvoir, au nom d’une évolution d’un degré supérieur.

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Mettre fin au racisme, de toute urgence !

À Fort-de-France, deux âges, deux formes d’expression

 Aimé Césaire : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouches. Ma voix la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. »

Des jeunes Martiniquais se mobilisent contre le racisme

À Fort de France, le mercredi 10 juin, à midi sur la place de l’Enregistrement, devant le centre commercial Perrinon, on a pu applaudir une trentaine de jeunes étendus par terre, les mains dans le dos. Ils étaient accompagné de tanbouyés. La mise en scène était organisée mercredi par des collégiens, lycéens et étudiants, de Rivière-Salée et de Sainte-Luce. 

Ils dénonçaient les violences policières perpétrées contre les Noirs. Un flashmob de 8 minutes et 46 secondes — le temps où le policier a maintenu son genou sur le cou de sa victime, le temps pendant lequel sa victime a suffoqué avant de mourir… Un flashmob pour faire écho à la mort de George Floyd, aux États-Unis, pour lui rendre hommage, mais aussi pour interpeller le public : « C’est un autre moyen d’occuper l’espace public : on a choisi d’occuper la rue car George Floyd est mort dans la rue.

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Sciences sociales : nouveautés du 14 juin 2020

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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« Mémoires et Partages », pour que nos villes changent

Karfa Diallo : « La France a débaptisé des rues qui portaient des noms de collabos, pourquoi pas celles qui portent des noms de négriers ? » 

En marge des manifestations contre le racisme, après la mort de Georges Floyd, des statues de négriers sont déboulonnées aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Belgique etc. Et en France, qu’en est–il du passé négrier de certains grands ports de la façade atlantique ? Pourquoi certaines rues n’ont-elles jamais été débaptisées ? France Inter a demandé à Karfa Sira Diallo son avis sur la question. Karfa Sira Diallo est essayiste, éditorialiste, et consultant franco-sénégalais, né à Thiaroye en 1971. Engagé depuis de nombreuses années sur les questions de la diversité culturelle et du travail de mémoire, en particulier autour de l’esclavage et de la colonisation, il est actuellement directeur fondateur de l’association internationale « Mémoires et Partages », basée à Bordeaux et à Dakar.

Beaucoup de rues portent encore les noms des familles qui ont prospéré sur le commerce d’esclaves. Square Rasteau, square Giraudeau, rue Admirault en sont un exemple à la Rochelle, où six lieux portent le nom d’armateurs qui ont bâti fortune et renom sur la traite négrière au 18e siècle.

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Voir, revoir, ne jamais ou ne plus voir, lire ou ne pas lire la saga « Autant en emporte le vent »

Un livre, un film qui font aujourd’hui polémique

Participant à un stage de formation à l’analyse filmique, alors toute jeune enseignante, il me fut donné de travailler sur ce film… et de partager l’émerveillement purement cinématographique et esthétique, de ressentir l’émotion qui fut celle du formateur nous expliquant, outre le procédé technique, la force incomparable du dernier plan long, qui voit de dos, dans un superbe travelling arrière, Scarlett s’éloigner seule vers son domaine de Tara. Dans mon innocence, je regardais d’abord l’histoire de Scarlett et Rhett, Scarlett comme une de ces héroïnes à la recherche de sa liberté de femme, déterminée à s’imposer dans un monde d’hommes, où elle tracerait son chemin, fière et résolue. Il est certain que mon regard, nourri d’autres lectures et d’autres enseignements, sur l’ensemble du film ne saurait être tout à fait le même aujourd’hui. Cependant je ne voudrais me priver de certaines séquences culte à la sauvage beauté, ainsi de Scarlett et Retth traversant avec leur petite fille la ville d’Atlanta en feu…

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Où il est question du « plan de soutien aux médias »

La lettre du « Club Presse Martinique » à  Édouard Philippe, publiée sur RCI, le 10/06/2020

Le président du « Club Presse Martinique », Adams Kwateh, a interpellé le Premier Ministre sur la situation des médias privés. Dans un courrier adressé le 9 juin à Édouard Philippe, il lance l’alerte sur la situation des journalistes pigistes, qui souffrent des effets de la crise du Covid-19 sur les médias privés.

Dans son rôle de promotion des activités des médias et la défense de la pluralité de l’information, le « Club Presse Martinique » veut ainsi attirer l’attention  sur « les menaces de disparition de la presse et les médias privés dans notre île »,  en espérant très fort et très vite un arbitrage favorable.

L’annonce par Annick Girardin, le 1er juin dernier, d’un plan de soutien aux médias locaux n’a pas échappé à la sagacité des membres du « Club presse Martinique ». Mais ces derniers ont aussi entendu que ce plan qui consiste en la diminution des cotisations sociales, l’attribution d’aides directes et l’ouverture d’un « crédit d’impôt communication » pour les annonceurs, est toujours en arbitrage à Matignon.

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Lettre à Marianne* à propos de son livre

— Par André Lucrèce —

D’abord, je voudrais te féliciter pour la qualité de ta réflexion et la précision de ton écriture. Le livre est agréable à lire et interpelle par la gravité des thèmes abordés. Les rappels historiques évoqués resituent les problèmes soulevés dans le contexte du capitalisme planétaire qui commence, comme tu le rappelles, par la colonisation honteuse, laquelle a permis à la France une accumulation nécessaire à son développement capitalistique.
Donc oui, la Martinique a contribué à l’enrichissement européen, avec le cortège ignoble de la traite négrière, de l’extermination des amérindiens et de la mise en esclavage de milliers d’hommes et de femmes auxquels aucuns traitements barbares ne furent épargnés. Et cet attirail fut labélisé par l’Europe au point d’en faire une religion à prétention universalisante, sacralisée par les bulles papales dès le XVème siècle, religion qui conférait s’agissant des terres nouvelles aux envahisseurs européens la liberté « de les envahir, conquérir, emporter et subjuguer, et de réduire en perpétuelle servitude les personnes qui y habitent ». Ce processus historique fut même considéré par certains comme une
« humanisation de la planète ».

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Faut-il brûler les Panthéons?

L’actualité m’amène à reproduire une tribune parue en 2005 et qui ne paraît pas sans intérêt au moment où, en mode d’effet boomerang de l’esclavage et la colonisation, prospère un vent propice au déboulonnage des statues. A cet égard, les incidents iconoclastes qui se sont déroulés le 22 mai 2020 en Martinique ne constituent-ils pas le phénomène déclenchant d’un mouvement mondial qui pourrait n’être qu’à ses débuts ? Seize ans plus tard nul n’est besoin d’en rajouter, sauf à considérer qu’on ne s’achemine pas vers l’érection de nouvelles statues et que ceux qui voudraient que celle de Césaire trouve bonne place à Fort-de-France pourrait en avoir pour leurs frais. N’est-ce pas la première entorse avérée faite à l’aura du Nègre fondamental que de l’associer au rejet de Schoelcher ?

Yves-Léopold Monthieux, Fort-de-France – 10 juin 2020

cembre 2005

Toussaint-Louverture au Panthéon, c’était le sujet de ces derniers jours1. Mais au moment où les remises en question ainsi que les revers de médailles tourneboulent l’histoire et où les héroïsmes révèlent la part d’ombre qu’ils portent inévitablement en eux, la question se pose de savoir ce que valent encore les panthéons.

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Coronavirus : Annick Girardin annonce la fin des « motifs impérieux » pour se rendre dans les Outre-mer à partir du 22 juin

Annick Girardin l’a annoncé sur Twitter : à partir du 22 juin, il ne sera plus nécessaire d’avoir un motif impérieux (familial ou professionnel) pour se rendre dans les Outre-mer. « Le nombre de passagers par vol ne sera plus plafonné. Oui, les Français pourront se rendre dans les territoires ultramarins cet été » précise encore la ministre des Outre-mer ce lundi 8 juin.

Au-delà du 22 juin, il n’y aura plus de motifs impérieux pour se rendre dans un territoire d’outre-mer. Le nombre de passagers par vol ne sera plus plafonné. Oui, les Francais pourront se rendre dans les territoires ultramarins cet été. (@RCI_GP)

— Annick Girardin (@AnnickGirardin) June 8, 2020

 

Augmentation du nombre de vols

Depuis le début de la crise sanitaire, les vols en direction des Outre-mer ont été drastiquement réduits, et il faut pour se rendre dans un de ces territoires un « motif impérieux ». « Au delà du 22 juin, il n’y aura plus de motif impérieux » obligatoire pour se rendre dans un territoire d’outre-mer, a expliqué la ministre sur la radio RCI, précisant que cela répondait à une volonté de promouvoir le « tourisme affinitaire » cet été en Outre-mer.

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