Catégorie : Sciences Sociales

« Mémoires de la plantation. Épisodes de racisme ordinaire. » un essai de Grada Kilomba

Ce livre a été publié il y a 13 ans à Berlin, ville où j’habite encore aujourd’hui. À cette époque, j’ai eu la chance – ou le destin – de bénéficier d’une des bourses de doctorat les plus prestigieuses du gouvernement allemand. Je venais de terminer mes études à Lisbonne où, pendant plusieurs années, dans un grand isolement, j’avais été la seule étudiante noire du département de psychologie clinique et de psychanalyse. Dans les hôpitaux où j’ai travaillé, pendant et après mes études, j’étais fréquemment prise pour la femme de ménage, parfois les patient·es ne voulaient pas que je les examine, ou refusaient même d’entrer dans la même salle et de rester seul·es avec moi. J’ai quitté Lisbonne, ville où je suis née et où j’ai grandi, avec un grand soulagement.

Je ressentais une immense urgence à partir, pour pouvoir apprendre une nouvelle langue. Un nouveau vocabulaire, dans lequel je pourrais finalement me trouver. Dans lequel je pourrais être moi.

Je suis arrivée à Berlin, où l’histoire coloniale allemande et la dictature impériale fasciste ont également laissé des marques inimaginables. Et, pourtant, il me semblait y avoir une petite différence : alors que je venais d’un lieu de négation, voire de glorification de l’histoire coloniale, j’habitais désormais un autre lieu où l’histoire provoquait la culpabilité, voire la honte.

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Département d’Outre-Mer : la plasticité d’un statut de 75 ans

Par Yves-Léopold Monthieux —

Alors que les résultats de l’assimilation sont dévorés à pleine dents dans un consensus à peine écorné, un soin jaloux est apporté à effacer son symbole, le département, comme pour faire juste un écart à la phrase de Musset : « peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ». En l’occurrence il s’agissait carrément de jeter le flacon-image, ce qui fut fait après la consultation de 2010 par le remplacement du vocable « département » par « collectivité territoriale ». En effet, dans ce pays où les commémorations et célébrations annuelles se bousculent, c’est toujours avec une gêne non dissimulée qu’est évoquée la date de création du département d’Outre-Mer.

Deux dates de commémoration me reviennent, d’autres ont pu m’échapper. En 1976, le 30ème anniversaire m’avait permis d’assister à un très beau débat public entre le député Victor Sablé, partisan du département et Edouard Delépine qui était encore un leader indépendantiste affûté. Il s’était déroulé à l’Institut Vizioz, l’ancêtre de l’UAG, où les opinions opposées pouvaient encore s’exprimer. Trente ans plus tard, un entretien entre Aimé Césaire et Paul Vergès ne fut possible qu’en visioconférence et diffusé qu’à la Réunion, où il eut fête.

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« Non à la dissolution de l’UNEF »

Plus de 250 anciens dirigeants de toutes tendances du syndicat étudiant dénoncent les propos de Jean-Michel Blanquer sur une prétendue dérive fasciste de l’organisation, et les appels de certains députés à sa dissolution.

Tribune. Il y a quelques jours, des parlementaires de droite demandaient la dissolution de l’UNEF [Union nationale des ­étudiants de France]. Désormais, c’est le ministre de l’éducation nationale qui parle de pente fasciste pour qualifier son activité.

Quels seraient les actes justifiant ces attaques ? L’organisation de quelques groupes de parole non mixtes pour les étudiantes et étudiants victimes de discriminations. Cette pratique intéresse, interroge, inquiète. Elle bouscule et fait débat.

Nous ne pouvons accepter que des députés proposent la dissolution de cette organisation. Nous ne pouvons encore moins admettre l’idée que l’UNEF soit renvoyée dos à dos avec un groupuscule d’extrême droite, condamné pour incitation à la haine raciale. Nous ne pouvons tolérer les propos d’un ministre qui banalisent le fascisme et participent ainsi à la confusion idéologique ambiante.

Idéal émancipateur
Militantes et militants, dirigeantes et dirigeants avec des diversités de parcours, nous avons été par le passé des acteurs et actrices engagés de cette organisation.

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Nos vies, leurs stocks et leurs profits

— Par Max Dorléans, GRS —

S’il y a une chose qui compte en général chez tout capitaliste, ici comme ailleurs, c’est le profit. Et cela, sans souci particulier pour les dommages collatéraux que sa recherche peut occasionner.

De ce point de vue, les dégâts écologiques multiples faits à la planète à l’échelle mondiale pour les intérêts des multinationales, comme la déforestation de l’Amazonie pour les industries de l’élevage ou l’agriculture intensive au détriment des populations indigènes, ou encore l’extractivisme concernant le pétrole, les gaz de schiste, l’or en Guyane…sont une parfaite illustration en ce sens.

Et ce qui vaut à l’échelle internationale, vaut également chez nous même. Ainsi l’exemple fourni ces jours derniers par le Groupe Bernard Hayot (GBH), avec son besoin d’écouler (pour ne pas perdre un seul euro) ses derniers stocks de bouteilles de rhum portant encore des effigies à la gloire de la période coloniale (écusson aux 4 serpents…), indépendamment de la douleur et de la blessure que celles-ci peuvent coûter à la mémoire et à la conscience populaire martiniquaise.

Une vérité confirmée par l’un de ses représentants, Charles Larcher, pour lequel l’écoulement des stocks reste une priorité, malgré une situation sociale où la question de l’esclavage et de ses symboles est d’une actualité brulante, qui préoccupe une importante fraction de la population.

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Le cimetière de Caracas, refuge des sans toits et proie des pilleurs de tombes

Caracas – Tirant un rat mort attaché à une cordelette, Jendry, 11 ans, court un seul patin à roulette au pied, entre les tombes profanées dans le Cimetière général du Sud de Caracas.

Ce décor morbide jonchés d’ossements humains, cercueils éventrés, il ne le voit plus vraiment, il y réside depuis des années. Toujours en service, le cimetière historique de Caracas avec des tombes datant notamment du XIXe accueille de nombreuses familles démunies sans toit qui doivent cohabiter avec les morts mais aussi des pilleurs de tombes. 

– Cuisiner sur les tombes – 

Jendry et sa soeur Wineisis, 9 ans, qui vivent de la mendicité avec leur mère alcoolique et absente, font partie de ces habitants.  

La soeur aînée de Jendry, Winifer, 17 ans, s’est installée avec son époux Jackson, 19 ans, et leur fille de 5 mois, dans une sorte de chapelle accueillant 4 tombes.  

« On peut dire que j’ai vécu toute ma vie ici au cimetière« , confie la jeune femme qui ne sait ni lire ni écrire. 

Certains se sont aménagé des cabanes autour de concessions, posant leur matelas sur les tombes ou coupant le manioc à même les dalles, entreposant sacs et affaires entre les sépultures.

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« Soi-même comme un roi. Essai sur les dérives identitaires. », d’Elisabeth Roudinesco

Elisabeth Roudinesco est historienne et directrice de recherche à l’UFR GHES. Experte en histoire de la psychanalyse, elles est l’auteure de plusieurs ouvrages qui ont fait date, notamment Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan. Esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, Dictionnaire de la psychanalyse et Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre (Prix Décembre, 2014).

Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s’affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s’est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d’autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ? Le phénomène d' » assignation identitaire  » monte en puissance depuis une vingtaine d’années, au point d’impliquer la société tout entière.

En témoignent l’évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l’idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d’une formidable richesse – issus des œuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida – ont été réinterprétés jusqu’à l’outrance afin de conforter les idéaux d’un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d’une politique racisée.

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« Les Statues de la discorde », un essai de l’historienne Jacqueline Lalouette

Le 22 mai 2020, deux statues martiniquaises de Victor Schœlcher furent brisées. Mais le bruit provoqué par ces destructions fut vite couvert par le fracas médiatique suscité par la mort de l’Afro-Américain George Floyd tué à Minneapolis, par la police, le 25 mai. Les images de son agonie agirent comme un catalyseur et déchaînèrent dans le monde des actes iconoclastes contre les statues glorifiant de « grands hommes » blancs, dont l’action est condamnée à divers titres (esclavagisme, colonialisme, racisme).

Comme d’autres pays, la France, où tout avait donc commencé un peu plus tôt, fut touchée. Pour mieux comprendre la réalité et les enjeux du débat, et après avoir rendu compte de la situation sur plusieurs continents, Jacqueline Lalouette étudie le cas de la France ultramarine et continentale, où diverses statues liées à l’histoire de l’esclavage et de la colonisation furent contestées, vandalisées et, pour certaines, détruites. L’auteur s’interroge ensuite sur les solutions préconisées, de leur retrait à la réalisation de statues de nouveaux héros. Elle donne au final les clés de compréhension de ce débat passionné, en lui-même révélateur des oppositions mémorielles, parfois violentes, qui traversent la France.

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Sciences sociales : noiveautés du 23 mars 2021

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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75 ans de succès de la départementalisation sociale, mais quid d’un véritable développement ?

— Par Jean- Marie Nol, économiste —

“ Celui dont la pensée ne va pas loin verra ses ennuis de près.”

Confucius

Voici maintenant 75 ans, le 19 mars 1946, le Journal officiel publiait la loi transformant les quatre vieilles colonies de Guadeloupe, Martinique, Guyane et la Réunion en départements. l’égalité des droits était une revendication ancienne, née à la fin de l’époque esclavagiste. La départementalisation est la traduction juridique de cette aspiration. Pourtant, une certaine confusion est constatée dans les années suivantes. Deux dynamiques s’opposent : la création de nouvelles institutions, souhaitée par les élus et le peuple et l’égalisation à marche forcée, souhaitée par l’administration.

Soixante-quinze plus tard, la question reste posée de savoir si nos prédécesseurs de 1946 devaient choisir entre la revendication de l’égalité des droits et la lutte pour l’émancipation. Les possessions britanniques prennent le chemin de l’autonomie puis de l’indépendance. Les possessions françaises renforcent les liens avec l’ancienne métropole. Et c’est ce point aujourd’hui qui constitue la pierre angulaire du débat politique et sociétal en Martinique et Guadeloupe.

Depuis quelques temps, les tensions identitaires, sociales, raciales, sont palpables aux Antilles et en Guyane, et ce alors même que la situation économique dégradée dans nos régions , et catastrophique dans l’ensemble de la Caraïbe, risque de provoquer une grande pauvreté.

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L’écrivaine Nawal al-Saadawi, figure égyptienne de l’émancipation des femmes dans le monde arabe, est morte

Médecin, elle a écrit plus d’une cinquantaine d’ouvrages dans lesquels elle se prononçait contre la polygamie, le port du voile, l’inégalité des droits de succession entre hommes et femmes en islam et surtout l’excision, qui concerne plus de 90% des Égyptiennes.

L’écrivaine Nawal al-Saadawi, 89 ans, figure égyptienne de l’émancipation des femmes dans le monde arabe, est décédée dimanche 21 mars, a annoncé le journal d’Etat Al-Ahram.

Née le 27 octobre 1931, elle est notamment l’auteur de deux livres féministes de référence « Au début, il y avait la femme » et « La femme et le sexe ». Elle a longtemps lutté pour les droits des femmes et contre le patriarcat dans le monde arabe.

En résidence pendant trois ans en Caroline du Nord

Médecin, elle a écrit plus d’une cinquantaine d’ouvrages dans lesquels elle se prononçait contre la polygamie, le port du voile, l’inégalité des droits de succession entre hommes et femmes en islam et surtout l’excision, qui concerne plus de 90% des Égyptiennes.

Dans les années 1990, l’apparition de son nom sur une liste de personnalités à abattre, dressée par des milieux extrémistes islamistes, l’avait poussée à s’installer aux Etats-Unis de 1993 à 1996, où elle enseigna alors à l’université de Dukes. Elle

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Prendre du recul et faire le bilan

Par Marie-Laurence Delor —

Pour mémoire – puisque c’est la « mémoire » qui le plus souvent manque à ceux qui disent en faire un devoir – je livre à nouveau à la lecture ou à la relecture des uns et des autres mon « Mot du jour » du vendredi 29 janvier  2021. Il s’intitulait « Les insurgés fêtards ou des paradoxes rouges, vert, noir » :

« Que disent sur nous même ces vidées qui jouent à la dissidence? Car, c’est bien cela l’essentiel: notre capacité à prendre du recul sur ce que nous croyons être, sur notre culture et nos traditions. Ces « vréyé-monté et ces raché-pwèl hautement militant » confirment, d’une part, le délitement rouge, vert, noir: la même bannière qu’on brandit pour exiger réparation pour le désastre écologique, sanitaire et social de la chlordécone flotte au dessus des « insurgés fêtards » qui essaiment allègrement le covid 19 et ses variants. Ces vidées soi-disant dissidents témoignent, d’autre part, de notre égoïsme festif et de notre  faible inclination à l’effort pour le bien commun. Cet hédonisme englué dans l’instant traduit quant au fond une vision désespérée de l’avenir, de notre capacité à faire peuple….

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La Finlande et l’Europe du Nord en tête des pays les plus heureux du monde

Helsinki – La Finlande a été désignée vendredi « pays le plus heureux du monde » pour la quatrième année consécutive, dans un classement du bonheur dominé par les pays européens où l’impact du Covid-19 a été étonnamment contrasté.

Avec une note de 7,84 sur 10, le pays nordique devance le Danemark, la Suisse, l’Islande et les Pays-Bas, nouveaux venus dans le top 5 de la dernière édition du « World Happiness Report« , une étude annuelle sponsorisée par les Nations Unies. 

L’étude, publiée depuis 2012, utilise principalement des sondages Gallup demandant aux habitants leur propre niveau de bonheur, croisé avec le PIB et des évaluations concernant le niveau de solidarité, de liberté individuelle et de corruption, pour aboutir à une note sur dix points. 

L’Allemagne pointe à la 13e place, le Canada arrive 14e, le Royaume-Uni 17e, les Etats-Unis 19e, la France 21e. Parmi les grandes puissances, le Brésil est en 35e position, le Japon 56e, la Russie 76e et la Chine 84e, selon le classement officiel d’environ 150 pays, qui pondère les données des trois dernières années. 

L’Europe domine très largement le top 10, qui inclut également la Norvège, la Suède, le Luxembourg et l’Autriche.

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« J’ai vécu ma vie comme une guerrière »: ce jour où Eva Thomas a brisé le tabou de l’inceste

Grenoble – Elle fut l’une des premières victimes d’inceste à témoigner à visage découvert à la télévision: Eva Thomas raconte à l’AFP son combat vers la paix intérieure, retrouvée après s’être battue « comme une guerrière » dans un « sursaut de survie ».

En septembre 1986, les téléspectateurs d’Antenne 2 et des « Dossiers de l’écran » s’émeuvent en direct devant le récit du viol dont cette psychopédagogue a été victime trois décennies plus tôt. « J’ai témoigné comme on se jette dans le vide. Mais j’étais déterminée à briser le silence« , souligne Eva Thomas, aujourd’hui octogénaire. 

Dans son appartement niché sous les toits de Grenoble, elle explique avoir voulu « tendre la main » à toutes les victimes qui, comme elle, avaient expérimenté « la solitude la plus absolue« . « Je n’ai pas vécu ma vie comme une victime, mais comme une guerrière« . 

Un soir d’été 1957, Eva Thomas est violée par son père alors qu’elle vient d’obtenir son brevet. Dès lors, elle s’emploie à fuir ce jardinier « doux et calme » qui n’avait jamais élevé la voix et endossé pour ses enfants le rôle « de la tendresse« . 

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« Dessiner encore » de Coco : le retour à la vie après l’attentat de Charlie Hebdo

Quelques mois après le « procès “Charlie” », la dessinatrice Coco livre dans un récit graphique son expérience de l’horreur terroriste.

— Par Fabienne Lemahieu —

Dessiner encore

de Coco

Les Arènes BD, 352 p., 28 €

Son témoignage fut l’un des moments forts du « procès Charlie », à l’automne dernier. Ses paroles y avaient été bouleversantes. Ses dessins, traits d’encre noire et aquarelles, parlent aujourd’hui pour elle : l’autrice et dessinatrice de presse Coco est une survivante de l’attentat du 7 janvier 2015, au cours duquel douze personnes furent assassinées. C’est en préparant son intervention à la barre que la jeune femme, jusqu’alors incapable de s’exprimer sur ce traumatisme profond, commença à représenter l’indicible. À raconter « son » 7 janvier et le lent chemin de reconstruction, le fragile retour à la vie que la trentenaire, jeune maman, entama coûte que coûte (1).

→ À LIRE. Charlie Hebdo : le témoignage bouleversant de Coco

Le 7 janvier de Coco est de ces jours d’effroi dont on ne se relève peut-être jamais complètement. Il est cette lame de fond protéiforme, cette « vague – coup-de-poing » au graphisme emprunté à Hokusai dont la force de frappe ouvre le récit, terrasse la jeune femme et saisit le lecteur.

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Pesticides: le Conseil constitutionnel retoque les dérogations aux distances d’épandage

Paris – La méthode d’élaboration des chartes locales qui permettent de réduire les distances de sécurité entre les habitations et les zones d’épandage de pesticides est contraire à la Constitution, a jugé vendredi le Conseil constitutionnel, donnant raison aux ONG écologistes.

Ces chartes d’engagement rédigées au niveau départemental « après concertation avec les personnes, ou leurs représentants » habitant à proximité des zones concernées, ne respectent pas les règles de la Charte de l’Environnement inclue dans le préambule de la Constitution, qui prévoit une consultation générale du public pour toute décision qui peut avoir un impact significatif sur l’environnement, estime le Conseil. 

Après plusieurs mois de polémiques, le gouvernement avait finalement en décembre 2019 fixé les distances minimales à respecter entre les zones d’épandage de produits phytosanitaires et les habitations: cinq mètres pour les cultures dites basses comme les légumes et céréales et dix mètres pour les cultures hautes, fruitiers ou vignes. 

Mais le décret prévoyait également des dérogations ramenant ces distances à trois mètres pour les cultures hautes et cinq pour les basses, dans le cadre de « chartes d’engagement départementales » proposées par les utilisateurs de produits phytosanitaires et validées par les préfets après avoir été soumises à concertation publique.

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Les tueries d’Atlanta étaient-elles racistes ou misogynes? Ou les deux?

Washington – Un homme blanc a tué mardi huit personnes à Atlanta, dont six femmes d’origine asiatique. Il jure qu’il n’était pas motivé par le racisme mais par une « obsession sexuelle ». Depuis, les Etats-Unis se déchirent sur la qualification des faits.

Manifestation d’Américains d’origine asiatique le 18 mars 2021 à Minneapolis
afp.com – Kerem Yucel

En rapportant que Robert Aaron Long voulait éliminer « la tentation » que représentaient selon lui les salons de massage visés, la police en a froissé plus d’un(e). 

« Ces déclarations renvoient à la perception des femmes asiatiques comme des objets sexuels« , relève Catherine Ceniza Choy, professeure d’études ethniques à l’université Berkeley. « Et ça fait mal. » 

Les Américaines d’origine asiatique « sont victimes de stéréotypes » spécifiques qui renvoient « aux fantasmes des hommes blancs« , dit-elle à l’AFP, en citant l’exemple type de la prostituée au grand coeur, héroïne du film « Le Monde de Suzie Wong« . 

« Ils sont racistes car ils visent spécifiquement les femmes asiatiques, mais ils sont aussi sexistes et sexuels« , note-t-elle. 

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« Nous croyons en une République écologique et sociale, qui s’attaque au chômage et non aux chômeurs »

— Par Tribune collective —

Dans le sillage de la campagne « Un emploi vert pour tous » mené par les think tanks Hémisphère gauche et l’Institut Rousseau, Emmanuel Maurel et Lenny Benbara estiment que le déclin du travail n’est pas inéluctable.

Le gouvernement a décidé d’appauvrir les demandeurs d’emploi en pleine crise sanitaire et sociale. 800 000 d’entre eux, dont de nombreux jeunes, vont voir diminuer leurs allocations d’environ 30 %. Cette approche punitive est aussi indigne qu’inefficace. Au quatrième trimestre 2020, 184 000 emplois étaient vacants, un chiffre en recul de 15 % sur un an. Dès lors, comment imputer aux près de 3 millions de personnes privées d’emploi depuis plus d’un an la responsabilité de leur situation ? Puisque le secteur privé est incapable de produire suffisamment d’activité pour employer tout le monde, et de lutter efficacement contre la crise climatique, n’ayons pas peur de créer des emplois financés par la puissance publique : la garantie à un emploi vert pour les chômeurs de longue durée est une mesure de bon sens.

D’aucuns considèrent qu’il faudrait accepter cette situation de chômage de masse.

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Vieillissement de la population caribéenne, une mosaïque de situations, un enjeu pour demain

— Par Pascal Buléon et Frédérique Turbout —

Longtemps perçue comme une région démographiquement jeune et dynamique, la Caraïbe connaît depuis une dizaine d’années les premiers signes de vieillissement de sa population.
Cette évolution s’est faite progressivement, au fur et à mesure de l’amélioration des conditions sanitaires, sociales et du niveau de vie des populations. Cette tendance au vieillissement des structures démographiques est le fruit d’une évolution somme toute classique des populations, liée à la transition démographique. Cette transition se traduit par une modification des comportements des sociétés en matière de natalité et de fécondité et une amélioration des conditions engendrant une baisse de la mortalité, et particulièrement de la mortalité infantile. Les pays de la Caraïbe confrontés depuis dix ans à ces différentes étapes de la transition démographiques connaissent aujourd’hui des stades plus ou moins avancés dans le vieillissement de leur population. Il s’agit donc d’établir un état des lieux de ces situations en qualifiant les stades d’évolution de chaque état composant la Caraïbe tout en s’appuyant sur quelques exemples emblématiques.

Ageing of Caribbean Population, a Mosaic of Situations, a Challenge for Tomorrow
El envejecimiento de la población caribeña, un mosaico de situaciones, un reto para el futuro

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Pour une nouvelle approche des questions démographiques(2/2)

— Par Raphaël Vaugirard —

Suite de l’article :Pour une nouvelle approche des questions démographiques (1/2)

Il ne faut pas sous-estimer les flux de retour d’individus et de familles qui sont aussi une réalité. Les motivations observées sont : la retraite, le rapprochement familial de conjoints, les mutations d’agents de la fonction publique et autres. Contre toute attente, dans la période 1980-90, on a vu apparaître un gonflement significatif des flux de retour. H. DOMENACH a observé que de 1.500 retours, dans les années 1970, le processus s’est constamment accéléré pour atteindre 3 à 4000/an pour la Martinique dans les années 1980. Ce phénomène a été dénommé « rémigration ». Au point qu’en 1990, l’INSEE pronostiquait, « si ces tendances observées se maintenaient… », l’hypothèse d’une Martinique de 500.000 habitants en 2020 ! En plus des motivations citées plus haut, cette « rémigration » s’expliquait aussi par les difficultés croissantes d’absorption de MO de l’économie française (la France a atteint les 2 millions de chômeurs incompressibles en 1982). Ces difficultés se doublaient du sentiment de rejet et de xénophobie lié à l’irruption du Front National de J.M.

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« L’empoisonnement au chlordécone n’est pas prescrit »

— Par Harry Durimel, avocat et maire de Pointe-à-Pitre —

Il est vrai que, lors de l’audition des parties civiles qui s’est déroulée les 20 et 21 janvier 2021 en Martinique et en Guadeloupe, les magistrats instructeurs ont évoqué la probabilité que la prescription serait encourue dans cette affaire, la plainte avec constitution de partie civile des concluantes ayant été déposée le 23 février 2006. Mais les parties civiles ont adressé, le 4 mars 2021, une requête démontrant qu’il n’y a point de prescription. Dans le respect du secret de l’instruction, nous nous devons de dire la vérité au peuple. Selon l’article 7 du Code de procédure pénale en vigueur au moment des faits « en matière de crime, l’action publique se prescrit par dix années révolues à compter du jour où le crime a été commis si, dans cet intervalle, il n’a été fait aucun acte d’instruction ou de poursuite. S’il en a été effectué dans cet intervalle, elle ne se prescrit qu’après dix années révolues à compter du dernier acte. Il en est ainsi même à l’égard des personnes qui ne seraient pas impliquées dans cet acte d’instruction ou de poursuite.

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Dany-Robert Dufour : « Le monde de demain risque d’être bien pire que le monde d’aujourd’hui »

— Propos recueillis par Matthieu Giroux —

Philosophe atypique, Dany-Robert Dufour a développé au fil des années une œuvre importante à la croisée de la philosophie du langage, de la philosophie politique et de la psychanalyse. Il publie « Fils d’anar et philosophe » (R&N éditions), un livre d’entretien avec Thibault Isabel qui revient sur son cheminement philosophique et sur les rencontres qui ont marqué sa vie.

Marianne : Vous présentez votre jeunesse et en particulier votre jeunesse étudiante comme une parenthèse enchantée mêlant engagements politiques et accomplissements intellectuels. Un parcours comme le vôtre est-il encore possible pour un jeune homme du XXIe siècle malgré la morosité qui caractérise notre époque ?

Dany-Robert Dufour :Disons que j’ai eu de la chance, beaucoup de chances. Chance d’avoir eu un père singulier, qui s’était forgé une langue bien à lui, poétique et populaire, une mère aimante mais pas surprotectrice, un frère aîné qui m’a mis le pied à l’étrier, c’est-à-dire la main à l’encrier philosophique et littéraire. Chance aussi d’avoir eu vingt ans en 1968, plutôt qu’en 1940. En fait, c’est cette époque des années soixante qui fut une parenthèse enchantée.

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Des évêques fustigent l’interdiction des bénédictions de couples homosexuels

Dans différents pays, des évêques ont manifesté leur désaccord après la publication, lundi 15 mars, d’une note de la Congrégation pour la doctrine de la foi rappelant le caractère « illicite » de « toute forme de bénédiction tendant à reconnaître (les) unions » homosexuelles. Ils dénoncent, le plus souvent, un texte blessant et maladroit.

Par ce nouveau texte, la congrégation se fait « la contrôleuse de qui peut recevoir, ou non, la bénédiction de Dieu – cela est inadéquat et faux », a ainsi fustigé, mardi 16 mars, l’évêché de Saint-Gall, en Suisse, par la voix de son directeur du service pastoral, Franz Kreissl. « Il n’est pas permis d’exclure d’emblée un certain groupe comme “pécheur”, sans tenir compte de chaque individu concerné », poursuivait-il dans un communiqué publié sur le site du diocèse.

« L’Église a pour mission de conférer cette bénédiction de Dieu et de la promettre aux gens – non pas par ses propres moyens, mais en tant qu’intermédiaire. En particulier à une époque où des péchés profondément cachés commis […] au nom de l’Église sont mis en lumière, il est réconfortant de savoir que les bénédictions de Dieu sont pour tous », écrivait-il encore, rappelant qu’en 2015 Mgr Markus Büchel, l’évêque local, s’était déjà prononcé en faveur d’une attitude plus tolérante de l’institution sur la question.

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Un confinement dans 16 départements pour 4 semaines à compter de vendredi 19 mars à minuit

En raison de la forte progression de l’épidémie de Covid-19 dans certains territoires, un confinement sept jours sur sept est décrété pour 4 semaines dans les départements de l’Île-de-France et des Hauts-de-France, l’Eure, la Seine-Maritime et les Alpes-Maritimes. Dans ces 16 départements, à compter de vendredi 19 mars 2021 à minuit, seuls les commerces de première nécessité pourront ouvrir, les déplacements seront autorisés dans une limite de 10 km, sans limite de durée. En revanche, les écoles resteront ouvertes. Dans le reste du pays, le couvre-feu est repoussé à 19h. C’est ce qu’a annoncé le Premier ministre dans sa conférence de presse du 18 mars 2021.

Les 16 départements placés en confinement

Les départements concernés par les mesures de confinement sont :

  • les 8 départements d’Île-de-France : Paris (75), Seine-et-Marne (77), Yvelines (78), Essonne (91), Hauts-de-Seine (92), Seine-Saint-Denis (93), Val-de-Marne (94), Val-d’Oise (95).
  • les 5 départements des Hauts-de-France : Aisne (02), Nord (59), Oise (60), Pas-de-Calais (62), Somme (80).
  • l’Eure (27).
  • la Seine-Maritime (76).
  • les Alpes-Maritimes (06).

Les nouvelles mesures de confinement dans ces 16 départements

À compter de vendredi 19 mars 2021 à minuit, les mesures de confinement seront les suivantes :

  • Les écoles maternelles, élémentaires et les collèges resteront ouverts.

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Il y a 150 ans : La Commune de Paris

Gabriel Jean-Marie –Combat Ouvrier —

Commémorer la Commune de Paris, c’est commémorer la première prise de pouvoir politique par la classe ouvrière. En 1871, le petit peuple, les artisans, les ouvriers de Paris s’insurgent contre le pouvoir en place. Après la fuite du gouvernement suite à la défaite de la guerre contre la Prusse, les communards ont pris les armes pour exercer le pouvoir. Ils gardèrent ce pouvoir durant 72 jours, du 18 mars au 28 mai 1871. Les troupes de la bourgeoisie mirent fin à la Commune par une répression sanglante.

En juillet 1870 la France déclare la guerre à la Prusse. Très rapidement, en septembre 1870, l’empereur Napoléon III capitule. La nouvelle provoque une agitation dans la population et les courants républicains. Il est décidé de déchoir l’empereur, et la 3ème république est proclamée pour continuer la guerre. Adolphe Thiers se retrouve à sa tête.

Durant l’hiver 1870-1871, Paris est assiégé et connait une grave famine. Les artisans, les ouvriers et leurs familles sont ceux qui souffrent le plus. Ils rejoignent en grand nombre la garde nationale avec l’idée de défendre eux- mêmes Paris contre l’armée de Prusse.

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Le palmarès des lycées qui font réussir leurs élèves publié

Le lycée Robert-Weinum en Guadeloupe parmi les meilleurs

Et si les meilleurs lycées n’étaient pas ceux que l’on croit ? Depuis 28 ans, le ministère de l’Education publie ses propres indicateurs, les Ival, qui veulent en dire plus que les simples taux de réussite au bac ou les réputations acquises par le bouche-à-oreille.

Ce n’est « ni un palmarès, ni un classement » des lycées, assure Fabienne Rosenwald, à la tête de la Direction de l’évaluation, la prospective et la performance (Depp), rattachée au ministère. « Mais il s’agit de cerner leur capacité à accompagner les élèves jusqu’à l’obtention du baccalauréat« . 

Par exemple, les lycées parisiens Henri IV et Fénelon, emblématiques de l’excellence, sont « neutres » dans le classement pour la réussite au bac (100% de reçus, ce qui correspond aux attentes vu le profil de leurs élèves). A l’inverse, le lycée Robert-Weinum en Guadeloupe affiche en 2020 un taux de réussite un peu plus faible de 98% mais supérieur aux attente (+9 points) au regard des caractéristiques des élèves comme leur origine sociale.  

Ces indicateurs de valeur ajoutée des lycées peuvent être consultés sur le site du ministère: http://www.education.gouv.fr/indicateurs-resultats-lycees. 

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